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Vilaine Fifi
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14 janvier 2012

Si vous n'aimez pas le cinéma...

Les images puis les mots (la vidéo dure seulement dix-sept secondes, regardez-la avant de passer à la suite, svp)

Propice aux bonnes résolutions qu'on ne tiendra pas, le début de l'année sonne également l'heure des bilans en tout genre. Les amateurs du rayon "Développement Personnel" se demandent s'ils ont atteint leurs objectifs, s'ils sont réellement devenus meilleurs en dix leçons, quinze minutes par jour et trois cent soixante-cinq proverbes. Pour ma part, si je me risque à jeter un coup d'oeil dans le rétro, c'est uniquement pour me remémorer les sorties et découvertes qui ont rythmé mes douze mois, en aucun cas pour porter un jugement sur la personne (les personnes, même) que j'ai pu être au cours de l'année ni pour anticiper celle(s) que je serai. 

Aussi, en ce mois de janvier 2012, j'ai pris plaisir à lister les cent soixante films vus en 2011 (le chiffre n'est pas donné pour me faire mousser, uniquement pour relativiser ce qui suit), à en reparler, à repenser aux émotions vécues sur l'instant et à ce qu'elles sont devenues quelques semaines ou de longs mois plus tard. En effet, un film bien choisi ne s'oublie pas et continue son petit bonhomme de chemin, se fait une place parmi nos nombreux souvenirs, apprivoise les images qui l'ont précédé et tend un miroir aux nouvelles venues. Certaines scènes, bouleversantes sur l'instant, continuent de nous hanter longtemps tandis que d'autres se révèlent progressivement, telles les Polaroid mapplethorpiens, laissant leur intensité se diffuser peu à peu au contact de nouvelles émotions. Prendre le temps de se poser quelques instants, de faire le vide dans sa tête et dans son coeur pour laisser la place à toutes ces histoires filmées de mille façons différentes est un exercice aussi intéressant que surprenant. On s'aperçoit que, malheureusement, certains films sont rapidement tombés dans l'oubli alors que leur date de sortie sonnait comme la promesse d'un instant magique, tandis que d'autres s'imposent, définitivement, comme de grandes réussites, sans appel. Dresser ce petit palmarès très personnel n'a donc pas été facile et si dix films sont mis à l'honneur, parce qu'ils ont tous, sans exception, enrichi ma vision et ma connaissance du cinéma en m'offrant d'inoubliables leçons sur ce qu'il peut être, ce qu'il DOIT être, quelques autres le méritent tout autant (je pense à Black Swan et Pina, très particulièrement mais aussi à True Grit, Dharma Guns, Shame, En Ville, Tous au Larzac, L'Exercice de l'Etat ou encore The Artist).

wim_wenders_pina

Pina, de Wim Wenders

N'ayons pas peur des truismes, une année de cinéma est une fête, avec ces moments d'euphorie et ces fous-rires, ces instants où on plane totalement et ceux d'un ennui mortel où on souhaiterait être n'importe où ailleurs. Les salles de cinéma, tout comme les soirées festives, sont des lieux de retrouvailles longtemps attendues, après une longue journée de séparation ou une interminable semaine de travail, mais sont également des lieux de rencontres aléatoires et rarement heureuses, sous-titrées "L'Enfer c'est les autres". Ces autres qui se gavent de pop-corn puant et shcroumf-shcroumfant, qui arrivent en retard, se posent n'importent où avec leur grosse tête, leur couvre-chef ou leur coiffure à faire bleuir de jalousie Marge Simpson. Ceux-là qui causent sans arrêt, que même dans la file d'attente tu les repères et les maudis sur dix générations. Les portables qui sonnent (et les gros cons qui décrochent "j'suis au cinéma là, j'peux pas te parler" <<<< Ta Gueule !!) et les coups de pieds dans les sièges (Putain ! Qu'est-ce que vous foutez avec vos genoux les gens ?). N'oublions pas leurs commentaires (pendant le générique qui ne les intéresse évidemment pas), petites pépites d'intelligence entre-coupées de gloussements ou de longs soupirs. Cerise sur le gâteau, avec la magie d'Internet, tout le monde a la possibilité de s'exprimer et personne ne s'en prive. On retrouve alors ces mêmes braves gens qui passent avec grâce et agilité d'un siège de cinéma à un siège de bureau pour nous faire le récit de leurs aventures synéphilitiques. Les adeptes de "la critique dont on se serait bien passé" se répartissent, selon de vagues observations, en trois groupes : ceux qui pratiquent le copier-coller et multiplient ainsi leurs chances de baver une parole sensée (selon leurs sources) tout en limitant la propagation de conneries, ceux qui -au contraire- n'ont pas honte de lâcher deux ou trois inepties, qualifiant au passage de "bouse", de "navet" et autres gentillesses les oeuvres de cinéastes tels que Terrence Malick ou Aki Kaurismaki (ceci est également valable pour un ballet signé Noureev ou un roman de Houellebecq) (est-ce si difficile pour ces personnes de dire qu'elles n'ont pas été sensibles à l'univers d'un créateur ? Leur ego est-il aussi fragile ?), enfin, on tombe aussi parfois sur ceux qui recrachent des idées qui courent partout, en pensant bien faire ou faire bien, sans trop savoir ce qu'ils racontent. Une des grandes tendances, pour n'en citer qu'une, étant d'inscrire telle ou tel dans le sillage de la Nouvelle Vague alors que telle et tel aimeraient sans doute exister par eux-mêmes, sans comparaison. 

