Interview, au Studio des Champs-Elysées
Mes chers petits Pigs acoustiques,
Après avoir passé six jours loin des salles de ciné, j'ai rattrapé mon retard avec pas moins de six films cette semaine. J'aime les comptes ronds et cohérents. Le problème est qu'il me faut un peu -beaucoup- de temps pour rédiger mon article car je ne suis pas ce qu'on peut appeler une adepte de la méthode du "copier-coller" ^^.
Aussi, je vous ai concocté pour aujourd'hui un article-théâtre en attendant celui consacré au cinéma qui arrivera sur vos écrans demain matin, promis !
Mais finalement, avec cette pièce, l'univers du film ne se tient pas si loin.
Tout d'abord, un casting 100% ciné tient le haut de l'affiche puisque Interview réunie sur scène l'actrice Sara Forestier, révélée dans L'Esquive et récemment croisée dans Gainsbourg, vie héroïque, et Patrick Mille, éternel Chico de NPA et des publicités Universal Mobile, mais surtout ancien professeur au cours Florent (oui, j'essaye de redorer son blason quelque peu terni par la première information ^^) et très chouette acteur récemment vu dans Crime d'Amour mais surtout connu des fans de la série Clara Sheller, dont je fais partie.
Par ailleurs, la pièce n'est autre qu'une adaptation du film Interview du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, sorti en 2003, auquel Steve Buscemi avait choisi de rendre hommage avec une version américaine sortie en 2007, se mettant lui-même en scène face à Sienna Miller.
Vous voyez, je ne vous mentais pas en vous disant que le cinéma n'était pas bien loin ;)
Si Patrick Mille avait déjà mis en scène Sara Forestier en 2008, c'est la première fois qu'on peut les voir se donner la réplique et il faut dire que leur duo fonctionne plutôt bien. Ils campent ici deux personnages que tout oppose :
Lui est Pierre Peters, un grand reporter et journaliste politique, du genre sérieux et chiant, qui semble avoir déjà vu et enduré toute la misère du monde, elle, c'est Katya, une starlette du petit écran, connue pour ses amours débridées, et manquant parfaitement d'authenticité puisque chez elle, tout est faux, de son prénom à son talent en passant par sa poitrine qu'elle augmente et diminue sans raison. Aussi lorsque Pierre se retrouve face à elle, forcé de l'interviewer, il le vit comme une punition. Katya, elle, s'en amuse. Elle voit bien qu'il est blasé, elle est elle-même habituée aux fausses rumeurs lancées par les journalistes à scandale et ne semble pas vouloir prendre au sérieux cette fameuse interview. Entre séduction et agressivité, celle-ci ne tarde pas à déraper pour devenir un affrontement sans pitié entre deux personnes qui se méprisent mais se ressemblent pourtant étrangement. En effet, au fil de l'heure qu'ils passent ensemble, à se hurler dessus, à se tester, à se détester, Pierre et Katya repoussent toujours plus loin leurs limites, font jaillir des vérités qui blessent, des souvenirs enfouis, se font des révélations qui pourraient très bien nuire non seulement à leurs carrières respectives mais aussi à leurs vies. On s'aperçoit alors que malgré leur différence de classes et de culture, le plus fin des deux n'est pas toujours celui sur lequel on aurait parié d'emblée.
Ayant vu et beaucoup aimé le film de Buscemi, le suspense de l'intrigue ne m'a pas particulièrement tenue en haleine et c'est une situation dont j'ai pu tirer avantage puisque j'ai pu me concentrer sur le jeu des acteurs et la mise en scène résolument épurée, moderne et réussie, signée Hans Peter Cloos, déjà à l'origine de celle de Solness, le constructeur dont je vous parlais il y a quelques semaines. Est-ce pour cette raison que je n'ai pas été plus emballée que ça par cette pièce ? Sans nul doute. Alors que je trouve le film de Buscemi très fin et subtile, tout m'a semblé vulgaire et grossier ici. Les personnages sont caricaturaux, manquent de profondeur et leur face à face semble puéril, leurs révélations pourtant essentielles jaillissant de manière beaucoup trop facile et attendue. En résumé, tout ça n'est absolument pas crédible et paraît sans aucun fondements. Et c'est bien dommage car les acteurs sont vraiment très bons (et très beaux, il faut bien le dire ^^) chacun dans leur rôle et le décor m'a beaucoup plu : sur une scène étonnament petite et avec très peu d'éléments, on parvient à imaginer l'immense loft de Katya sans peine.
Du très bon et du beaucoup moins, ce qui ne vous aidera probablement pas à vous décider si vous hésitiez à voir cette pièce, mais je serais curieuse de connaître l'avis de spectateurs n'ayant jamais vu l'un des deux films.
Interview, au Studio des Champs-Elysées, jusqu'au 31 octobre.
Il faut encore que je vous parle de Rendez-vous, vu également ce week-end, mais cela ne m'empêche pas de feuilleter mon agenda et d'annoncer la prochaine pièce au programme cette semaine : Chien-Chien.