Les films du mois d'août, partie I
Un bon début de mois avec de très bons films, de belles découvertes et peu de déception. Que demande le peuple !
On commence par deux rattrapages (films sortis le 29 juillet) avant d'attaquer les nouveautés.
Somers Town, de Shane Meadows
C'est quoi ? La rencontre entre Tomo, un ado au sale caractère ayant fui les Midlands pour Londres, et Marek, un jeune garçon d'origine polonaise, d'une grande sensibilité.
Et alors ? Le précédent film de Shane Meadows, This is England, compte parmi mes préférés mais ce ne sera pas le cas de Somers Town. Alors que This is England est original et émouvant, Somers Town a un goût de déjà vu et peine à nous embarquer. Cette histoire d'amitié naissante entre deux jeunes garçons que la solitude rapproche ne décolle jamais vraiment et la grosse heure que dure le film semble par moment ne pas vouloir finir. S'ajoute à cela un scénario un peu bancal, une histoire à laquelle on ne parvient pas à croire qui jure pas mal avec le côté réaliste, presque documentaire, du film. Il y a néanmoins de très bons points dans cette petite chose tournée en noir et blanc, une ambiance nostalgique, des personnages construits à la personnalité affirmée et surtout de très bons acteurs (notamment Thomas Turgoose, le skin en herbe de This is England). Même si je suis très heureuse de l'avoir vu, ce film ne me laissera pas un grand souvenir.
La camara oscura, de Maria Victoria Menis
C'est quoi ? Dans l'Argentine de la fin du XIX° siècle nait la petite Gertrudis que sa mère trouve laide dès les premiers instants de sa vie. Cette dernière n'a alors de cesse de lui rappeler sa laideur, l'obligeant à se cacher ou à baisser la tête sur les photos de famille. Cela n'empêche pas la jeune femme de trouver un époux, bien heureux d'avoir une femme laide qui n'ira pas se pavaner au village, et de devenir la mère de cinq beaux enfants. La vie de Gertrudis sans être pitoyable n'est pas des plus exaltantes, jusqu'à l'arrivée d'un photographe français dans le village, qui révélera enfin sa beauté.
Et alors ? Le cinéma argentin fait décidément des merveilles. Malgré un sujet très simple, voire simpliste, La camara oscura fait partie de ces films qu'on est vraiment heureux d'avoir vu en sortant de la salle. A première vue, on peut penser que le scénario n'a rien de bien original, la célèbre beauté cachée des laids, on la connaît tous par coeur. Le coup de la beauté intérieure qui compte davantage que la beauté physique aussi. Mais la réalisatrice nous propose bien d'autres choses qui rendent son film très intéressant. Tout d'abord, une plongée dans une colonie d'immigrants juifs, paysans, qui tentent de se reconstuire une nouvelle vie loin de leurs pays d'origine. Le film offre alors des images sublimes des hommes au travail, de la vie quotidienne d'une famille, pleines de douceur et d'un fort réalisme. Les costumes, la musique, nous plongent totalement dans cet univers inconnu. Ensuite, il y a ce photographe français qui initie la famille de Gertrudis, et nous par la même occasion, à la naissance du surréalisme, pas toujours très bien perçu. Enfin, le personnage de Gertrudis est une perle, une femme discrète, intelligente, une mère et une femme dévouée, qu'on ne sent pas malheureuse mais pas épanouie non plus, jouée toute en finesse par une actrice dont je ne souhaite pas oublier le visage. Un film vraiment plein de charme qui, malgré quelques longueurs et temps morts, séduit par sa beauté. Un comble !
Zion et son frère, d'Eran Merav
C'est quoi ? Zion, 14 ans, est aussi fragile et sensible que son frère aîné est violent et prétentieux. Lorsque celui-ci provoque l'accident mortel d'un jeune immigrant éthiopien, les deux frères décident de garder leur secret.