Le cinéma méritait bien sa fête, comme les fous, les voisins et la grenouille. Certains spectateurs méritaient, quant à eux, qu'on leur consacre quelques lignes. C'est chose faite, passons à autre chose.

Il y a quelques années, le frère de ma meilleure amie, a quitté notre très cher 12ème arrondissement parisien pour Cannes, à l'occasion du Festival (et oui, certains lycées au niveau relativement minable usent d'ingénieux stratagèmes pour glâner quelques inscriptions). Croisant Antoine Duléry (je vous fais grâce de sa filmographie), il lui tint à peu près ce langage "Mais est-ce qu'on peut honnêtement appeler ça du cinéma ?", le "ça" en question regroupant toutes les merdes absolues au générique desquelles le nom de l'acteur était systématiquement inscrit (on peut parler de "merde absolue", degré zéro de la critique, lorsque l'on vise le degré zéro du cinéma). Au moment des faits, notre petit Pierre, avec la photo de Jean-Pierre Léaud en guise de fond d'écran sur son portable et sa passion dévorante pour Bob Dylan, n'a que dix-sept ans mais sait déjà (se) poser les bonnes questions.

Tout ça pour dire, à chacun son cinéma, à chacun ses envies, ses attentes et ses choix. Aussi, si je vous propose mon petit classement, c'est en toute simplicité, sans imaginer que les films qui m'ont marquée cette année sont ceux qu'il fallait voir ab-so-lu-ment, j'ose à peine vous les conseiller si vous les avez manqués. Pour rendre cet exercice de saison un brin plus amusant, j'ai choisi de ne pas publier les affiches ou photos extraites de "mes" films mais d'autres images pouvant les représenter de près ou de loin (très loin !). Je vous laisse à vos associations d'idées pour deviner les oeuvres qui m'ont émerveillée mois après mois.

L'Ecole de danse, Edgar Degas

degas

L'Homme qui aimait les femmes, François Truffaut

l_homme

Dali and Rhinoceros, Philippe Halsman

dali

  Friedrich Nietzsche

Nietzsche

"Denver, le dernier dinosaure, c'est mon ami et bien plus encore !"

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Fête, place de la République, Izis

izis

Claude Cahun

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L'Angélus, Jean-François Millet

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Fading away, Henry Peach Robinson

fading away

Festen, Thomas Vinterberg

festen

Comme sur les bons DVD, voici quelques suppléments qui viendront compléter ce classement relativement frustrant en me permettant d'évoquer d'autres excellents moments de cinéma.

Avec son regard intense et son sourire émouvant...

piccoli_

... Michel Piccoli, magnifique dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, impérial dans Habemus Papam de Nanni Moretti, m'a définitivement séduite.

Pour sa beauté miraculeuse et la finesse de ses mains...

valerie M

... J'espère avoir le bonheur de revoir Alexandra Lematre, la fille dans Hors Satan de Bruno Dumont.

C'est ici, et non ailleurs, que se dissimulait la véritable délicatesse...

restless2

... Dans les gestes amoureux d'Annabel et Enoch, les personnages du précieux Restless de Gus Van Sant.

Sans aucun doute la plus réjouissante des reprises

Deep-End-

2011 aura été une grande année grâce à des oeuvres qui m'apparaissent désormais comme essentielles. Néanmoins, ce flash-back thématique n'aurait aucune raison d'être sans le film auquel j'ai lié mes mains et mon coeur, sans cette déclaration à la vie, à l'amour, à l'aventure et au cinéma, signée Jean-Luc Godard, qui a fait de moi, en quelques minutes, une personne différente. Un film beau comme tout, beau comme toi...

