Neige, au Théâtre National de Chaillot
Hier soir, bravant le froid, la migraine et mon irrésistible envie de passer la soirée plongée dans Shutter Island, je me suis rendue au Théâtre national de Chaillot pour, une nouvelle fois, y voir un spectacle de danse.
Neige a été créé en 2009 par la chorégraphe belge Michèle Anne De Mey.
Programmé à Chaillot dans le cadre de la thématique du Merveilleux, Neige est présenté par sa créatrice comme un conte appartenant "au monde de l'onirisme et du fantastique, de l'inconscient qu'on retrouve dans les rêves. C'est un spectacle fait de sensations". On nous promet alors un spectacle dans lequel "les éléments naturels se déchaînent et s'apaisent, telle une allégorie de notre humanité".
Vous noterez que pour la première fois, je suis obligée de reprendre les termes du livret qui m'a été donné à l'entrée, c'est dire si ce spectacle m'a déconcertée.
Je m'attendais à quelque chose de merveilleux, au sens propre du terme. A voyager, à rêver, à m'envoler, emportée par le vent, étourdie par la magnifique 7° Symphonie de Beethoven.
Finalement, rien de tout cela.
Il y a pourtant, dans ce spectacle, beaucoup de bonnes choses : un décor et des effets spéciaux incroyables, une mise en scène originale et pleine de subtilité, la possibilité d'un univers auquel on a envie de croire. Les six danseurs sont, en effet, séparé du public par un immense mur en verre, tels des personnages dans une boule à neige pour touristes. Sur eux, la neige justement tombe à gros flocons, sans arrêt. Les nuages forment une brume épaisse, à travers laquelle tente de percer le soleil. Beethoven cède sa place aux coups de tonnerre, tandis que les ombres des danseurs projetées sur un écran blanc laissent place à leurs corps qui se contorsionnent comme s'ils étaient possédés.
Beaucoup d'inventivité donc, de modernité et de poésie dans ce spectacle qui reste néanmoins très hermétique, semblable au mur de verre qui nous sépare des danseurs. Eux sont là, sur la scène, comme livrés à eux-mêmes, tels des fous libérés de leur camisole, qui s'agitent dans tous les sens de manière insensée.
Si Neige m'a tout d'abord séduite, si certains passages m'ont fait réagir, je me suis cruellement ennuyée la plus grande partie du temps, comme tous les spectateurs qui ont fui la salle avant la fin du spectacle. Dommage.
Neige, jusqu'à ce soir au TNC.