Les films du mois de juin, partie III
Entre rattrapage, nouveautés et reprise, une semaine mitigée, sans gros coup de coeur mais avec de nombreuses et troublantes découvertes.
Année Bissextile, de Michael Rowe
C'est quoi ? La rencontre sensuellement SM entre Laura, une jeune journaliste exilée à Mexico, et Arturo, son amant pas comme les autres.
Et alors ? Dès que j'ai vu la bande-annonce de ce film, j'ai eu envie de le voir, rongée par la curiosité. Et pour cause, sur son calendrier, Laura raye un à un les jours de ce mois de février qui en comptera cette année vingt-neuf, le dernier étant marqué en rouge. Pourquoi ? Que signifie ce jour pour elle ? Qu'a-t-elle décidé de faire ? C'est ce que la caméra, plantée au milieu d'un appartement, d'où elle ne sortira plus, nous invite à découvrir. Petit à petit, on fait connaissance avec la jeune femme, une journaliste free-lance, qui communique principalement par mail et par téléphone, qui gloutonne des boites en regardant la télé, et se fait belle de temps en temps pour sortir en boite et ramener un nouvel homme dans son lit pour quelques heures. Une vie bien monotone, pleine de solitude, qui est soudainement bouleversée par l'entrée en scène d'Arturo, un homme qui secoue littéralement Laura et l'entraîne progressivement dans une relation sexuelle violente et humiliante. Mais Laura semble y prendre goût, et c'est là que le film devient réellement intéressant car on s'aperçoit que le bourreau n'est pas celui qu'on croit et que le secret de Laura ne va pas tarder à nous péter au visage. L'ambiance de ce film est donc très particulière, assez malsaine par moment mais également sensible et troublante. On se laisse prendre par le suspense, totalement envoûté par les deux acteurs : Monica del Carmen campe une Laura tantôt banale et plutôt moche, tantôt sulfureuse. Gustavo Sanchez Parra, récemment croisé dans Rabia est, quant à lui, un Arturo aussi inquiétant que touchant ; il y a dans son regard et dans ses gestes suffisamment de bonté pour le rendre très attachant. Un huis clos rondement bien mené et qui se place bien au-delà du simple film fait pour choquer : il apporte une reflexion très intéressante sur la solitude et le mal-être qui habitent certains d'entre nous.
Bébés, de Thomas Balmès
C'est quoi ? Le parcours de quatre bébés, venus de quatre pays (Namibie, Japon, Etats-Unis et Mongolie) depuis leur naissance jusqu'à leurs premiers pas.
Et alors ? Bébés se pose sans le vouloir comme une suite du Premier Cri, sorti il y a quelques années. Ce dernier documentaire, de Gilles de Maistre, nous permettait de suivre les grossesses de plusieurs femmes à travers le monde. Ici, on découvre ce que signifie être un bébé du bout du monde. Evidemment, on ne peut que craquer devant les bouilles trop mignonnes des quatre bambins que l'on prend plaisir à observer, à regarder évoluer. Mais Bébés est surtout intéressant lorsqu'il nous permet de voir que si certains gestes (des parents et des enfants), certaines étapes, certains faits, sont universels, d'autres sont bien spécifiques à chaque partie du globe. Aussi, on peut s'étonner et s'inquiéter de voir le petit Namibien se traîner dans la terre la coquillette à l'air et suçoter des caillaisses toute la journée, mais on peut également sourire ironiquement devant les cours de gym et d'éveil musical des petites Japonaise et Américaine. Au final, on constate surtout que ces quatre bébés ont une sacrée patate et semblent heureux comme des rois auprès de leurs parents. Que demande le petit peuple ?! Le seul reproche que je peux faire à ce documentaire est son manque de dynamisme par moments, dû sans doute à l'absence de voix-off et de dialogues, qui le rend parfois ennuyeux.
Air Doll, de Hirokazu Kore-Eda
C'est quoi ? Une poupée gonflable, unique compagne d'un vieux garçon pathétique, prend soudainement vie et tombe sous le charme d'un jeune employé d'un vidéo-club.
