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Vilaine Fifi
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19 novembre 2011

Ta chair est tendre

Plus de deux semaines sans qu'une note n'ait été postée ici... Pauvre blogounet délaissé (faudrait que j'pense à le soulocationer). Comme toujours, les jours défilent et je ne les vois passer que de loin, de très loin, depuis une salle de concert parisienne ou amiénoise (ou la Super Battle : Festival les Inrocks vs Picardie Mouv') (large victoire de l'outsider) (Mademoiselle K, The Do, Metronomy et The Kills, tout de même) (Putain, The Kills !!!!), de cours ou de danse, d'un musée (j'aimerais tant vous parler de la rétrospective Diane Arbus, aussi palpitante que l'ECG d'un mort-vivant) ou d'un théâtre (Johnny, Fanny, Isabelle,...). 

Mais le plus souvent, c'est encore et toujours devant un grand écran que vous avez une chance de me trouver. Car même si après une saison printemps-été des plus réjouissantes, le Septième Art couleurs d'automne semble en période d'hibernation, les propositions alléchantes ne manquent pas. Encore faut-il garder les yeux grands fermés lorsqu'on passe devant certaines affiches dégueulasses (enfin débarrassés des sourires idiots des deux intouchables) et ne pas toujours céder à l'appel du "navet-qui-détend" qui n'est rien d'autre qu'une perte de temps déguisée. M'est avis.

bonsai afficheMalheureusement, comme le temps d'écrire ici vient souvent à me manquer, les billets-ciné que je prenais grand plaisir à rédiger sont portés disparus. Je saisis donc une petite heure au vol pour vous dire quelques mots d'un film sorti récemment (le 9 novembre) et qui a su charmer mes sens et enflammer mon petit coeur. Comme toute pépite, Bonsai pourrait ne pas être facile à dénicher puisqu'à Paris il est projeté dans une seule et unique salle (le MK2 Beaubourg, fidèle au poste), ce qui est fort dommage mais (positivons) lui donne encore plus de valeur.

Il aura suffi d'une carte postale chipée dans un cinéma du Quartier Latin au cours du printemps pour que ce film devienne ma petite obsession, guettant sa sortie mois après mois.

"In the end, Emilia Dies and Emilio does not die - A story of love, books and plants", voilà ce que disait la carte en question. Un message délivré, une fin annoncée -comme si celle-ci n'avait finalement pas d'importance-, et trois mots-clés, que l'on retrouve traduits sur l'affiche française, "amour", "littérature" et "botanique". Je n'ai pas la main verte (même si j'aime qu'on m'offre des fleurs ;)), mais j'imagine volontiers vivre d'amour et de livres frais. Ma curiosité était donc piquée, ma sensibilité touchée : pourquoi Emilia devra-t-elle mourir, entourée par tant de douceurs ? Quel sera le rôle des livres dans cette histoire d'amour qui, manifestement, finira mal ? Et pourquoi ? Et si ? Et comment ?

C'est donc début novembre, de longs mois après cette première rencontre avec Emilia et Julio, que j'ai pu obtenir quelques réponses à mes questions, devenues secondaires dès les premières minutes de ce film qui m'a littéralement envoutée. Bonsai, second long-métrage du réalisateur chilien Cristian Jimenez, dresse le double portrait de Julio, étudiant lunaire puis, huit ans plus tard, écrivain nébuleux, un brin menteur, qui ne cesse de tourner des pages. Celles écrites par Proust qu'il prétend avoir lu(es) puis celle des carnets qu'il noircit d'encre et d'autres substances sombres (pour faire plus vrai), feignant, encore et toujours, d'assister un grand écrivain. In the end, d'omission en supercherie, Emilio rencontre l'amour et trouve son style. Plutôt pas mal pour un barbu dégingandé.

bonsai2

Il faudrait maintenant que je vous parle d'Emilia, jolie brune toujours un peu ailleurs, le regard perdu au loin, le sourire discret et l'air mystérieux. Elle ne se sépare jamais de sa tassé de thé (qui l'accompagne même sous la douche), rarement de son t-shirt à la gloire des Ramones ; elle porte en elle une douce mélancolie qui déstabilise comme elle fascine. Mais je n'irai pas plus loin, ce personnage complexe et fragile comme une histoire d'amour ne se livre pas facilement. Respectons cela.

