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Vilaine Fifi
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10 février 2011

Les films du mois de février, partie I

Je ne vais pas vous refaire le coup des excuses en guise d'introduction. Vous devez, de toute façon, être blasés mes pauvres Chupa Pigs et avoir compris qu'ici c'est un peu Anarchy in the U.K.

Passons donc directement aux choses sérieuses avec les films de ce début de mois (et un petit rattrapage).

un__t__su_doisUn Été suédois, de Fredrik Edfeldt

C'est quoi ? Une fillette de dix ans, trop jeune pour suivre ses parents partis pour une mission humanitaire en Afrique, se retrouve condamnée à passer l'été avec une tante instable qu'elle ne connaît pas. Préférant demeurer seule que mal accompagnée, elle parvient, par un stratagème qui prête à sourire, à se débarrasser de cette dernière. Elle connaît alors les bonheurs et inconvénients de la solitude ainsi que les splendeurs et misères de l'enfance qui feront, en peu de temps, de la petite fille intelligente une adolescente réfléchie.

Et alors ? Coup de coeur de la semaine, Un Eté suédois est assurément le film de ce début d'année qu'il ne fallait pas manquer. Premier long métrage du réalisateur, il traite d'un thème mille fois exploré d'une manière très personnelle, douce et pudique en proposant une mise en scène délicate qui laisse toute la place aux émotions, parfois contradictoires -puisqu'il s'agit d'un parcours initiatique- toujours très fortes. S'il est impossible de rester indifférent devant le visage à la fois terriblement sérieux mais si juvénile de la parfaite Blanca Engström, l'ambiance qui nous berce tout au long de ses aventures confine au miracle. Paysages bucoliques gorgés de soleil, douce lumière comme au sortir d'un rêve, bande-son planante, on retrouve dans ce film un petit quelque chose de l'univers surréaliste de Roy Andersson et la douce langueur qui fait la marque de Sofia Coppola.

un__t__su_dois2

(Toi, lecteur curieux qui, caché derrière ton écran, te demandes à quoi peut bien ressembler la maîtresse de ces lieux, voici une partie de la réponse avec cette version suédoise d'une mini-moi ^^.) (Ne riez pas, les Pigs, c'est une ressemblance qui m'a troublée pendant toute la durée du film.)

J'ai été totalement charmée par ce petit bijou qui semble sans âge. Il est en effet impossible de relier l'histoire de cette fillette à une époque. Seule indication fiable : ses parents -détestables personnes qui se donnent bonne conscience en jouant les bonnes âmes au détriment de leur propre enfant- se sont envolés sauver l'Afrique du fléau Sida. Néanmoins, on sent planer sur ce film une forte influence 60's-70's qui n'est alors pas sans rappeler les superbes tableaux vivants qui peuplent A Swedish Love Story. Un Eté suédois relate donc une expérience qui ne cesse de se renouveler, celle de la vie. En effet, au cours de ses quelques jours de liberté, la fillette -dont on découvre l'intelligence et la vivacité dissimulées sous un caractère très introverti-  vit un condensé des plus grandes émotions, des plus importants événements qui font une vie pleine de richesses. Qu'elle court autour d'une table, toute seule, grimée en petite Africaine, qu'elle observe son intimité dans un miroir, qu'elle découvre la cruauté de certaines personnes ou l'importance de l'amitié, chaque découverte l'amène à s'épanouir, à grandir et à atteindre l'étape suivante. Une très belle réussite d'un réalisateur à suivre de près.

slovenian_girlSlovenian Girl, de Damjan Kozole

C'est quoi ? Aleksandra, jeune étudiante de 23 ans bien décidée à voler de ses propres ailes dans la capitale slovène, se prostitue pour pouvoir gagner son indépendance et s'offrir une vie meilleure et épanouie. C'est sous le nom de The Slovenian Girl qu'elle trouve les clients auxquels elle s'offre avec un parfait détachement jusqu'à ce qu'un proxénète la menace l'obligeant à mettre un terme à ses activités lucratives.

