Le grand monde d'Andy Warhol, au Grand Palais
Je pense qu'il n'y a pas de demi-mesure avec Warhol : soit on aime, soit on reste indifférent. Pour certains, son art n'en est pas un, ses oeuvres ne sont qu'imposture puisqu'il s'agit de simples portraits -de people en plus- légèrement retravaillés, histoire de justifier leur prix. J'ai donc entendu tout au long de l'exposition qui se tient jusqu'au 13 juillet au Grand Palais tout un tas de reflexions comme "ppfff, tout le monde peut le faire !" Pas très constructif comme commentaire, vous ne pensez pas ? J'ai déjà entendu le même genre de remarques lorsque j'ai assisté à des ballets disons modernes. Les gens veulent de la danse, avec des tutus et des pointes et n'acceptent pas qu'une jeune femme pieds nus puisse être une vraie danseuse !
Alors Warhol, pape du pop art ou du pipeau... that's the question ?
Si vous voulez vous faire une idée sur la question, justement, je ne peux que vous encourager à foncer au Grand Palais qui nous offre pour quelques mois une exposition vraiment très riche. Sont regroupés là un nombre impressionnant des portraits warholiens (j'ai lu qu'il y en avait 250 dans certains articles, puis 130 dans d'autres, si quelqu'un veut s'amuser à les compter !) regroupés chronologiquement et par thème.
On commence donc notre promenade au pays d'Andy par ses autoportraits, dont l'amusant Le Seigneur m'a donné un visage mais je peux me gratter le nez tout seul, où l'on voit l'artiste âgé de vingt ans se fourrer gentillement le doigt dans la truffe. Warhol se prendra plus tard encore comme modèle pour une série où il se montre en travesti.
On se retrouve ensuite face à d'autres visages, des visages d'anonymes (la série Most wanted men) et de célébrités comme Jackie Kennedy.
Mais on apprend que c'est avec le portrait d'Ethel Scull, la femme d'un collectionneur, que la carrière de Warhol prend un nouveau tournant : il réalise les portraits sur commande et surtout, il change sa manière de faire. A partir de ce portrait, il procédera toujours de la même façon, travaillant à partir d'un très grand nombre de clichés de son modèle (photomaton puis polaroid big shot).
Si cette exposition est l'occasion de découvrir certains traits de la personnalité de Warhol, comme sa relation à la mort et à la religion, j'ai trouvé qu'elle manquait cruellement de commentaires. Mis à part un mur rempli de dates clés (naissance, étude, ouverture de l'atelier,... ), on ne se sent pas véritablement guidé dans ce grand monde. S'ajoute à cela le fait que les portraits soient alignés de manière systématique à tel point qu'on frise l'overdose en sortant de certaines salles, l'oeil saturé de couleurs. Cette scénographie rappelle parfaitement bien le côté industriel et sériel du travail de Warhol, qui avait nommé son atelier la Factory, mais je n'arrive pas à dire si elle est vraiment plaisante pour le visiteur qui se croit littéralement à l'usine ! En tout cas, l'achat d'un ouvrage s'avère quasiment indispensable lors du passage à la boutique (qui propose d'ailleurs des trucs hallucinants... dans le genre pompe à fric, ça se pose là).
Néanmoins, reste le plus important, le plaisir immense que l'on prend à se retrouver entouré d'oeuvres uniques (dans leur conception) réalisées par un artiste hors du commun. Pour moi, Andy Warhol est bel et bien le pape du pop-art, il m'évoque tout un univers qui me séduit, New-York, le Studio 54. Son art a un côté superficiel que je sais apprécier, j'aime sa manière de mettre tout le monde sur un pied d'égalité, son envie de gommer tous les défauts de ses modèles, son besoin de figer l'instant, de retenir la vie.
C'est où ? Au Grand Palais, M° Champs-Elysées-Clémenceau
C'est quand ? Jusqu'au 13 juillet 2009, tous les jours sauf le mardi de 10h à 22h. Fermeture le jeudi à 20h.
C'est combien ? 11 euros pour le plein tarif, 8 euros pour le tarif réduit. Mais je vous conseille vivement d'opter pour le billet coupe-file (pour 1 euro de plus, ça vaut vraiment la peine).
J'oubliais mon butin !