Et alors ? S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas dire au sujet de Kore-Eda est qu'il ne sait pas se renouveler ! En effet, entre le superbe Still Walking sorti l'an passé et Air Doll, il semble y avoir un monde. Plutôt plaisant au départ, ce dernier se révèle vite assez gonflant. Enfin... quand je dis "vite", il faut avoir en tête que tout est relatif car ce drôle de film dure toute de même plus de deux heures, ce qui ne joue vraiment pas en sa faveur. Car, si bien des passages nous font rire, sourire, nous touchent par leur poésie et leur sensibilité, on a souvent l'impression que le scénario tourne gravement en rond et perd, peu à peu, de son intérêt et de sa saveur. Néanmoins, il faut reconnaître que le constat sur lequel il repose est plutôt pertinent puisqu'on comprend que le réalisateur a souhaité rendre compte de la vacuité de nos existences solitaires, d'autant plus flagrante lorsqu'on vit dans une mégalopole comme Tokyo ou Mexico (voir Année Bissextile). En plus de notre charmante poupée, superbement interprétée Doona Bae, on croise alors d'autres personnages totalement seuls et désespérés, notamment une jeune fille boulimique qui tente en vain de remplir le vide qui l'habite en avalant des quantités astronomiques de nourriture. Il est donc vraiment dommage qu'Air Doll se traine autant car, avec son air de Pinocchio des temps modernes, il a pour lui bien des qualités qui se retrouvent noyées sous un trop plein de... vide.
La Dolce Vita, de Federico Fellini
C'est quoi ? Le parcours chaotique de Marcello, un chroniqueur à scandales dans la belle ville de Rome.
Et alors ? Après un début de semaine un peu pourri, j'ai frétillé d'enthousiasme lorsque ma Poleen m'a proposé une soirée entre copines devant La Dolce Vita. Je souhaitais découvrir ce film depuis des années, son titre me laissait rêveuse, et la fameuse scène de la fontaine éveillait en moi mille fantasmes de glamouritude à l'italienne. Autant dire que j'en attendais beaucoup en entrant dans la salle obscure, surtout qu'en ce moment, ma Popo et moi sommes très branchées italien (la langue, pas les mecs ^^). Encore une fois, la frontière entre "en attendre beaucoup" et "en attendre trop" a été franchie et je suis ressortie de la salle plus que perplexe et un brin déçue, me sentant trompée par Fellini, ce traître, qui m'avait promis une "Douceur de vivre" et qui a osé me servir une tranche de vie tout ce qu'il y a de plus amer. J'en ai voulu à Marcello, pas Mastroianni (bien trop séduisant pour que je lui en veuille de quoi que ce soit), mais le chroniqueur, trop déprimé et déprimant, ne faisant jamais les bons choix, se fourvoyant jusqu'à la chute. Bien sûr, j'ai saisi la subtilité du stratagème fellinien mais je n'étais pas du tout prête à le déjouer. Néanmoins, si en quittant la salle nous n'étions pas, Popo et moi, les filles les plus enjouées de la planète, nous n'étions pas non plus les moins bavardes car nous avions mille choses à nous dire à propos de ce que nous venions de voir (de subir, par moment), et une cruelle envie de mieux le comprendre, et c'est cela que j'ai choisi de retenir de La Dolce Vita, un film qui exige d'être vu plus d'une fois pour le comprendre et, qui sait, l'apprécier à sa juste valeur.
Les Meilleurs amis du monde, de Julien Rambaldi
C'est quoi ? Alors qu'ils sont en route pour passer le week-end chez leurs meilleurs amis Max et Lucie, Jean-Claude et Mathilde assistent, par téléphone, à une conversation qu'ils n'auraient jamais dû entendre.
Et alors ? Malgré quelques répliques assez chouettes, quelques gags pas trop mal et des acteurs plutôt justes, Les Meilleurs amis du monde peine à décoller et reste au stade de la bonne vieille comédie du dimanche soir (sur TF1), bien lourdingue, qui se voudrait réflechie mais demeure plutôt creuse. Dommage.
Quel est le programme pour cette nouvelle semaine ?
Tout d'abord, deux rattrapages avec L'Illusionniste que je n'ai pas eu le temps de voir et éventuellement Baaria, qui me fait quand même peut avec ses 2h40... Vous l'avez vu ?
Et côté nouveautés, je suis très impatiente de découvrir Dog Pound, Puzzle, Les petits ruisseaux et Le Caméléon. Je me laisserais bien tenter par A 5 heures de Paris, mais je pense faire l'impasse sur Kiss and Kill, malgré un duo d'acteurs que j'aime beaucoup.