Tour d'horizon de la culture alternative à travers le magazine Elegy
Le mois dernier, je vous avez fait partager mes préférences en matière de magazines. Parmis ceux que je vous avais présentés se trouvait le bimensuel Elegy, spécialiste de la culture et de la musique underground (gothique, electro, punk, dark wave,...). J'avais beaucoup aimé rédiger la partie concernant ce magazine que je lis maintenant depuis des années car je le trouve vraiment intéressant et original. J'aime surtout l'idée qu'il donne une excellente image de ce qu'est la culture alternative, il montre comme elle est riche et variée, et surtout il renvoit une image très positive de la culture gothique qui me touche particulièrement. Si j'ai toujours écouté du rock, même au collège quand mes copines étaient branchées boys band ou rap (pour faire comme les mecs), depuis près de dix ans maintenant, je n'écoute plus que du black-metal, de l'electro, de la cold-wave, du deathrock, bref, que des styles de musique qu'on n'entend pas sur les grandes radios ! Mais ce n'est pas pour autant que je suis dépressive ou que j'ai eu une adolescence chaotique ! Je ne vais pas non plus me tirer une balle dans la tête toutes les cinq minutes parce qu'un CD de black-metal norvégien tourne dans ma chaîne ! D'ailleurs, je suis sûre qu'en lisant ce blog on n'imagine pas une seule seconde que j'ai plusieurs piercings, des placards qui débordent de vêtements de style victorien, de dentelle, de velours noir, de longues robes en vinyl, et un appartement rempli de têtes de mort ! La raison à cela est bien simple : je suis cette fille qui aime la culture gothique mais pas que ! Mes livres d'Anne Rice côtoient ceux de Lauren Weisberger, mon coffret Dario Argento tient compagnie à mes DVD d'Audrey Hepburn et mes bougies-cercueils prennent la poussière avec ma collection de petits cochons ! Aussi, ça me met toujours en rogne quand j'entends des énormités au sujet des jeunes qui écoutent cette musique que j'aime tant, et ça me met toujours hors de moi quand, dès qu'il y a un fait divers glauquissime, les journalistes s'empressent de préciser : "le jeune homme, fan de musique métal, était habillé en noir". Ah, ba ça alors ! ! C'est trop facile ! Les personnes qui véhiculent ce genre d'inepties ne sont peut-être pas tatouées et vêtues de noir mais elles n'en sont pas moins cons pour autant !
Revenons à notre magazine.
Si on veut bien se donner la peine d'ôter ses oeillères et de feuilleter Elegy, on s'aperçoit qu'il y a beaucoup d'artistes, de peintres, de photographes, de musiciens, qu'on range dans la catégorie "trucs bizarres pour ados dégénérés" qui méritent vraiment d'être connus. Dans son dernier numéro, celui que je vous avais présenté, Elegy mettait à l'honneur plusieurs artistes dont la violoniste Emilie Autumn, la corsetière Volute Lady et la photographe Nathalie Shau, que des jeunes femmes talentueuses donc. Même chose dans le numéro de mars/ avril dont je vais vous parler en détails de ce pas !
Pour commencer, les petites news du front musical, avec la sortie de plusieurs albums attendus : le nouvel Archive, le petit dernier de Violet Stigmata, mais aussi de :Wumpscut et de Project Pitchfork, que des groupes qui ont fait leurs preuves ! Parmi les sorties à venir on apprend le titre du prochain album de Marilyn Manson, annoncé pour fin mai, The High End of Low, que l'on découvrira grâce au premier single, I want to kill you like they do in the movies (quel programme !), qui devrait durer neuf minutes ! Le sixième album de Placebo est quant à lui prévu pour le mois de juin, on fera alors la connaissance du nouveau batteur. PJ Harvey nous enchantera avec son A Woman a Man walked by à partir du 30 mars. Du côté des DVD, je me réjouis déjà de la sortie d'une édition double des Smashing Pumpkins, par contre je me tâte pour celui de L'Âme Immortelle puisque j'en possède déjà un.
Mais la grande nouvelle du mois est d'ordre gastronomique puisqu'on apprend que le célèbre bar goth le Kata Bar a amenagé sa belle cave voûtée en restaurant, le Kata Sushi. Alors là, j'avoue que je ne sais pas quoi en penser ! J'ai passé tellement de temps dans ce bar -goth par excellence- que je suis un peu désorientée par leur choix de taper dans le sushi... ça sent le commercial tout ça. Néanmoins, la carte m'intrigue puisqu'elle propose des sushis et makis "Heretik", au foi gras, au boeuf, au pastrami, et même des makis sucrés pour le dessert. Je pense que j'irai tester quand même, et puis ça sera l'occasion de m'envoyer quelques verres au bar, comme au bon vieux temps du rock 'n'roll.
