C'est la vie ! Vanités de Caravage à Hirst, au musée Maillol

Après Deadline au musée d'Art Moderne, les rituels funéraires présentés au musée gallo-romain de Lyon, les masques et les squelettes peuplant les peintures de James Ensor, je continue sur ma lancée avec l'exposition proposée jusqu'au 28 juin par le musée Maillol, mettant à l'honneur les crânes. Quand je pense que je me tâte à faire un tour du côté de l'exposition Boltanski... Il faudrait que je consulte, non ?!

Non, non, ne vous donnez pas la peine de répondre à cette question.

Après quelques déceptions dûes à des expositions bien trop brèves à mon goût, le musée Maillol se rattape enfin avec celle-ci, très riche et plutôt bien présentée.

Le parcours proposé nous permet de remonter le temps, en partant d'oeuvres contemporaines -celles de Damien Hirst en tête- pour arriver aux mosaïques de Pompeï, en passant par quelques toiles de peintres modernes (Picasso) puis du XVII° siècle (Le Caravage).  En tout, l'exposition regroupe pas moins de cent soixante pièces, peintures et sculptures mais aussi photographies, vidéo et bijoux.

Mais mis à part un sujet accrocheur -pour ne pas dire racoleur- qu'est-ce que cette exposition a à nous proposer ? Très peu d'informations si on ne se munit pas du désormais indispensable audio-guide, mais quelques indications concernant la représentation de la mort dans l'art d'hier et d'aujoud'hui, et ses différentes significations selon les contextes.

Si aujoud'hui, Damien Hirst semble dénoncer notre société de consommation en ornant un crâne de plusieurs milliers de diamants, les crânes dans l'histoire de l'art ont, tour à tour, fait écho aux guerres, aux années sida, ou servi la propagande religieuse. Mettre en scène la mort apparaît souvent comme une manière de dédramatiser les situations les plus sombres, de mettre les hommes face à leur plus grande peur pour qu'ils l'affrontent enfin, de leur rappeler leur condition de pauvres mortels. Le succès que rencontre le motif crânien aujourd'hui, que ce soit dans l'art mais aussi dans la mode ou dans la musique (pochettes d'album, logo de groupe), n'a alors rien de surprenant. Virus, catastrophes naturelles, lourds problèmes sociaux, notre société est le terrain de jeu idéal pour qui veut jouer le contestataire ou le cynique.

L'exposition fait alors la part belle aux oeuvres contemporaines qui apparaissent pleines d'ironie et de dérision. Une vidéo nous montre un jeune garçon jouer au foot avec un crâne au milieu de nulle part, des légumes deviennent boites crâniennes et on apprend que Hirst ne se contente pas de jouer avec des diamants mais aussi avec des mouches (ses crânes recouverts d'insectes volants m'ont d'ailleurs vraiment fascinée).

Cette exposition m'a avant tout permis de découvrir des oeuvres très originales. Certaines m'ont beaucoup amusée, d'autres m'ont touchée ou écoeurée, mais aucune ne m'a laissé indifférente sur le moment. J'ai aimé revoir l'autoportrait de Mapplethorpe qui m'avait bouleversée lorsque je l'avais vu à l'exposition Deadline, découvrir une photographie que je ne connaissais pas de Cindy Sherman (photographe que j'admire), le travail du photographe Joel Peter Witkin à travers son Cupid and Centaur et me balader dans un Cabinet de Curiosités plutôt plaisant.

Beaucoup de belles choses à voir mais un fond un peu vain. En effet, si j'étais ressortie de l'exposition Deadline soufflée, animée d'une joie de vivre retrouvée, celle-ci ne m'a rien fait ressentir de tout cela. Elle n'en reste pas moins une exposition à visiter pour la singularité du sujet qu'elle traite aux travers d'oeuvres atypiques même si, au final, on peut regretter de ne pas avoir été véritablement secoué.

Comments

[Emma]

Oh ! Merci beaucoup chère amie crâneuse, ça me fait très plaisir :)

[gertrude]

La crâneuse que je suis a bien apprécié votre note sur les Vanités et a pris la liberté de vous accrocher en lien sous son dernier article.

[Emma]

Pour ce qui est de l'art contemporain, c'est sûr que cette expo nous permet de faire de très belles découvertes. Rien que pour ça, elle vaut le coup.
Je viens de lire l'article que tu a mis en lien, c'est chouette d'avoir d'autres avis. Même si globalement, je suis tout à fait d'accord !

[Marie]

Moi j'ai vraiment aimé cette expo, chère c'est vrai, mais qui permet de découvrir et redécouvrir l'art contemporain! J'ai trouvé une petite critique sur le sujet, pour un avis un peu différent sur http://www.laboiteasorties.com/2010/02/cranes-thanatos-et-vanites-au-musee-maillol/

Pour ceux qui auront le courage d'affronter les crânes et mettre la main au portefeuille, profitez-en bien!!

M.

[Emma]

Tu as raison d'être intriguée par cette expo dont le sujet est vraiment original.
Je vais de ce pas découvrir ta liste (et ton blog ^^).