Les films du mois de juin, partie IV
Et voilà, le mois de juin est bel et bien terminé et m'aura permis de voir pas moins de dix-neuf films, alors, malgré les apparences, je suis bien obligée d'admettre qu'il n'était pas si nul que ça !
Voici donc une dernière sélection qui pourra peut-être vous inciter à profiter de la dernière journée de la Fête du cinéma.
Dog Pound, de Kim Chapiron
C'est quoi ? Le parcours de trois jeunes délinquants, Davis, Angel et Butch, dans le centre de détention d'Enola Vale.
Et alors ? Malgré un sujet lourd et traité de manière assez conventionnelle, Dog Pound est selon moi le film à ne pas manquer cette semaine. Même si Kim Chapiron n'innove pas, son film n'en est pas moins très bien conçu, aussi réaliste qu'un documentaire et aussi intéressant que bouleversant. En effet, les trois personnages principaux sont trois jeunes hommes au caractère très fort mais aussi très différent. Aussi, on a une idée assez complète de ce que peuvent ressentir les adolescents enfermés dans ce genre de centre. Comme bien souvent dans les films sur les prisons, on s'aperçoit que tous les détenus ne sont pas à mettre dans le même panier, que certains ne devraient même pas avoir à se côtoyer pour des questions de sécurité. C'est notamment le cas pour Davis, un jeune dealer absolument pas habitué à la violence et qui se retrouve soudainement entouré par des grosses pourritures bien décidées à le persécuter. Ado très fragile, il est l'exact opposé de Butch, interprété par le brillant -et acteur à suivre sans hésiter- Adam Butcher, un adolescent meurtri, qui survit seulement grâce à la rage qui l'anime. Certaines scènes où on le sent prêt à exploser, les yeux injectés de sang, les mâchoires et les poings serrées sont vraiment très marquantes. Aussi, en plus d'être un très bon film sur l'unvivers carcéral qui nous permet de découvrir ce monde vu du côté des délinquants juvéniles, Dog Pound est également un film très juste sur l'adolescence. Mon seul regret est qu'une des histoires parallèles, pourtant essentielle -la mort accidentelle d'un détenu causée par un des gardiens- est trop vite bâclée alors que quelques minutes supplémentaires seulement auraient suffi à lui donner plus de corps. Dommage. Un film très réussi, une mise en scène classique mais maîtrisée, à découvrir au plus vite.
Les Petits ruisseaux, de Pascal Rabaté
C'est quoi ? Grâce à son copain de pêche Edmond, Emile, un veuf septuagénaire, reprend goût à la vie et en redécouvre les petits plaisirs.
Et alors ? Les Petits ruisseaux, c'est un peu Les Beaux-Gosses à la retraite. Comme le montre si bien l'affiche, Pascal Rabaté, qui adapte ici sa propre bande-dessiné, nous plonge dans une ambiance "sex, drogue et rock'n'roll" en nous invitant à passer quelques jours dans la jolie campagne de ce cher Emile, interprété par un Daniel Prévost juste, sobre et irrésistible en vieux schnock prêt à s'offrir une nouvelle jeunesse. Il s'agit alors d'un film très humain et très optimiste, très réaliste aussi alors que le petit monde qui nous est présenté est truffé de petits détails sortis tout droit d'un univers imaginaire, comme la petite auto d'Emile, mignonne à croquer ! Suivre Emile dans ses pérégrination est alors un vrai plaisir puisqu'il va de rencontre en rencontre qui, chacune à leur tour, lui redonne le goût de vivre. Avec pour toile de fond, de très jolis paysages de notre campagne française, Les Petits ruisseaux se veut par moment contemplatif et souvent jubilatoire malgré quelques touches de mélancolie qui nous rappellent combien il est important de profiter de chaque instant. Un film qui vous mettra forcément du baume au coeur !
Puzzle, de Natalia Smirnoff
C'est quoi ? Maria del Carmen, mère de famille aimante et épouse dévouée, se découvre une passion et un talent inattendus pour le puzzle. Il s'agit peut-être de sa dernière chance de vivre enfin pour elle-même et non pour les autres.
Et alors ? Depuis quelques années, le cinéma argentin se porte plus que bien et tous les films qui arrivent jusqu'à nous sont des petits bijoux dont il ne faut surtout pas se priver. XXY, El Nino Pez ou encore Amorosa Soledad m'avaient permis de découvrir la jeune actrice argentine Inès Efron, le mois dernier, je ressortais totalement chamboulée d'une salle obscure après avoir vu Dans ses yeux, et l'an dernier, c'était La Camara Oscura qui m'avait enchantée. Avec Puzzle, j'ai eu le plaisir de revoir l'excellente Lucrecia Martel, déjà tête d'affiche de La femme sans tête, sorti l'an dernier. Je ne vous donne pas tous ces titres de films juste pour le plaisir de dresser une liste mais pour vous donner quelques pistes si vous souhaitez découvrir un peu plus ce cinéma argentin, toujours très enthousiasmant. Ici, Natalia Smirnoff nous amène à faire la connaissance d'une femme ordinaire à laquelle on s'attache immédiatement. Maria del Carmen, avec son regard timide et baisé, comme si elle s'excusait en permanence d'être là, est la maman qu'on aimerait tous avoir, celle à qui on aimerait dire "merci d'être là, de t'occuper de moi aussi bien, mais maintenant, c'est à ton tour de profiter de la vie". Aussi, lorsqu'on la voit s'épanouir petit à petit grâce à un puzzle reçu pour son anniversaire, on est forcément ravi pour elle et prêt à jouer les supporters de choc pour qu'elle atteigne ses nouveaux objectifs. Puzzle nous propose donc une réflexion très juste sur la liberté et l'épanouissement, conjugués au féminin, l'importance -comme l'a si bien démontré il y a près d'un siècle une certaine Virginia W.- d'avoir "une chambre à soi".
