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Vilaine Fifi
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24 mars 2009

La Dame Blanche était en noir, de Michel Brosseau

la_dame_blancheComme je vous le disais la semaine dernière, j'ai acheté ce livre pendant le Salon du Livre sur le stand d'une maison d'édition bretonne, Les Editions du Barbu. J'ai tout de suite était attirée par cette collection, Polars&Grimoires, qui, comme son nom l'indique mêle enquête et mythologie/ féérie.

La Dame Blanche était en noir nous entraîne sur les traces de la célèbre auto-stoppeuse qui serait revenue hanter les routes de Cholet. En effet, plusieurs conducteurs affirment l'avoir prise en stop et semblent en retenir une expérience traumatisante : la jeune fille blonde, vêtue d'une longue robe blanche, serait, à chaque fois, montée dans le véhicule, sans dire un mot, puis restée silencieuse jusqu'à disparaître en prononçant une phrase inexplicable.

Sylvain Leroy, journaliste de presse locale, décide alors de mener son enquête, non pas pour prouver l'existence du spectre mais bien au contraire, pour mettre un terme à la rumeur grossissante en prouvant que tout ceci a une explication rationnelle.

Au fil de ses recherches, Sylvain se retrouve confronté à plusieurs types de témoins : une bande de jeunes à la recherche d'un quart d'heure de gloire, plusieurs piliers de comptoir toujours prêts à alimenter le scandale en jurant connaître quelqu'un qui connaît quelqu'un qui a vu l'auto-stoppeuse, un jeune homme dépressif vivant dans son monde de ténèbres et un professeur de lycée passionné par la littérature arthurienne. Sans le vouloir, ils vont chacun à leur manière mettre le journaliste sur de nouvelles pistes qui finiront par le mener à un couple ayant connu un drame : le suicide de leur fille, jetée du haut d'une tour du château de Gilles de Rai, "l'alchimiste sanguinaire".

Info ou intox ? Ce sera à Sylvain de remonter aux origines de cette fameuse Dame Blanche pour prouver son (in)existence.

Je ne regrette pas du tout mon achat qui me rappelle que l'important en matière de culture est d'oser. Oser découvrir, oser donner sa chance à une petite maison d'édition, oser choisir un livre qui ne figurera peut-être pas au top 10 de je ne sais quelle revue.

Ce polar teinté de féérie n'a certes pas les mêmes qualités que ceux écrits par les grands du genre (je pense notamment à Arnaldur Indridason, dont je suis en train de dévorer le deuxième ouvrage) mais il se défend très largement. On peut noter pas mal de points forts au niveau de la narration, avec notamment l'utilisation de paroles de chansons des grandes stars du rock (Hendrix, Dylan, The Doors, Springsteen,... ) qui font écho aux situations dans lesquelles se trouvent le journaliste.

Michel Brosseau dresse également un portrait réaliste des différentes personnalités qu'on peut croiser en province (oui hein, je sors parfois de la Capitale quand même, je sais à quoi ressemble la vie après le périph' !) sans tomber pour autant dans la caricature.

La Dame Blanche était en noir est également un roman qui traite de l'adolescence et de la fragilité de certains ados, plus influençables que d'autres. Michel Brosseau met en scène plusieurs adolescents appartenant au mouvement gothique. C'est l'occasion de rappeler que certains jeunes peuvent pousser trop loin leur fascination pour le morbide, mais c'est également l'occasion de montrer, à travers la voix du journaliste, qu'un "enfant du rock" n'est pas forcément un déviant et ne tournera pas forcément mal ! A travers les parents de la jeune suicidée, Brosseau met surtout en lumière la bêtise de certains parents (enfin, c'est comme ça que j'interprète leur discours en tout cas), qui préfèrent mettre sur le dos d'un style musical tous les malheurs de leurs enfants. Alors chers parents, sachez que si vos enfants n'ont pas de bons résultats à l'école, ce n'est pas parce qu'ils écoutent Marilyn Manson dans leur mp3, c'est juste parce qu'ils sont idiots, par nature ! Ils pourraient écouter du classique, leurs notes seraient toujours aussi pourries ! Par ailleurs, au lieu de vous inquiéter des paroles des chansons, qu'écoutent vos enfants, écrites en anglais, inquiétez-vous plutôt du fait que vos gamins sont incapables de faire une version de cinq lignes sans pondre dix fautes. Donc, d'ici à ce qu'ils comprennent quelque chose à ce qu'ils écoutent, ils auront atteint la trentaine et vous pourrez être tranquilles !

Pour conclure, il faut quand même ajouter que La Dame Blanche... est très plaisant par la présence de nombreuses références à la mythologie, notamment celtique. Pour avoir pas mal étudié le thème des démons femelles (dans le cadre de mon mémoire, pas pour préparer une messe noire), j'ai été ravie de les retrouver au détour d'un chapitre. Tout un passage consacré à la fée Mélusine est particulièrement intéressant.

Folklore, traditions populaires, légendes urbaines, tous ces éléments qui constituent "le Merveilleux" apportent une touche très originale à ce polar, au style simple mais efficace.

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Vilaine Fifi
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