Tante Mame, de Patrick Dennis

Il arrive parfois, qu'au merveilleux pays du livre, les choses soient bien faites. Comme cette réédition de Tante Mame, véritable best-seller américain ayant marqué le milieu des années 50, souvent adapté au cinéma comme à Broadway, mais tombé dans l'oubli depuis. Est-ce la très excitante rumeur selon laquelle Tilda Swinton devrait bientôt se glisser dans la peau de Tante Mame qui est à l'origine de ce petit miracle éditorial ? Ma foi, peu importe ! Savourons juste comme il se doit ce délectable petit pavé rose !

Car "délectable" me semble être en effet le mot juste pour le qualifier. Délectable mais aussi jubilatoire, positivement impertinent, truculent et carrément addictif. C'est que cette tante que nous invite à découvrir Patrick Dennis (de son vrai nom Everett Tanner III, s'étant inspiré de sa propre parente pour créer son personnage) est purement et simplement irresistible, un sacré bout de femme comme on aimerait, comme on devrait, tous en connaître.

Lorsque, au début du roman, nous faisons connaissance avec Mame, c'est en même temps que son neveu, Patrick, petit orphelin de dix ans. Alors que celui-ci a passé sa courte existence auprès d'un père froid et distant, il se retrouve soudainement propulsé dans l'incroyable univers de son excentrique tante. Les années 20 battent leur plein, New-York est en pleine ébullition et Mame, cette sacrée noceuse, passe son temps à recevoir ses amis, avec lesquels elle cause art et psychanalyse, fait la fête comme elle respire et dépense sans compter. Son "petit amour" de neveu découvre alors un nouveau monde, bien moins austère que celui qu'il a connu jusqu'alors et surtout, bien moins stable !

C'est que, voyez-vous, cette chère Tante Mame, qu'on ne serait pas étonné de trouver dans le répertoire d'Holly Golightly, est plus ascendant cigale que fourmi, plutôt du genre à se laisser vivre, à se laisser porter par les événements, qu'à prévoir. Et ce qui est merveilleux c'est que, même lorsque les choses vont de travers, elle ne se départ jamais de son éclatant sourire et ne laisse pas un gramme de sa bonne humeur légendaire s'envoler. Même la crise de 29, qui la laisse sur la paille et l'oblige à enchaîner les petits boulots, n'aura pas raison d'elle !

Mame est donc une femme pleine de ressources et surtout incroyablement gaie, légère,quelque peu frivole et superficielle mais avant tout généreuse et aimante. Son neveu, que l'on suit jusqu'à sa vie d'adulte, en verra de toutes les couleurs aux côtés de sa tantine qu'il devra parfois sortir de situations délicates, mais il ne pourra jamais dire qu'il a manqué d'amour et d'attentions. Il faut même avouer que, comme bien souvent le sont les personnes outrageusement exhubérantes, Mame se fait parfois très réflechie et amène son Paddy à prendre les bonnes décisions. Doucement mais sûrement.

Vous l'aurez compris, ce roman vaut en grande partie pour son personnage principal, aussi surprenant qu'attachant et fantastiquement fantasque. Mais il ne faut pas pour autant négliger ou mettre au second plan le style de l'auteur, incisif et élégant, son humour rempli de finesse, son sens du détail et de la répartie, ainsi que la construction très bien pensée et fortement agréable de ce petit bijou de la littérature anglo-saxonne. En effet, l'ouvrage se compose de plusieurs chapitres, chacun retraçant un grand épisode de la vie fabuleusement imprévisible de Tante Mame, un peu à la manière des Martine (à la plage, à l'école, au couvent -ah bon? il n'existe pas celui-là ?!-)  Aussi, on découvre Tante Mame Belle du Sud, façon Scarlett O'Hara, puis Tante Mame femme de lettres, tendance poète maudit, puis on la suit à l'université, où elle fait tourner les têtes de tous les camarades de son neveu, avant de la retrouver en mère poule de six petits monstres anglais pendant la Seconde Guerre mondiale.

Inutile de vous dire que j'ai passé un moment délicieux en compagnie de cette anti-conformiste de choc, impayable et incomparable, et que j'étais terriblement heureuse de la retrouver chaque soir, au détour d'un chapitre, aussi pétillant qu'une fraîche coupette de champagne.

Inutile également de vous dire que je n'ai pu m'empêcher de noter, et de souligner alors, que Mame n'est ni plus ni moins l'anagramme d'Emma... De là à me sentir telle sa nièce illégitime, il n'y a qu'un pas ;)

Comments

[Emma]

Manque absolu de retenue ?! C'est tout à fait ça, en effet !! Cette sacrée Mame est un drôle d epersonnage, comme on aimerait en croiser plus souvent dans les livres, et dans la vie aussi !

[Céline]

Je viens de le finir, et j'ai adoré ! Tante Mame est une femme extraordinaire : que d'énergie ! que de bonté ! et quel manque absolu de retenue !

[Emma]

OOohhhhhhhhhhhhhhhhh, je rougis ma Juju !!!!
T'es trop craquinette :)

[Emma]

Oh mais oui ! Tu as la chance de pouvoir trouver hyper facilement les livres en VO maintenant, il faut en profiter !

[Emma]

Ta maman t'a vraiment fait un très joli cadeau ! J'ai hâte de connaître ton avis ;)