Les films du mois de mars, partie I
Incroyable ! Depuis que je passe moins de temps à entretenir ce petit espace, c'est sa partie culturelle qui est sacrifiée, cette rubrique-ciné tout particulièrement, alors que c'est pour moi ce qui compte le plus. Ceci explique sans doute cela : j'y consacrais énormément de temps afin de vous offrir des articles pas trop mal construits (c'est tout de même vachement plus simple de vous déballer mes cadeaux de Noël ^^). J'accumule donc un certain retard, avec pas mal de films à chroniquer, sans parler de ceux prévus pour ce week-end et une dizaine de livres lus, notamment dans le cadre du Challenge ABC, dont je dois vous parler (attendez, je m'arrache les cheveux, je hurle et je reviens : aaaaaaaaaahhh !!! Voilà, ça va mieux).
C'est alors en gardant un oeil sur Grey's Anatomy que je rédige en urgence cette première partie des films du mois de mars (Cristina Yang- ce monstre d'égoïsme- vient de pleurer et mon monde de s'effondrer du même coup). Il faut donc s'attendre à des critiques assez brèves et, sait-on jamais, tachetées de sang. !
La petite chambre, de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
Petite perle de début de mois, La petite chambre évite tous les pièges du film tire-larmes insupportable grâce au regard subtil et poétique que les deux réalisatrices ont su poser sur l'âme humaine. Les deux personnages au coeur de cette rencontre sont tous deux d'une grande vulnérabilité : elle, (toujours parfaite Florence Loiret-Caille) frêle infirmière que l'on imagine habituellement fonceuse, peine à se remettre de sa récente fausse-couche tandis que lui, (l'incontournable Michel Bouquet) tient tête à son fils indigne qui -pour pouvoir s'envoler tranquillement pour les Etats-Unis- souhaite le placer dans une maison de retraite, l'obliger à abandonner ses plantes, sa musique classique et le souvenir de son grand amour. Deux êtres blessés entre lesquelles des liens solides vont se nouer pour, enfin, les libérer. Facile, pensez-vous. Le petit vieux en fin de vie, la jeune femme meurtrie, un coup de baguette magique nommée solidarité, et hop ! Tout va mieux. En effet, les choses, sur le grand écran, auraient pu se passer ainsi mais ce film est doté du petit supplément d'âme qui fait toute la différence. Il a sa propre petite musique qui ne nous fait jamais vraiment rire mais souvent sourire, presque pleurer, nous laisse les larmes au bord des yeux, le coeur serré d'émotions contradictoires et nous ramène à la vie. Un très très joli film comme on aimerait en voir plus souvent mais qui sera sans doute passé inaperçu, malheureusement.
True Grit, d'Ethan et Joel Coen
Rarement séduite par les films des frères Coen, la bande-annonce de True Grit a pourtant immédiatement réussi à me mettre dans leur fouille, tout aussi intriguée que confiante. Avec son casting royal (aaaah, Jeff Bridges...) et son ambiance décalée, ce western à la sauce Coen était en tout point prometteur et s'est révélé à la hauteur de mes espérances. Largement. Comme toujours chez eux, nous trouvons une galerie de personnages totalement barrés : de l'épave forte en gueule à la gamine précoce au tempérament de feu, en passant par le Texas Ranger un peu trop propret et tous les autres, chicots pourris en avant et regards de hyène, ils n'ont de cesse de nous surprendre par des répliques qu'ils échangent plus vite que leur ombre. Chez les Coen, le cowboy est, en effet, (très) bavard et évolue dans une traditionnelle ambiance moite et poussièreuse mais également loufoque et délicieusement burlesque, pour un résultat jubilatoire qui, tout en utilisant à bon escient les codes d'un genre indémodable, le transcende pour nous offrir une oeuvre vibrante et novatrice. Tous ces très bons points seraient peu de chose sans une mise en scène de qualité, impressionnante dans son genre, et un sens inné du détail. Une plongée au coeur des grands espaces, une invitation au voyage à saisir sans hésiter.