Et alors ? L'Europe de l'Est pour toile de fond, la prostitution estudiantine pour thème central, Slovenian Girl est un film qui aurait très facilement pu tomber dans le sordide et/ ou le larmoyant. C'était sans compter un casting sans faille avec, à sa tête, Nina Ivanisin, absolument saisissante, avec ses faux airs d'Asia Argento. Loin d'être vulgaire, ni paumée, ni dépressive, elle campe une étudiante toute simple qui, sans avoir la folie des grandeurs, souhaite juste se donner une chance de réussir même si, pour cela, elle doit donner de sa personne. On est évidemment bien loin du glamour du Journal Intime d'une call-girl mais aucune scène glauque ne nous est imposée et le côté thriller de l'histoire ajouté à sa pertinence font de Slovenian Girl un film prenant et intéressant.

slovenian2

Le casting ne serait pas complet sans ses seconds rôles qui apportent énormément au film, tout particulièrement le père d'Aleksandra, sympathique rocker sur le retour, désenchanté mais refusant de baisser les bras par amour pour sa grande fille qu'il a élevée seul. Les passages où celle-ci trouve refuge dans l'appartement qui l'a vue grandir, auprès d'un père aimant et maladroit, sont des petites bouffées d'oxygène qui rendent encore plus terrible la spirale infernale dans laquelle on voit la jeune femme s'enfermer malgré elle. Un film qui parvient à livrer un message fort sans se sentir obligé de choquer à tout prix. Bravo !

caranchoCarancho, de Pablo Trapero

C'est quoi ? La rencontre entre un avocat peu scrupuleux qui profite des accidentés de la route pour faire son beurre et d'une urgentiste, toxicomane à ses heures dans Buenos Aires by night.

Et alors ? Totalement emballée par sa bande-annonce musclée, j'attendais avec grande impatience de poursuivre ma découverte du cinéma argentin grâce à Carancho. Corruption, drogue, magouilles et flic véreux, son univers nocturne et malsain nous plonge sans peine dans une ambiance poisseuse de laquelle on a envie de se détacher tout en demeurant fasciné. Sur ce point Carancho est une belle réussite. Même constat lorsqu'on se penche sur le casting mené par un duo d'acteurs complices et complémentaires -Martina Gusman et Ricardo Darin)- qu'on a déjà pu croiser dans deux très bons films argentins, Leonera et Dans ses yeux (mais aussi Amorosa Soledad et XXY aux côtés de l'excellente Inés Efron). De très gros atouts pour un film qui aurait dû m'enchanter mais qui m'a assez rapidement ennuyée par sa construction trop bancale et son rythme indécis : l'histoire se traîne trop longtemps pour finalement accélérer trop vite sur la fin. Dommage. Carancho reste un film à voir néanmoins.

discoursLe Discours d'un Roi, de Tom Hooper

Inutile de résumer ce film dont on a déjà beaucoup, beaucoup, beaucoup parlé (et ce n'est pas fini ^^). Loin d'être un simple biopic sur les têtes couronnées, réservé aux inconditionnels de Stéphane Bern, Le Discours d'un Roi dresse le portrait sensible d'un homme dépassé par un destin qui lui est imposé. Je ne maintiendrai pas le suspense plus longtemps : je n'ai pas été bouleversée par ce film ni même véritablement touchée. Je ne nie pas néanmoins l'avoir suivi sans déplaisir mais je regrette de n'avoir pas été surprise. S'il y a quelques semaines, certains se déchainaient contre Sofia Coppola et l'ennui mortel inspiré par Somewhere, j'ai à mon tour envie de taper sur les doigts d'un film à la réalisation si tristement classique qu'il en devient chiant. Trop parfait. Vous savez, comme les fayots du premier rang à qui on n'a rien à reprocher et pourtant envie de mettre des claques toute la journée. Et oui, je suis la fausse mauvaise élève, au fond de la classe, près du radiateur, qui roule ces clopes pendant le cours et arrive toujours en retard, un gobelet de café à la main pour signifier "je t'emmerde". Mais -ne partez pas, revenez !- je suis aussi la bonne camarade, malgré un manque certain de solidarité-, et j'ai donc été enthousiasmée par la dimension Buddy Movie de la chose. Il faut dire que le personnage de l'orthophoniste, acteur shakespearien frustré qui se paie le culot d'être Australien, est irrésistiblement pince-sans-rire et, de ce fait, craquant.

discours2

L'amitié que l'on voit naître entre ce va-nu-pieds exotique et celui qu'il s'obstine à appeler Bertie est incontestablement touchante et donne souvent lieu à des scènes amusantes et décalés. Pour finir, je dois ajouter que si l'on chante partout les louanges de Mr. Firth -dont la prestation m'avait bien plus éblouie dans A Single Man-, je retiendrai principalement de ce film l'étonnant cabinet de l'atypique Dr. Logue, avec ce mur fascinant qui semble vivre sa propre vie. Impressions mitigées donc pour un film pas désagréable du tout mais dont la netteté finit par devenir étouffante.