Et alors ? Point de conflit israëlo-palestinien ici mais un touchant portrait social et familial. Zion et son frère est avant tout séduisant pour ses acteurs, qui portent leurs personnages avec force, jusqu'au bout. Ronit Elkabetz est fidèle à elle-même en femme fatale larguée, Reuven Badalov, Ofer Hayun et Liya Leyn sont plus que convaincants chacun à leur façon. Mais il l'est également par l'histoire qu'il nous montre et qui ne peut laisser insensible. On voit, on sent, la relation entre les deux frères évoluer suite à la mort du jeune éthiopien. Ils se rapprochent, deviennent plus solidaires, puis se haïssent davantage, se déchirent. Le plus jeune, le fragile Zion, devient alors plus adulte, poussé par la violence de son frère à s'affirmer et à s'imposer. Même si la fin m'a laissée sur ma faim (...), il reste un film à découvrir.
L'amour caché, d'Alessandro Capone
C'est quoi ? Après sa énième tentative de suicide, Danielle se retrouve encore une fois internée dans une clinique où elle est suivit par une psy à qui elle raconte sa maternité non désirée, qui explique les rapports très difficiles qu'elle entretient avec sa fille, elle-même devenue mère.
Et alors ? Pour avoir étudié le sujet sous toutes ses coutures, je peux vous dire qu'un film qui parle de la maternité mal vécue d'une manière aussi crue est une rareté. Mis à part le récent Antichrist, aucun exemple ne me vient à l'esprit. Rien que pour ça, L'amour caché est à voir. Mais il faut tout de même savoir à quoi s'attendre : le film se déroule comme une longue thérapie et est aussi glacial et repoussant que le cabinet d'un psy. La relation qui unit Danielle à sa fille est incroyablement compliquée. Je n'ai vraiment pas réussi à comprendre le mal-être de Danielle, à saisir ce qui la pousse à mal aimer sa fille, car contrairement aux personnages habituels de mauvaises mères, Danielle est protectrice, gâte sa fille et semble bien s'occuper d'elle. Bien sûr, tout ça d'une manière froide et distante, qui pousse ensuite sa fille à la détester, même si, à son tour, elle prend soin de sa génitrice en prenant en charge tous les frais de son internement. Malgré la complexité de cette relation qu'on peine à comprendre, le scénario m'a, paradoxalement, déçue par sa grande simplicité et surtout sa fin trop attendue et surtout trop optimiste. Quant aux actrices (Olivier Gourmet étant quasi-inexistant à l'image), j'ai encore une fois été bluffée par Isabelle Huppert qui excelle dans les rôles de femmes borderline, Mélanie Laurent arrive à s'imposer face à elle mais malheureusement son rôle et son texte ne m'ont vraiment pas convaincue. Il y a donc du bon et du mauvais dans cette oeuvre souvent pesante qui manque malheureusement de profondeur.
Soie, de François Girard
C'est quoi ? En 1860, Hervé Joncour, un jeune offocier fraîchement marié à la belle Hélène, une femme douce et compréhensive, se voit confier une périlleuse mission : se rendre secrètement au Japon pour y acheter -et ramener en France- des oeufs sains de vers à soie.
Et alors ? A cause d'un couple venu au cinéma pour tout faire sauf regarder le film, je dois avouer que j'ai peiné à me plonger véritablement dedans, surtout au début (puisque quelques regards noirs de ma chère Poleen et de ma part ont réussi à mettre plus ou moins fin à leur comportement plus que dérangeant par la suite). Ce que j'ai retenu de Soie, ce sont des images vraiment sublimes, lumineuses, tantôt discrètes tantôt grandioses, un rythme lent et contemplatif qui, au lieu d'agacer (je vous rappelle que je suis un peu bourrin sur les bords) transporte et apaise, une grande poésie et une grande sensualité qui m'ont vraiment emballée. Mais Soie c'est aussi une histoire à dormir debout, qui me donne envie de lire le livre dont le film est adapté pour enfin comprendre les motivations d'Hervé Joncour, des Français qui parlent anglais (?????????????????), et des acteurs molassons et carrément pas dans leurs rôles. Michaël Pitt est bien mignon avec sa moue boudeuse mais pas du tout crédible quant à Keira Knightley, elle a l'air d'une cruche amorphe. Un film à voir principalement pour la beauté de ses images. C'est déjà pas si mal !