Jewish Connection, de Kevin Asch
"J'y vais, j'y vais pas", voici la question cruciale qui me taraudait depuis plusieurs jours (semaines, même) dès que je pensais à ce film, et qui me tenait toujours une fois ma place en main, si bien qu'une fois décidée, je me suis retrouvée coincée au troisième rang, le nez collé sur l'écran géant d'un multiplexe. ça me fera les pieds ! D'autant que le chouette moment passé en compagnie de Jesse Eisenberg m'a fait amèrement regretter mon hésitation. Jewish Connection est fidèle à sa bande-annonce, pour ceux qui l'auraient vu. Pour les autres, il s'agit d'un film -inspiré d'une histoire vraie- très efficace, que l'on suit avec plaisir, sans se perdre, sans s'ennuyer non plus (l'alternative qui tue et qui était à l'origine de mon dilemme). J'ai suivi avec intérêt cette histoire complètement dingue, mais qui paraît pourtant si simple, de trafic de drogue au coeur des 90's, entre New-York et Amsterdam, via d'innocents Juifs orthodoxes, et pris plaisir à découvrir l'ascension puis la descente aux enfers de Sam, jeune homme à la personnalité complexe, coincé entre famille, tradition, ambition et pouvoir. Un apprentissage de la vie sans grande surprise mais loin d'être inintéressant qui gagne en intensité grâce au jeu inspiré de Jesse Eisenberg, décidément très bon dans les rôles tout en nuances.
Les femmes du 6° étage, de Philippe Le Guay
Lâchement abandonnés par leur bonne bretonne, un couple de bourgeois 60's, shootés à la naphtaline doivent se résoudre à embaucher une Espagnole. Bonne pioche pour Monsieur, Maria est jeune, jolie, pétillante et sait astiquer l'argenterie. Sous le charme, il découvre alors le monde caliente des femmes du sixième étage. Elles fument, parlent fort, font la fête, dansent et ont un coeur gros comme ça. Chabadabada sous les combles, le coeur de Monsieur s'emballe et... le film s'essouffle à trop hésiter entre deux genres : la comédie romantique et la satire sociale. Au final, il passe à côté des deux en se faisant aussi mièvre que ridicule. Reste juste les acteurs pour sauver l'ensemble : la brochette d'actrices hautes en couleurs plutôt plaisantes, un Luchini moins auto-caricatural qu'à son habitude et, excellente surprise pour moi, une Sandrine Kiberlain parfaite en pimbêche collet-monté.
Sex Friends, de Ivan Reitman
Plutôt bonne cliente de com-rom, pas trop regardante sur la qualité du scénario et des dialogues, j'ai été autant déçue par Sex Friends que je l'avais été par Love et autres drogues il y a deux mois. Je n'ai pas esquissé le moindre début de semblant de sourire pendant les 90 minutes qui m'ont semblé une éternité. Et les acteurs n'ont rien pu sauver, pas même Natalie Portman qui trouve le moyen d'être insupportable. Personnages inconsistants, histoire cousue de fil blanc et à laquelle on n'a pourtant pas envie de croire : mauvais choix pour un dimanche déjà triste à pleurer.
La rédaction de cette article s'achève avec la fin de la saison de Grey's Anatomy. C'est donc la larme à l'oeil que je vous abandonne, en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire ces trois prochaines heures, sans parler des prochains mercredis soirs sans Meredith, Lexiclopédie et tous les autres. Snif !
Rendez-vous en début de semaine prochaine pour la suite des réjouissances avec au programme, si tout va bien : 127 heures, Avant l'aube, Sans identité, Never let me go et La permission de minuit. Et si tout va vraiment SUPER bien, nous nous retrouverons quelques jours plus tard avec les nouveautés de la semaine : La Ligne droite, Fighter, Dharma Guns, We Want Sex Equality sans oublier deux rattrapages en vue : Le roman de ma femme et Winter's bone.
Depuis le temps que nous n'avons pas parlé ciné, quels sont vos derniers coups de coeur et déceptions ?