Pour en revenir à la culture (bien que la culture passe aussi par l'estomac !), j'ai craqué sur trois ouvrages présentés dans le magazine. Le premier, je l'ai déjà acheté lors du Salon du Livre sur le stand d'une maison d'édition bretonne, les Editions du Barbu, il s'agit d'un polar fantastique, La Dame Blanche était en noir, qui met en scène la fameuse auto-stoppeuse. Très inquiétant ! J'ai également repéré un très beau livre sur les poupées, Art figuratif et poupées contemporaines de collection, ouvrage dirigé par Aude Berger et réunissant quatorze artistes
Enfin, je me tâte (encore !), devant une bande-dessinée, genre que je ne lis pourtant jamais. Mais là, je dois dire que je suis emballée par l'histoire qui, d'après la critique, est un mélange du Petit Nicolas et de La triste fin du petit enfant huitre de notre cher Tim Burton. La BD, qui s'intitule Billy Brouillard et le don de trouble-vue, met en scène un petit garçon binoclard qui, en ôtant ses lunettes, découvre un monde de ténèbres, peuplé de créatures fantastiques ! La BD me titille surtout par sa forme : elle nous propose différentes rubriques comme des planches d'encyclopédie, des poèmes, des extraits d'une gazette de l'étrange,..., plein de choses différentes qui n'ont qu'un seul but, nous faire rêver et frissonner !
Pour l'avoir déjà observé de près en librairie, je peux vous dire que c'est un très bel objet.
Du côté des CD, j'ai fait deux belles découvertes (j'ai quelques trains de retard), avec deux groupes totalement différents mais efficaces. La critique du nouvel album de The Young Werewolves m'a tout de suite parlé puisqu'elle évoque "une base rockab' omniprésente, quelques riffs punk, une tripoté d'accords surf et quelques choeurs à la Misfits". Après avoir écouté quelques morceaux du groupe sur leur site, je ne pense qu'à me procurer leur album. Leur musique, qui me fait penser à celle d'Horrorpops, me donne une pêche d'enfer !
Grâce à un petit encart publicitaire qui a attiré mon oeil de lynx avec ces mots : "La parfaite union de la Batcave et du Deathrock : un univers déjanté, habité, mélancolique et mélodique", j'ai découvert un groupe assez récent (ouf ! je sauve l'honneur), qui répond au doux nom de The Cemetary Girlz. Leur album, Smoke My Brain, qui est en écoute sur leur Myspace m'a complétement séduite ! C'est exactement le groupe dont j'avais besoin depuis que je connais par coeur mes albums de Cinema Strange, groupe incontournable.
Avant de refermer le dossier musique, Elegy mentionne également la sortie du deuxième album de l'excellentissime groupe français Katzenjammer Kabarett. Leur premier album était déjà une vrai tuerie et d'après les nouveaux titres que j'ai pu écouter pour l'instant, le nouvel opus ne devrait pas me décevoir. Si vous ne devez cliquer que sur un seul lien, faites-moi plaisir, cliquez sur celui-ci, vous découvrirez un très très bon groupe !
Heureusement, il n'est pas nécessaire de mettre la main au porte-monnaie pour se culturer un peu le bulbe. Aussi, grâce à Elegy, je peux vous présenter trois artistes dont j'ai vraiment apprécié le travail.
Tout d'abord, Ray Cesar, à qui l'on doit la couverture du magazine. Cet artiste anglais, vivant aujourd'hui à Toronto, propose des oeuvres vraiment intrigantes, paradoxales, mêlant univers enfantin et créatures de l'étrange. Peut-on expliquer cela par le fait qu'il ait travaillé au département d'art et de photographie d'un hôpital pour enfants ? Quoi qu'il en soit, malgré la présence de créatures déformées, angoissantes, il ressort de ses travaux une grande beauté, liée au jeu de lumières, aux couleurs utilisées, et à la grande précision des traits. Je vous laisse juger par vous-même
Autre artiste, autre travail, avec Evgeniy Shaman, photographe russe, qui prépare chacune de ses séances photo à l'aide de script, comme s'il s'agissait de films. Il avoue alors que son entourage qualifie son travail de "photo cinématique". On comprend tout à fait pourquoi lorsqu'il confie qu'il considère ses modèles comme des acteurs, à qui il fait prendre des poses minutieusement pensées dans des décors dignes de longs métrages. L'impression d'un travail très proche du septième Art est renforcée par l'utilisation du noir et blanc ou de couleurs désaturées. D'après l'artiste, "les images de couleurs vives représentent une certaine tentation pour nos cerveaux et nos âmes (...) elles cachent en quelque sorte l'essence de l'image". Voyez le résultat
Pour terminer notre promenade à travers les pages d'Elegy, quelques mots (et surtout images) du travail d'une grande figure de la mode alternative allemande, la créatrice de Vecona, marque qui habille déjà les grands noms de la culture alternative comme Emilie Autumn, dont je vous ai déjà parlé, et Sopor Aeternus, l'un des artistes les plus talentueux et mystérieux que je connaisse. Le voici vêtu d'une création Vecona, justement
La styliste, qui fabrique tous ses articles -qui sont des pièces uniques- à la main, nous apprend qu'elle songe à se diriger vers une collection Vecona manufacturée, en parallèle des commandes bien sûr. C'est plutôt une excellente nouvelle car quand je vois ses créations, je meurs d'envie d'avoir dans mon armoire la Vecona's touch !
J'espère que ce petit feuilletage de mon magazine adoré vous aura séduit, que vous aurez trouvé un groupe ou un artiste à votre goût et surtout que j'aurais réussi à mettre dans le crane de certaines têtes de pioche que la culture alternative, s'est pas fait pour les chiens. Non mais !
Et puis surtout, j'espère avoir réussi à faire passer mon message : écouter du black-métal habillé en noir c'est pas pire que de collectionner les cochons ! Oups !