Bonsai, film délicat et plein de charme, m'a donc séduite par ses personnages à la fois singuliers et tellement familiers, attachants car détachés de tout sauf de l'essentiel, des mots et des sentiments. Cette ode à la littérature -celle qu'on lit et qu'on écrit mais surtout celle qui console, qui apaise et se mêle à la réalité- se fait également désarmante de sensualité lorsque les corps des amants se frôlent et s'enlacent entre deux pages de roman lues dans le petit lit qu'ils partagent, rituel nocturne si simple et infiniment séduisant.

Il serait peut-être bon ici de noter que Bonsai est adapté du premier roman d'Alejandro Zambra. Littérature, littérature,...

bonsai

Il n'est pas nécessaire d'aller plus loin sinon pour écrire clairement ce qui a été jusqu'alors sous-entendu. Bonsai offre une vision de l'amour incroyablement moderne et romantique, entre fiction et souvenirs. Un brouillage des pistes à l'image des personnages, jeunes adultes à la recherche d'eux-mêmes, vulnérables tels deux petits arbustes à la beauté obscure.

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Commentaires
A
Je ne peux m'empêcher, en réaction au commentaire de Myriam, de mettre ici un lien vers un article paru dans Slate hier ou aujourd'hui, sur la recrudescence des commentateurs bilieux. <br /> <br /> En voici un petit aperçu qui, je l'espère, aura l'heur de te faire rire, ou au moins sourire :<br /> <br /> "[...] The commenter is justifiably angry at the encroachment on his time by the offending article. After all, since he has been tied down with rope and physically forced to read the article all the way to the end, this resentment is justified. “Why do we read this kind of drivel?” one commenter asks, and that would pretty much be the question that suggests itself. Why not just put it down, walk away? (As one non-angry commenter puts it, “The internet is big. Go somewhere else.”) We can only conclude that there must be part of the ritual that the angry commenter enjoys, some small thrill in hating something and being able to voice how resentful he is of the precious time that article has robbed him of.<br /> Now it’s easy to see how one might disagree with or dislike an article, but what is more bewildering and bears examination is the response of hating the writer’s guts. One would think, reading some of these comments, that the writer has done something to the commenter, that there has been some deep personal transgression. One suspects one thing the writer has done is be the writer, and the commenter feels unfairly ghettoized in the comments section, and feels secretly, well not so secretly, that they should be writing the article, and the writer should be commenting. Like, let her see what it’s like to be tied down and forced to read an article from beginning to end. [...]"<br /> Le reste de l'article est fortement conseillé :<br /> http://www.slate.com/articles/life/roiphe/2011/12/what_s_wrong_with_angry_commenters_.html<br /> <br /> <br /> PS : je n'ai pas vu Bonsai (mais rien n'est encore perdu... ?), par contre "If...", à (re-)découvrir uniquement dans la très jolie salle rouge la Filmothèque, est un must.
M
En premier lieu, joie et prospérité. En ce mercredi, jour du cinéma, Bonsaï passe dans 14 salles en France, dont 5 parisiennes. Dommage, on ne peut plus le voir à Lille. Mais que ce petit film puisse revenir en quatrième semaine faire sourire les midinettes et émouvoir les midinets est déjà une jolie histoire. Puisque tu n'en dis rien, ce petit film plein de charme et un rien fauché montre la vigueur d'un cinéma sud-américain sensible et inventif. Un continent est réellement à découvrir, au bénéfice de notre regard.