Qui est M. Schmitt, au théâtre de la Madeleine
Culturellement parlant, la saison 2009/ 2010 s'annonce vraiment riche et cela vaut naturellement pour la programmation théâtrale. J'ai envie de voir une bonne demi-douzaine de pièces, au bas mot.
J'ai commencé mon marathon-théâtre mardi soir en allant voir dans le beau théâtre de la Madeleine (note à moi-même : arrêter de faire une fixation sur les madeleines) cette pièce dont l'affiche et le résumé m'interpellaient.
Le rideau se lève sur l'appartement de M. et Mme Bélier, un couple de bourgeois tout ce qu'il y a de plus classique. Ils sont en train de dîner lorsque soudain (suspense...) le téléphone sonne. Rien de bien extraordinaire me direz-vous, sauf que M. et Mme Bélier n'ont jamais eu de ligne téléphonique ! L'interlocuteur demande alors à parler à M. Schmitt et rappelle une deuxième fois, puis une troisième. M. et Mme Bélier, totalement abasourdis se rendent soudainement compte qu'ils ne sont pas chez eux : les livres dans la bibliothèque ne sont pas les leurs, le portrait de Mme Bélier-mère a été remplacé par celui d'un chien de chasse. Qu'est-ce qui s'passe-t-il ? Un complot ? Un cambrioleur honnête qui vole mais remplace ? Une blague de Madame à Monsieur ? Lorsque la police arrive, tout ce complique et pour ne pas embrouiller les choses davantage, M. et Mme Bélier décident de faire semblant d'être les Schmitt. Semblant ? Peut-être pas tant que ça...
Curieuse comme je suis, ce suspense autour de l'identité des Bélier-Schmitt m'a tout de suite donné envie de foncer au théâtre pour connaître le fin mot de l'histoire. Et j'ai plus que bien fait !
Qui est M. Schmitt est une excellente pièce vraiment surprenante. Elle est tout d'abord incroyablement drôle ! Jamais je n'ai vu des spectateurs rire autant, tous ensemble. Il y avait, dans la salle, une très bonne ambiance et, sur scène, une véritable alchimie entre les acteurs. Richard Berry, que j'ai toujours trouvé sympathique sans pour autant mettre sa bobine en fond d'écran, m'a complètement bluffée ! Il est génial, dit son texte avec aisance et naturel, sait employer un ton plein de distance, d'ironie, qui donne encore plus de poids à ses répliques (le texte est plein de trouvailles jubilatoires). Raphaëline Goupilleau, qui interprète sa femme, est elle aussi irrésistible. Tout d'abord agaçante, avec sa petite voix à la Valérie Mairesse (qui m'éneeeeeeeeeeeerve au plus haut point), elle devient vite attachante par sa naïveté touchante, puis bouleversante dans son rôle de mère et de femme résignée. Seule déception, la prestation de Chick Ortega, qu'on a pu voir il y a quelques mois dans Baby Doll.
Les premières minutes de la pièce m'ont fait penser à La Cantatrice chauve de Ionesco. Et il est vrai qu'il y a une dimension absurde dans Qui est M. Schmitt. Mais pas seulement. La grande force de cette pièce est, je pense, son dénoument, totalement inattendu, presque violent, au moins dérangeant, qui m'a vraiment perturbée, si bien que j'ai eu du mal à applaudir à la fin tant j'étais encore sous le choc. Néanmoins, la plupart des spectateurs étaient hilares, ce qui reste un mystère pour moi (donc si vous avez vu cette pièce et que la fin vous a fait rire, je serais curieuse de savoir pourquoi, vraiment).
Une pièce dans laquelle la légéreté se mêle à la profondeur, le comique au tragique, et qui nous donne, sans qu'on s'en aperçoive, matière à réflechir.
J'espère que les autres pièces de mon programme seront aussi bonnes, mais la barre est drôlement haute !
PS : j'ai donc passé une excellente soirée seulement gâchée par un siège tout pourri : un strapontin en début de rangée, à cheval entre deux marches, soit surélevé par rapport aux autres sièges. Mes pieds touchaient difficilement terre (alors que je suis plutôt grande) et mes deux fesses avaient du mal à cohabiter (alors que je ne suis pas forte). Bref. C'est sympa de faire des tarifs jeunes, ça l'est moins de nous coller des places de merde...