A 5 heures de Paris, de Leonid Prudovksy
C'est quoi ? Dans la banlieue de Tel-Aviv, la rencontre entre un charmant chauffeur de taxi divorcé et père d'un jeune garçon et d'une jolie -mais mariée- professeure de musique. Il a une trouille monstrueuse de monter dans l'avion qui devrait le mener jusqu'à Paris pour un bref séjour, et hésite à prendre celui qui devrait l'emmener définitvement au Canada. Jolie métaphore aérienne pour dire la difficulté de faire face à son destin.
Et alors ? A 5 heures de Paris est un petit film très sympathique, tantôt aussi léger qu'un baiser volé, tantôt aussi âpre qu'un bon bourre-pif, qui nous permet de suivre l'évolution de deux personnages, d'autant plus attachants qu'ils semblent complètement largués, malgré leur statut d'adultes bien ancrés dans la vie (ba oui, ça change des trentenaires dépressifs et nonchalants). Tout comme Sumo il y a quelques mois, A 5 heures de Paris est un film israélien qui ne nous montre rien des tensions qui secouent le pays ; le sujet est autre, l'histoire, plutôt banale, aurait pu se dérouler n'importe où. Ce qui fait alors tout l'intérêt de cette comédie romantique douce-amère, ce sont les chansons qui la rythment et permettent aux personnages de s'exprimer davantage qu'avec leurs propres mots. Elle est prof de musique mais surtout une pianiste talentueuse à la carrière avortée, lui s'évade hors de son taxi grâce aux grands standards de la chanson française (Joe Dassin, Alain Barrière and co), quant au mari, c'est en gratouillant sa guitare qui accompagne ses mélancoliques chants russes qu'il tente desésperément de communiquer avec sa belle. Un film tout simple, qui connaît quelques longueurs, mais qui a su trouver sa manière bien à lui de se faire original et surprenant.
Le Caméléon, de Jean-Paul Salomé
C'est quoi ? Lorsqu'un jeune français désoeuvré décide de se faire passer pour l'enfant disparu d'une famille américaine.
Et alors ? Adapté d'une histoire vraie, Le Caméléon se propose de nous faire découvrir le fascinant Frédéric Bourdin-Fortin, jeune homme aussi complexe qu'incroyablement intelligent, à l'origine de plusieurs entourloupes, sa spécialité étant de se faire passer pour un enfant disparu revenant miraculeusement à la surface de la terre pour se trouver, le temps de quelques jours, semaines ou mois, au sein d'une nouvelle famille. Si le début du film s'attarde donc sur la personnalité dérangeante de cet arnaqueur professionnel, elle est vite mise de côté au profit d'un portrait plutôt glauque, mais sans grand intérêt et surprise lorsqu'on connaît l'issu de cette histoire vraie, d'une famille américaine carrément paumée. Aussi, ce que j'imaginais comme un film psychologique, est rapidement devenu un thriller de qualité moyenne, mettant en scène des personnages certes pas dénués d'intérêt mais qui ne m'ont pas donné ce que j'attendais. Malgré quelques rebondissements -assez convenus- je me suis trop souvent ennuyée, attendant vainement que le film décolle. Pris à son propre piège, la situation du jeune Frédéric-Mark au sein de sa nouvelle famille reste toutefois intéressante à regarder et à découvrir, surtout si on ne connaît pas le dénouement de l'affaire. A noter également la très belle interprétation d'Ellen Barkin, en mère toxico meurtrie et de Marc-André Grondin qui n'est pas QUE super sexy ^^
L'Illusionniste, de Sylvain Chomet, d'après un scénario de Jacques Tati
C'est quoi ? La rencontre entre un illusionniste sur le déclin et une jeune fille qui voit en lui un véritable magicien.
Et alors ? Comme je l'attendais ce film que je n'avais pas eu le temps de voir lors de sa sortie ! Sa bande-annonce et les critiques lues ici ou là ne faisaient que renforcer mon impatience, ce qui explique peut-être en partie ma déception. En partie seulement car, même si ce petit film d'animation m'a séduite par son esthétique pleine de charme et l'un de ses propos (la fin du music-hall), je n'ai pas réussi à entrer pleinement dans l'univers proposé ni à m'attacher aux personnages. J'ai trouvé l'ensemble de l'histoire sans grand intérêt, l'intrigue (au sens large) n'ayant pas grand chose à proposer. Aussi, je dois avouer que je n'ai absolument rien ressenti si ce n'est un cruel ennui alors que je m'attendais à bien plus que cela, évidemment.
Le mois de juillet commence plutôt pas mal avec cinq films qui me tendent les bras. Pour tout vous dire, j'en ai déjà vu deux, Millénium 2 et Splice mais chuuuuuuuut, je ne dirai rien ! Enfin si, Splice est vraiment super-super-super-chouette ^^
En revanche, je vais devoir attendre encore une journée avant de découvrir le film que j'attends avec la plus grande impatience depuis des semaines Tournée, de Mathieu Amalric, mon film chouchou lors du festival de Cannes, cela va de soi ! Je trouve Mathieu Amalric encore plus séduisant maintenant que je le sais amateur de New-Burlesque ^^
Font également partie de ma liste La Disparition d'Alice Creed, dont j'ai trèèèèèèèès envie de connaître le dénouement et Shreckounet bien sûr, même si je n'apprécie pas trop le fait qu'on soit obligé de le voir en 3D (et de payer 1 euro supplémentaire, bien entendu...).
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