<br /> Tu dis quelque chose qui résonne agréablement en moi. C'est à propos de la littérature "celle qu'on lit et qu'on écrit mais surtout celle qui console, qui apaise et se mêle à la réalité". Tu m'as aidé à réfléchir au fait que les livres ont une présence, autour de nous, dans les bibliothèques personnelles ou publiques, chez les autres, mais aussi dans les librairies, une présence qui agit sur nous, qu'on les lise ou non. A bien y réfléchir, il me semble que ce n'est pas très important que Diego ait lu ou non La recherche. Il est manifestement habité par ce livre comme par quelque chose en devenir, quelque chose qui a à voir avec lui-même. Quelque chose qui le consolera de la perte, celle de sa jeunesse, de son amour de jeunesse, celle de la vie qui fuit malgré certains efforts faits pour la contraindre à rester. On ne peut contraindre personne à rester. Un bonsaï n'est pas un arbre qui se dresse vers le ciel, c'est juste un petit machin, paraît-il bourré d'énergie, mais qui brûle celle-ci dans un théâtre d'ombres, un arbre-freak, rien d'autre. Et de cela, la littérature, ou simplement les livres, ceux qui érigent des murs de mots autour de nous, nous protègent et nous consolent.<br /> C'est bien que tu aies trouvé le temps de ce petit billet si joli et sincère à propos de ce film si manifestement sincère et joli.<br /> Je n'ai rien compris à la charge de Myriam contre ton blog ou contre toi. J'évite ici une ou deux mauvaises plaisanteries à remugles beauf et je note juste qu'elle t'aura permis, en réponse, de théoriser ce qu'un blog honnête peut et doit être, "un lieu d’expression et de partage, public par sa forme mais fondamentalement personnel". Et c'est en réponse à Poleen que tu expliques ton choix de parler d'un tout petit film parce que, malgré son charme, il n'aura pas eu la chance d'être distingué par la grande presse. En effet, les blogs ne sauraient se contenter d'aller au secours du succès (en mythifiant au passage un film aussi contestable que Drive), sauf à trahir l'aubaine qui est la nôtre de nous exprimer librement sur la toile et d'y formuler quelque chose.<br /> A ce propos, ni Métro, ni Direct Matin ne citaient aujourd'hui Le Cheval de Turin, le nouveau et, apparemment ultime film de Béla Tarr, qui sort à Paris dans deux salles (+ 12 en province). Qui parlera de ces films furtifs si les blogs s'en foutent ?<br /> Au constant plaisir de te lire, même en cinq leçons.
L
Ah ma belle, je lis toujours tes billets avec grand plaisir ! Il est vrai que tu me manques beaucoup, tout comme tu manques à la blogosphère. Et je me réjouis de ce film, "Bonsai", que je ne connais pas du tout et qui serait sans doute passé à la trappe sans ton intervention bloguesque. J'aime cette critique profonde et sensible qui tend à une subtilité pleine de pudeur. De quoi me donner envie de le dénicher prochainement dans un joli cinéma parisien ! <br /> J'avoue de mon côté me réfugier également dans les salles obscures pour les "films que tout le monde voit" avec beaucoup de plaisir aussi (comprendre par là "La couleur des sentiments", "Polisse", "The Artist,", "Drive" et bien d'autres encore...) mais c'est assumé. J'aime à me détendre entre deux activités. Je trouve d'ailleurs que l'automne nous gratifie de très bons longs-métrages, une fois n'est pas coutume. De ce fait, je suis d'autant plus ravie de te lire et de constater l'évocation de celui-ci dont j'ignore tout. Ma curiosité y est sans doute pour quelque chose, comme tu t'en doutes ^^<br /> J'espère que tu vas bien (je suis ravie de savoir que tu as fait le plein de concerts, de toute évidence fabuleux !) et t'embrasse bien fort ma puce :)
E
