Les films du mois de janvier, partie I
Rien ne va plus : parler de films sortis l'avant-dernière semaine de décembre alors que janvier est déjà bien entamé, ce n'est vraiment pas possible. Il faut absolument que je reprenne cette rubrique en mains ; elle ne supporte pas l'anarchie. Afin de ne pas faire de vous des Chupa Pigs farcis, je vous propose une review-ciné en deux temps : une première fournée de films aujourd'hui, une seconde mercredi.
ça vous va ?!
Les Emotifs anonymes, de Jean-Pierre Améris
Les Emotifs Anonymes est, à bien des égards, une délicieuse comédie romantique, parfaite en cette fin d'année (bon, ok, elle fait aussi très bien l'affaire en début d'année). Les personnages qu'elle met en scène y sont bien sûr pour beaucoup. Jean-René, patron d'une chocolaterie en perte de vitesse et Angélique, talentueuse chocolatière, ont la particularité d'être hyper-émotifs. Si leur handicap n'est pas facile à vivre lorsqu'ils se trouvent chacun dans leur coin, il ne leur facilite pas la vie lorsqu'ils tentent quelques rapprochements. Ce qui aurait pu être une banale romance donne alors lieu à des situations rocambolesques, souvent pénibles à vivre pour les amoureux, toujours plaisantes à observer pour le spectateur. Les rôles sont ici parfaitement distribués : Benoît Poelvoorde campe un grand benêt idéal tandis qu'Isabelle Carré, avec son mutin minois, fait une parfaite ingénue. Par ailleurs, grâce à son esthétique agréablement désuète, le film -à l'image des plus belles histoires d'amour- ne s'encombre pas du temps qui passe. Décors et costumes inspirés et stylisés, charmant détour par la comédie musicale, on retrouve dans Les Emotifs Anonymes un petit quelque chose de l'univers de Jacques Demy, qui fait toujours autant de bien au moral. Tout comme un petit choco crousti-fondant ^^
Bas-fonds, d'Isild le Besco
Isild le Besco étant MA révélation de l'année (j'insiste bien sur le MA, Isild ne m'ayant pas attendu pour se révéler), j'étais aussi curieuse qu'enthousiaste à l'idée de voir Bas-fonds, son tout dernier film en tant que réalisatrice. S'inscrivant dans la même logique que ces précédents "méfaits", il s'agit d'un film qui, à l'instar des jeunes femmes qu'il met en scène, ne peut être qualifié d'aimable mais plutôt d'habité et sans concession. Si la relation -entre chaos, violence et misère- qui lie les personnages ne peut que nous mener vers une réflexion faite de truismes sur l'antagonisme monstruosité/ humanité, elle n'en demeure pas moins un parfait prétexte pour nous sortir du confortable cocon dans lequel on tente, un peu trop souvent, de nous loger. Pour mieux nous endormir, évidemment. Avec la distance nécessaire à la pertinence de son propos et une mise en scène qui sait se faire oublier, Bas-fonds est sans aucun doute le film le plus intéressant de ces derniers mois, par sa bienfaisante radicalité. Qu'il soit la proposition d'une jeune femme de vingt-huit ans ne fait qu'ajouter à l'attention qu'il mérite.
Another Year, de Mike Leigh
Boire (beaucoup) et déboires d'un petit groupe de gens ordinaires, au fil des saisons, qui apparaissent comme les quatre actes d'une pièce sur la solitude, le bonheur des uns et le malheur des autres. Parmi ces représentants de la middle-class se trouve Tom et Gerry, couple uni et presque trop parfait, deux bonnes âmes qui voient défiler dans leur jardin et leur cuisine tous les laissés-pour-compte qui forment leur cercle d'amis. Tout particulièrement Mary, jolie blonde vieillissante qui tente de noyer sa déprime dans la boisson et un flot incessant de paroles vaines. Aussi, lorsque celle-ci s'intéresse d'un peu trop près au fils trentenaire de ses amis, leur belle amitié en prend un coup. Mais le temps passe... Tout s'efface et la vie reprend comme s'enchaînent les saisons, puisque finalement si le malheur des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres, il leur apporte souvent un certain réconfort. On peut en effet se demander qui profite au mieux de la situation : les amis dépressifs qui trouvent un peu de joie chez Tom et Gerry ou ces derniers qui, confrontés aux échecs de leurs connaissances, ne peuvent que jouir davantage de leur bonheur ? Sans avoir l'air d'y toucher, Mike Leigh soulève des questions qui nous concernent tous et, à travers des dialogues incisifs et quelques scènes profondément humaines, livre des bribes de réponses. Néanmoins, si Another Year m'a indéniablement séduite par son propos tout en sensibilité, son rythme singulier, pertinemment contemplatif, m'a terriblement ennuyé en devenant lassant, sur une durée de 2h10.
Love, et autres drogues, d'Edward Zwick
Il est beau et l'avenir lui sourit, elle est sexy et libérée mais atteinte d'une maladie incurable. Ce qui devait être l'affaire d'une nuit devient, malgré les obstacles, l'histoire d'une vie. Terriblement conventionnel, sans surprise ni rebondissement, Love et autres drogues est une énième comédie romantique qui n'a d'autre intérêt que son duo d'acteur, aussi charmant que pétillant. Le coup de la jeune femme pleine d'entrain qui voit sa vie lui filer entre les doigts et du chevalier moderne qui prend, au nom de ses nobles sentiments, le risque d'une vie très compliquée alors qu'amour, gloire et beauté lui sont promis, est tellement éculé qu'il en devient insultant pour le spectateur, condamné à regarder se jouer pour la millième fois sur grand écran les mêmes âneries. A oublier.
Les yeux de Julia, de Ghuillem Morales
Très déçue par les films-qui-font-peur auxquels nous avons eu droit en 2010 (seul Esther tire son épingle du jeu), j'attendais avec impatience de découvrir Les Yeux de Julia, émoustillée par le nom accrocheur de Guillermo del Toro. J'espérais un scénario bien ficelé, une ambiance travaillée, anxiogène, plutôt malsaine, aux frontières du fantastique, une histoire qui fait froid dans le dos, des images saisissantes de beauté, tranchant avec l'horreur de l'action. Malheureusement, je n'ai rien trouvé de tout cela dans ce vrai-faux giallo de pacotille, truffé d'invraisemblances qui plombent un scénario déjà mis à mal par des dispositifs mille fois utilisés qui annulent tout effet de surprise. Une épouvantable arnaque.
Libre-Echange, de Serge Gisquière
Si je devais lister les défauts de ce film, je serais bien embêtée, incapable de décider par lequel commencer. Je vais donc me contenter de n'en citer qu'un seul : son scénario digne d'une publicité Pampers. Nul.
Voilà les Chupa Pigs, c'est fini !
On se retrouve mercredi -si tout va bien- pour une nouvelle fournée de films. Sont prévus au programme : Rendez-vous l'été prochain, Somewhere, Le sentiment de la chair, La chance de ma vie et Sound of Noise.