Jamais je n'aurais cru que tu me plairais toujours
Ô mon amour
Jamais nous n'aurions pensé pouvoir vivre ensemble
Sans nous lasser
Nous réveiller tous les matins aussi surpris de nous trouver si bien
Dans le même lit
De ne désirer rien de plus que ce si quotidien plaisir d'être ensemble
Aussi bien

Je ne fais pas durer le suspense plus longtemps et vous révèle dès maintenant les films qui se cachaient derrière ma sélection d'images plus ou moins éloquentes :

"L'Apollonide", de Bertrand Bonello/ "Les Bien-Aimés", de Christophe Honoré/ "Minuit à Paris", de Woody Allen/ "Le Cheval de Turin", de Béla Tarr/ "The Tree of life", de Terrence Malick/ "La Guerre est déclarée", de Valérie Donzelli/ "Tomboy", de Céline Sciamma/ "Hors Satan", de Bruno Dumont/ "L'Etrange affaire Angélica", de Manoel de Oliveira/ "Melancholia", de Lars Von Trier.

Alors, combien de titre aviez-vous devinés ?! 

A l'année prochaine pour un nouveau palmipède que j'espère encore plus excitant.

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Commentaires
E
:)<br /> <br /> Ton commentaire, ma chère Livy, me fait doublement sourire. D'une part, il nous offre l'occasion d'un petit échange ici et je ne boude jamais ce plaisir, d'autre part, je suis bien évidemment ravie d'apprendre que mon jeu de piste en images a attiré ton attention et suscité un petit creusement de méninges ! Je comprends que tu aies donné ta langue au chat, si certaines illustrations m'apparaissent encore aujourd'hui assez évidentes (comment oublier la scène du rhinocéroooooooos, par Adrien-Dali dans "Midnight in Paris" ?!) mais d'autres me semblent déjà plus obscures alors qu'elles trouvent leur origine dans mon imagination tordue. C'est dire !<br /> <br /> <br /> <br /> Il sera très agréable de découvrir ton Top Ten (il n'est jamais trop tard pour le livrer, après tout, 2012 dure toute l'année, c'est bien ça ?!) qui sera une nouvelle occasion de papoter ciné.<br /> <br /> <br /> <br /> Parmi les films que je cite et que tu aurais pu ne pas voir pour bien des raisons (le tout petit nombre de salles les diffusant étant, malheureusement, l'une des plus récurrentes), le Gus Van Sant est l'un de ceux que je t'encouragerais vivement à voir, connaissant la petite bulle dans laquelle tu évolues. Je suis certaine que tu tomberais amoureuse de ces personnages, tellement sensibles et intelligents, modernes et romantiques, de l'univers quelque peu suranné, de la musique et des douces couleurs automnales qui font toute la délicatesse de ce film .<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse très fort ma Livy et te remercie pour ton petit détour par ici, en attendant un prochain rendez-vous.
L
Mais tu sais que j'ai passé un temps fou sur tes petites énigmes ?! (Oui, j'aime bien les énigmes). Pas évidentes du tout à trouver, j'ai fini par donner ma langue au chat, non sans m'être creuser la cervelle toutefois. J'avoue que j'ai beaucoup aimé ta présentation de films, moi qui travaille précisément mon top ten ces derniers jours (très en retard, pour ne point changer !). Il figure d'ailleurs dans le tien beaucoup de films que je n'ai pas vu et qui me manquent. Le Gus Van Sant, par exemple, et pour ne citer que lui, fait partie de l'un de mes regrets que je ne désespère pas de pouvoir réparer sous peu ! Pour le reste, nous aurons quelques films qui diffèrent (évidemment !), et d'autres en commun. Je songe notamment à Melancholia, au dernier Christophe Honoré, à Woody Allen ou encore au superbe "La guerre est déclarée" qui a su faire couler mes larmes... Un excellent cru, il me semble, que 2011, et tes choix plutôt atypiques montrent parfaitement combien le cinéma était une fois encore dans tous ses états (blague facile et vaseuse, oui oui ^^) et pour tous les goûts.<br /> <br /> Des bisous et à très bientôt je l'espère ma belle, au détour d'une salle obscure ou pour toute autre sortie digne de ce nom !
E