C'est gentil !<br /> Ecrire ici me manque beaucoup, tout particulièrement les billets-ciné d'ailleurs. Et puis l'effervescence bloguesque (mise à mal par Twitter, non ?), tout simplement, les échanges et découvertes, les coups de blues partagés et les remontages de moral, les coups de coeur et petits délires.<br /> Nostalgie..!<br /> <br /> Il ne faut pas mal interpréter mes propos : je n'ai rien contre les navets-qui-détendent, lorsqu'ils sont consommés à petite dose et, surtout, que ce soit clair, peu de films -finalement- entrent dans cette catégorie. Je ne suis pas la dernière à voir les films-dont-tout-le-monde-parle (cf : "Drive", "Polisse", "The Artist",... Ce dernier se démarque nettement du lot, tout de même), et je ne les considère pas comme des navets. Ils ont juste une chance que d'autres films également voire plus intéressants n'ont pas.<br /> Nuance.<br /> <br /> Enfin, peu importe mon opinion, l'important est que chacun prenne son plaisir où il le trouve !<br /> <br /> Plein de gros bisous ma Popo :)
E
Myriam,<br /> <br /> J’espère que, comme la plupart des couards, ton acrimonie injuste est exacerbée par l’écran qui sépare le virtuel de la réalité.<br /> Lectrice silencieuse, tu te décides à sortir de l’ombre pour m’agonir d’injures comme si tu guettais de loin le bon moment pour m’épingler (entre mon absence de mai à fin août et mes sept billets postés depuis, j'ai fait fort pour t'inspirer tant de dégoût).<br /> Un blog n’est pas une arène et son « auteur » n’est là ni pour divertir ni pour se faire bouffer selon l’humeur de son lectorat. C’est un lieu d’expression et de partage, public par sa forme mais fondamentalement personnel. Aussi, chacun est libre d’y aborder les sujets qu’il souhaite tout en se pliant au jeu des critiques.<br /> Cependant, il me semble que ton commentaire est excessif, déplacé et inutilement méchant.<br /> Si ma vie a changé ces derniers temps, cela ne regarde que moi, mais sois rassurée : je ne suis pas tombée sous la coupe d’un gourou ni sous le charme d’un pygmalion. En revanche, il est clair que mon blog, lui, a changé, et cela explique peut-être ton agacement.<br /> En effet, si avant j’avais le temps de consacrer un article pour chacune de mes sorties, elles sont dorénavant évoquées dans un seul et même billet, souvent un peu long et qui, aux yeux de certaines personnes, peut passer pour un catalogue, un étalage de toutes les choses faaaantastiques qui font ma vie parisienne. Or, ce n’est pas mon intention d’en mettre plein les yeux de mes lecteurs. Je souhaite, malgré mon manque de temps, partager le plus d’événements et de coups de cœur avec eux mais aussi donner quelques nouvelles aux amis qui me lisent et que je n’ai pas le temps de voir aussi souvent que je le souhaite. Par ailleurs, ce blog est aussi pour moi le moyen idéal de consigner mes émotions et souvenirs. <br /> Quel égoïsme, n’est-ce pas ?<br /> Enfin, si aucun événement précis ne peut justifier un changement de personnalité, il faut bien admettre que les années passent et que –par chance- je ne suis plus la même personne aujourd’hui que lors de l’ouverture de cet espace. Et j’espère que si pour d’obscures raisons tu repasses ici dans un an, tu noteras de nouvelles évolutions.<br /> Voilà tout ce que je souhaitais te dire, Myriam.<br /> Il reste tout de même un mystère : pourquoi choisir ce billet pour me tomber dessus ? Un billet dans lequel je parle si peu de moi mais de cinéma, comme je le faisais avant, chaque semaine. Le fait de rendre compte de l’intérêt d’un film chilien passé inaperçu plutôt que d’un film dont tout le monde parle fait de moi une personne snob et prétentieuse ?<br /> Si ce n'est que ça, j'ajoute qu'en plus d'être de mauvais goût, ton commentaire est sans intérêt.
Vilaine Fifi
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