Une arnaque presque parfaite, de Rian johnson
C'est quoi ? Depuis l'enfance, les frères Bloom souhaitent réussir ce qui serait selon eux "l'arnaque parfaite". Leur prochaine victime : un riche héritière excentrique qui leur réserve bien des surprises.
Et alors ? Avec son affiche brouillone et annonciatrice de grosses ficelles vues un milliard de fois, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en allant voir Une arnaque presque parfaite, qui s'est révélé la bonne surprise de la semaine. Ce film a pour lui de sacrés atouts : des acteurs investis, des personnages hauts en couleur -notamment Bang Bang-, des costumes superbes, des décors audacieux, une ambiance décalée très entraînante. Mais malheureusement, si le côté fantasque de l'histoire est très plaisant puisqu'il est au service d'une esthétique originale et pertinente, le côté alambiqué voire carrément sans queue ni tête de l'intrigue lasse un peu sur la fin. Une fin qui d'ailleurs peine à venir et tourne en rond sans motif, si ce n'est ajouter quinze minutes de bobine inutiles. Un film presque parfait qui aurait gagné à être moins ambitieux et plus simple.
Joueuse, de Caroline Bottaro
C'est quoi ? Hélène, une femme de ménage mariée et mère d'une ado, se prend de passion pour les échecs malgré l'incompréhension de ses proches.
Et alors ? Un excellent film français porté par des acteurs incroyables. Sandrine Bonnaire est d'une justesse, d'une grande simplicité, qui rendent son personnage très touchant. Et quel sourire ! Quant à Kevin Kline...aaaahhh !! Chacune de ses apparitions m'émoustille !! Il rend son personnage terriblement fort et intense. Idem pour Francis Renaud, une découverte pour moi, qui m'a charmée. Avec une histoire toute simple, quotidienne, banale, Coraline Bottaro nous offre un film que l'on suit avec passion. L'évolution du personnage féminin est bien sûr passionnante mais ce sont aussi les parties d'échec qui donnent à ce film une grande intensité. Il y a malheureusement quelques idées de mise en scène un peu trop basiques comme le carrelage noir et blanc sur lequel passe la joueuse pour rappeler l'échéquier (gnéééé), l'apparition de la femme qui lui a donné envie d'apprendre à jouer, ainsi que l'espèce de communion qui unit les esprits d'Hélène et de son prof lors de son premier tournoi. Cela ne gâche en rien l'histoire mais ça donne au film un côté "scolaire" dont il aurait pu se passer. Et puis je me demande aussi si Jennifer Beals, qui incarne la belle femme qui donne envie à Hélène de s'initier aux échecs, a été choisi pour le rôle "par hasard" ou par rapport à son rôle dans Flashdance. Mais si souvenez-vous, cette soudeuse qui s'affranchit par la danse !! Bref. Joueuse est indiscutablement le film français du moment, à ne pas manquer.
Nouvelle semaine, nouveaux films. Enfin, pas seulement car je dois aller voir Little New York, que j'étais censée voir hier mais non... Et parmi les nouveautés, j'en attends beaucoup de Demain dès l'aube, pour les acteurs et l'histoire, j'irai également voir Le temps qu'il reste, dont la bande-annonce me fait sourire de bon coeur à chaque fois, Charleston et Vendetta que j'attends depuis des mois, Partir, juste pour les acteurs car l'histoire ne m'inspire guère, et enfin Sita chante le blues, par curiosité !