Terminé pour cette semaine ! Et avec le peu de nouveautés tentantes, je risque fort de revenir très bientôt pour vous parler de Black Swan et de Qui a envie d'être aimé ?

Et vous, les Chupa Pigs, depuis le temps que nous n'avons pas parlé cinéma par ici, quels sont vos derniers coups de coeur et déceptions ?

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Commentaires
P
J'ai beaucoup aimé le discours d'un roi.<br /> déjà je ne connaissais pas ce roi, je ne suis pas très au fait de l'histoire de la famille royale, donc comme ça j'ai comblé un trou de culture^^<br /> moi ce film ma beaucoup plu, je suis bon public donc pas difficile ^^<br /> j'ai adoré les 2 acteurs principaux ils m'ont beaucoup fait rire.
M
C'est drôle, on a eu des impressions contraires sur "Le Discours d'un roi" et "Somewhere" ;-)) chacune notre tour on n'a pas été convaincues, sans avoir détesté, c'est amusant. Je te rejoins sur la deuxième partie de ta critique, le côté "buddy movie".<br /> Moi j'étais la bonne élève toujours au premier rang (sauf en gym où je cherchais plutôt à me cacher), surtout pour cause de petite taille, mais aussi parce que j'avais envie de bien voir et bien entendre (ce qui ne m'empêchait pas de bavarder au nez et à la barbe des profs).<br /> "fausse fayote" car je n'ai jamais apprécié les "chouchous" et je n'ai jamais su cirer les pompes et bien me placer auprès des bonnes personnes... ce qui m'interdit un peu toute carrière universitaire... Pardon pour ce long aparté ;-)
L
Moi j'aime bien l'anarchie sur ton blog ^^ <br /> Déjà parce que l'idée me plaît et encore plus parce que les billets se suivent sans se ressembler et me font découvrir de nouvelles choses, encore et encore.<br /> Donc, je n'ai pas vu grand chose des films cités, je m'instruis (hû hû) et quelques uns, du coup, attisent ma curiosité, "Un été suédois" surtout !<br /> En revanche, je me suis vraiment laissée aller par "Le discours d'un roi" et avec moi, ça a fonctionné. Je te rejoins sur l'aspect un peu trop "parfait" qui ne m'a pas convaincue à 100% mais pour le reste, j'ai vraiment beaucoup apprécié. Tu liras sans doute ma critique quand je l'aurai préparée, confronter nos avis, ça le fait, et encore plus en vrai d'ailleurs ;)<br /> Et d'ici là, hâte que tu nous évoques "Black Swan" que j'ai, pour ma part, littéralement a-do-ré !!<br /> Plein de bisous ma jolie Emma :)
M
Comme d'habitude tes critiques me donnent très envie! J'aimerais beaucoup voir les deux premiers films...et en effet en voyant la photo - et avant de lire ta légende - je me suis dit que tu devais ressembler à cette petite fille il y a quelques années...;o)<br /> <br /> J'avoue ne pas être étonnée de ton avis sur Le Discours d'un Roi, car après tant de tapage médiatique et de louanges, je peux très bien comprendre que l'on puisse être déçu. L'ayant vu début décembre en ne sachant pas trop à quoi m'attendre, je l'avais adoré, mais c'est vrai que c'est un film plutôt "lisse". L'histoire m'a beaucoup touchée et c'est aussi pour ça que je l'ai aimée, un peu comme toi avec "Somewhere"! Et tu as raison, on ne parle paeut-être pas assez de l'orthophoniste, qui est vraiment super.<br /> <br /> Ce soir je vais voir "Never let me go" avec Carey Mulligan et Keira Knightley, j'espère que ce sera mon prochain coup de coeur! Affaire à suivre... Gros bisous et très bon week-end Emma!!!
M
Whaou, vous êtes raccord avec Bliss pour les critiques ciné ;-)<br /> je te lirai un peu plus tard, surtout quand j'aurai vu "Le discours d'un roi" tant attendu !
Vilaine Fifi
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