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Vilaine Fifi
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5 février 2009

Art is Arp, au musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg

artisarpAujourd'hui Mademoiselle Fifi est en vrac et n'a qu'une envie : se mettre en boule sur son canapé, avec un bon thé, son plaid rose, devant un DVD. Mais Mademoiselle Fifi est avant tout consciencieuse, c'est pourquoi elle vous parlera aujourd'hui d'une exposition extrêmement intéressante mais qui se termine la semaine prochaine, d'où l'absolue obligation de rédiger cet article aujourd'hui.

Bon, j'arrête de parler à la troisième personne, je laisse cette charmante habitude à Alain Delon, pour vous parler de l'expo Art is Arp que j'ai visitée lors de ma journée passée à Strasbourg (journée exclusivement motivée par cette expo d'ailleurs).

J'ai découvert le travail de Jean Arp en troisième année de licence lorsque je me suis retrouvée malgré moi en cours d'histoire de l'art pour un semestre. Je dis "malgré moi" car le thème était l'abstraction et, très sincèrement, je n'accroche pas du tout. J'ai du mal à m'extasier devant trois tortillons jaunes et deux points bleus. Finalement, on s'est tous laissés prendre au jeu (car je n'étais pas la seule à ronchonner) et on a même tous eu de très bonnes à nos partiels. Amen. J'ai gardé de ce cours de très bons souvenirs et j'ai surtout appris à aimer le travail de certains artistes, notamment celui Kandinsky, de Mondrian et de Arp.

Né à Strasbourg (ba oui, c'est pour ça) en 1886, Arp eu une vie artistique intense. Ce que j'admire chez lui est le fait qu'il ait créé une oeuvre très personnelle tout en côtoyant les grandes figures du surréalisme et de la modernité qu'il n'a pas cherché à imiter. Dessinateur, peintre, sculpteur mais aussi poète, Arp nous a laissé une oeuvre protéiforme absolument fascinante.

En effet, le travail de Jean Arp trouve son origine dans sa volonté de rompre avec les traditions, vers 1910, en utilisant de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques, de construire seul et à plusieurs, d'innover, mais aussi, à partir des années 30, de détruire pour signifier l'impossibilité d'atteindre la perfection. Enfin, Arp cherche également à "produire" au sens premier du terme, c'est à dire, comme le fait la nature. Il ne s'agit plus pour lui de reproduire de manière abstraite mais, au contraire, de produire un "art concret". Son oeuvre est donc en perpétuel mouvement, motivée par de nouvelles envies tout à fait inédites et personnelles.

Le musée d'art moderne de Strasbourg a su transmettre cette idée d'un artiste libre et touche à tout à travers une exposition d'une richesse incroyable (bien plus complète que certaines de nos expositions parisiennes). Le parcours se compose de treize grandes parties, retraçant le parcours d'Arp non pas de manière chronologique mais thématique (ce qui, avec lui, revient sensiblement au même). Aussi, si l'exposition commence par un espace intitulé "les matériaux de la rupture" où l'on découvre la volonté de l'artiste de passer de la figuration à l'abstraction par la pratique de nouvelles matières et techniques, un espace un peu en retrait nous permet d'entendre des poèmes d'Arp lus par lui-même en allemand et par Paul Klee en français. De la même manière, l'exposition nous propose un espace de projection qui nous permet de visionner un reportage d'une demi-heure sur l'enfant du pays.

Dans ce riche ensemble, deux parties m'ont particulièrement intéressée : celle consacrée au "langage-objet" et celle qui mettait en avant son travail "en collaboration". Dans la première, on prend conscience de l'importance de la figure ovale dans l'oeuvre de l'artiste. Pour lui, l'ovale est la forme qui symbolise l'origine, humaine et cosmique. Il joue alors avec cette forme qu'il transforme à l'infini pour créer de nouveaux objets qu'il humanise, comme Le coquetier ivre, de la même manière qu'il chosifie les hommes. Je suis restée très longtemps dans cette salle, trop heureuse de voir de si près une des oeuvres les plus amusantes que je connaisse, la seule oeuvre plastique qui me mette de bonne humeur comme peut le faire un film ou une chanson, cette Femme, qui me fait penser aux Barbapapa ! :

femme

Le second espace qui mérite vraiment le détour est donc celui consacré aux collaborations de Jean Arp avec d'autres artistes, notamment son épouse, Sophie Taeuber-Arp, et leur ami Théo van Doesburg. Je trouve toujours très touchantes les oeuvres réalisées en couple, comme cette Sculpture Conjugale :

sculpture_conjugale

L'espace nous permet également de voir de près les plans du grand projet de Arp- Taeuber- Von Doesburg, L'Aubette qui, conçue comme une oeuvre d'art totale, devait comprendre un café, un restaurant, une brasserie, mais aussi un caveau-dancing, un ciné-bal, une salle des fêtes, le tout réparti sur quatre niveaux. Les décors de ce projet jugé trop avant-gardiste ont été détruits à la fin des années 30. Certains espaces ont été aujourd'hui restaurés et, à l'occasion de l'exposition, il est possible de les visiter (malheureusement, L'Aubette était fermée le jour de ma visite).

Les autres espaces de l'expostion sont également très intéressants, notamment le dernier, qui nous propose une autre facette de l'oeuvre de Arp, à travers ses sculptures.

Vous l'aurez compris, j'ai été absolument ravie de cette exposition, qui méritait vraiment un petit détour par Strasbourg. Je vous encourage donc à la visiter, tant qu'il est encore temps !

C'est où ? Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, 1 place Hans-Jean Arp

C'est quand ? Jusqu'au 15 fevrier, du mardi au dimanche

C'est combien ? 8 euros pour le plein tarif, 4 euros pour le tarif réduit

Info +++ : Si vous voulez profiter pleinement de l'expo, il vaut mieux prévoir deux bonnes grosses heures. Je vous l'ai dit : elle est très complète !

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Commentaires
E
C'est vrai que tout ce que j'ai lu dans la presse sur cette expo était positif, et elle le mérite bien ! Par contre, c'est sûr que c'est pas évident pour tout le monde de s'y rendre, c'est bien pour ça que j'ai sauté sur l'occasion !
B
J'ai lu pas mal de trucs sur cette expo dans la presse et ça avait l'air intéressant c'est vrai... mais à Strasbourg ! Dommage, snif !
Vilaine Fifi
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