Que te dire sinon te remercier mille fois pour avoir pris le temps de me laisser un si joli message qui réchauffe mon petit coeur en cette fin de journée glaciale (je commence la rédaction de ce commentaire mardi soir en sachant que je ne la terminerai que mercredi matin).<br /> <br /> Même si cela interpelle, je me fiche assez de la quasi-absence de commentaires sous ce billet, si je dois me contenter d'une seule trace écrite aussi éclairée, drôle et touchante que la tienne, ça me va très bien. Tu sais, c'est comme au restau, le rapport qualité-quantité : l'assiette raffinée et délectable vaut mieux que le gros plat copieux et écoeurant.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis ravie que tu aies apprécié ma façon de présenter les films de mon petit palmarès privé. Je voulais une approche ludique qui susciterait surprise et intérêt (pas pour ce que je raconte mais pour les films).<br /> <br /> Mais, je te l'accorde, certaines associations sont quelque peu tirées par les cheveux mais, que veux-tu, j'ai les miens fort longs.<br /> <br /> <br /> <br /> "On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments" (Gide ?), et il faut croire que cela est vrai également pour les films. Aussi, lorsque ceux-ci ne sont rien d'autre que de vulgaires adaptations de livres bon-sentimentaux (de livres qui, parfois, racontent des histoires vraies, tu imagines ?!), il n'est pas étonnant qu'on se retrouve face à quelques culs sans trou. CQFD, non ? <br /> <br /> <br /> <br /> Juste un dernier mot sur ce très cher JLG (qui reste dans mon coeur même si Buster Keaton était cette nuit dans mes rêves), ils sont -lui et son cinéma- ma très grande découverte de l'année, en effet, et mon plaisir s'annonce sans limite puis 2012, tout comme la seconde partie de 2011, semble très godardienne. Et j'ai la chance de partager cette passion naissante avec quelqu'un qui sait me transmettre chaque jour son amour du cinéma, ce qui est très précieux pour moi.<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse bien fort et te souhaite de passer une très bonne journée ainsi qu'une belle semaine ciné en ce jour de sorties.
M
Quel joli article. Il est étonnant qu’il n’inspire pas plus de commentaire(s).<br /> <br /> Certes, tu n’hésites pas à t’en prendre à cette partie des spectateurs qui fait profession de gâcher la vie des autres. Et blâmer leur « grosse tête » peut se révéler pour certains stigmatisant. Ceci étant, pour avoir vu moins de films que toi, j’ai pu néanmoins constater que tout ce que tu rapportes est vrai, le bruit, l’odeur, l’épaisseur un peu brutale du front, tout, mais tes lecteurs ne sont pas comme ça. Ensuite, tu poursuis ces sinistres bipèdes nourris plus qu’élevés (ou élevés pas très haut) jusque devant leurs écrans, d’où, tout en se répartissant en groupes homogènes selon ta classification, ils répandent à travers le réseau leurs certitudes synéphilitiques. Pareil, ce que tu dis là n’est pas très gentil, mais ce n’est pas faux et tes lecteurs, eux, ne feraient pas ça. D’ailleurs, je le sais, j’en suis un. Tu conclus d’ailleurs cette partie critique traitant des publics de cinéma avec sagesse : «Tout ça pour dire, à chacun son cinéma, à chacun ses envies, ses attentes et ses choix ». <br /> <br /> Sur la forme, j’ai beaucoup aimé ta façon de présenter les films que tu as préférés sans les nommer, ce qui est quand même le signe d’une grande modestie. Mais là, problème : ton jeu des photos devant susciter des associations d’idées est quand même vachement difficile. Assimiler une école de danse à un bordel, c’est toi qui vois, moi je ne suis pas de cours de danse, je ne peux pas savoir… Sans rire, les associations étaient vraiment bien trouvées.<br /> <br /> Quant au choix des films, ça recoupe à peu près le mien, les écarts entre nos classements tiennent de la nuance et j’avoue que si j’ai classé Dumont avant Bonello, c’est plutôt pour faire genre. En fait, 2011, c’est la fête du cinéma français. Et ta découverte de Godard fait de toi une spectatrice comblée. Les deux extraits dont tu nous a fait cadeau sont, chacun à leur manière, très beaux. Le premier, c’est la liberté, le vertige. Le second, c’est l’amour, le vertige aussi. Les deux, La liberté, l’amour, me font penser à Robert Desnos et à un couple au bas d’un escalier, disant en chœur « c’est vertigineux ».<br /> <br /> Ta façon de parler du cinéma, sensible, passionnée, intelligente, me touche beaucoup. A un moment, tu le dis, on ne peut se contenter d’écrire d’un film « c’est une bouse », il faut encore se justifier, trouver des mots, coller des idées dans un ordre choisi. Par exemple, je ne dirai jamais d’Intouchables que c’est une bouse. Pareil pour La couleur des sentiments. Une daube, un cul sans trou, peut-être, une bouse, non, c’est trop près du sol et on risque à tout instant de marcher dedans.<br /> <br /> J’ai mis longtemps avant de te commenter, car je ne souhaitais pas être le premier. Mais, Mademoiselle VF, bien que tardivement, je vous le dis tout .net, j’aime beaucoup ce que vous faites.
Vilaine Fifi
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