Bet you something I can get your mouth shut
Très chers lecteurs,
A ceux d'entre vous qui auraient eu la curiosité de visionner la vidéo introduisant mon précédent billet, je dois des excuses. En effet, j'ai laissé s'exprimer ici même un homme certes charmant mais parfaitement insolent, j'ai nommé Michel Poiccard, suggérant à qui voulait bien l'entendre d'aller se faire foutre. Croyez-moi, je ne laisserai plus jamais quiconque vous manquer de respect à ce point.
Trève de plaisanteries.
Le mois de janvier, celui des résolutions pour ceux qui acceptent de se résoudre, de la galette pour les autres (et oui, car parmi les résolutions classiques, celle de perdre quelques kilos mal placés est aussitôt mise à mal par la frangipane et ses cinq cents calories/ 100 grammes) (d'où la cruauté stupide des résolutions) (CQFD), je disais donc, le mois de janvier touche à sa fin et j'avais envie, après vous avoir présenté mes films de l'année écoulée, d'évoquer sur ces pages mes attachements musicaux, sans fleurs de rhétorique.
Je procéderai en deux temps en vous soumettant tout d'abord les cinq albums qui ont tourné sans discontinuer dans ma cabane magique puis en rendant compte, en quelques mots, des cinq concerts qui m'ont valu d'exaltantes parenthèses acoustiques, entre sérénité et euphorie, ce qui -finalement- revient au même puisque j'ai eu la chance, cette année, de voir sur scène presque tous les artistes de ma B.O. perso.
Première manche : mes cinq albums.
Avec une éternité de retard (pas taper !), j'ai découvert l'extraordinaire duo des Kills cette année ; tout d'abord séduite par l'album No Wow, j'ai fini par adopter et adorer tout autant Blood Pressures, leur quatrième et dernier album -sorti au printemps 2011- mais je me demande si mon préféré ne serait pas Keep on your mean side, leur tout premier. A moins que... Bref. Disons que mon addiction aux Kills est proportionnelle au temps qu'il m'aura fallu pour arriver jusqu'à eux et j'vais vous dire, des fois, ça vaut le coup d'être à la traîne.
C'est à la même époque, pour ainsi dire (la saison printemps-été aura décidément été merveilleuse), que je découvrai les sons electro d'Austra, groupe canadien mené par Katie Stelmanis et sa voix d'ange noir, me rappelant l'ambiance dancefloor brumeux des meilleures soirées gothiques. Feel it break n'enchaîne pas les tubes mais se compose de plusieurs titres très forts qui agissent sur moi comme de succulentes madeleines proustiennes aux sonorités new-wave.
J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer sur ces pages mon immense coup de coeur pour Anna Calvi, sans doute ma plus grande révélation de l'année, celle qui m'a enchantée des jours, des semaines, des mois, sans que je puisse décider de mon titre préféré, sans que je puisse dire -encore aujourd'hui- si je craque davantage pour sa voix puissante et féminine ou pour ses riffs orgasmiques. A moins que ce ne soit pour elle tout entière, bout de femme, petite flamme, à la timidité honorable et au charisme impressionnant.
C'est avec une certaine crainte, sans doute quelques critiques anticipées et remarques moqueuses que j'ai accueilli la nouvelle. David Lynch, génie bien-aimé, sortait un album et il n'était même pas nécessaire de lâcher 780 euros pour avoir l'honneur de l'écouter. J'aime la musique qui rythme les films de Lynch, les longues nappes de synthé et les ambiances indus' mais, est-ce l'abus de méditation transcendantale ?, le réalisateur de "Mulholland Drive" emprunte parfois des voies si conceptuelles qu'il est impossible de le suivre. Pas vrai ? Très heureuse surprise donc que son Crazy Clown Time qui, après "Le p'tit clown de mon coeur" de Johnny, aura presque réussi à me guérir de ma coulrophobie (fallait faire du grec les enfants).
Si tu savais, cher BB, toi qui n'es pas un BB Aussi, l'importance que tu as dans nos vies. Après nous être enivrés de tes harmonies si évidentes et pourtant tellement riches et surprenantes, nous être saoulés en avalant de généreuses rasades de ta poésie insolente et romantique, presque adolescente, nous nous sommes réjouis de ton dernier fait d'arme. Tu nous as offert avec Pourquoi tu pleures ? le plus bel album estival qui -je te le dis comme je le pense- compense les faiblesses du film qui en est à l'origine. Tu m'as fait sautiller comme une imbécile heureuse sur "C'est pas la forme", rêver avec "L'homme de ma vie", tu nous as bien fait marrer en reprenant Enrico Macias (putain, t'es gonflé quand même !) et je ne me suis pas lassée de t'entendre dire "Tu fais chier à la fin" à Emmanuelle Devos. Que tu signes toi-même la B.O. du film dans lequel tu avais la vedette avait un p'tit quelque chose de prétentieux, limite Vincent Gallo, mais tu as raison, cher Benjamin, on n'est jamais mieux servi que par soi-même et nous te resterons fidèles. Promis.
Comme je vous l'annonçais en début de billet, on retrouve parmi les concerts les plus excitants de mon année, les artistes dont j'ai écouté sans me lasser les albums. Mais quand même, un petit classement s'impose ;)
Seconde manche : mes cinq concerts.
Anna Calvi, encore et toujours, magnifique lors du concert de Rock en Seine dans une ambiance particulière, celle d'un festival estival. Le soleil n'était pas d'une grande générosité mais la bière coulait à flot et assis dans l'herbe puis debout sans jamais se lâcher, découvrir enfin, de nos propres yeux, et pas devant notre télé, en vrai de vrai, son incroyable prestance a été un grand moment. Si bien qu'à peine rentrés à la maison, les billets étaient achetés pour un second concert, autre festival, autres bières,...
Patti Lee à l'Olympia... Que dire sinon que ce concert flirtait avec la perfection. Debout, dans la fosse, à quelques mètres d'elle, tellement présente, tellement tout, sans oser y croire parce qu'on nous répète sans cesse que les rêves ne se réalisent jamais. Merci à toi pour cette soirée tout simplement inoubliable.
Et merci pour celle-ci aussi. Camille sur scène, une précieuse découverte, lors d'un concert d'une créativité bouleversante. Camille qui chante, sa voix se démultiplie à l'infini, elle est une petite fille, une femme amoureuse, elle est tendresse puis luxure. Camille qui danse, son corps agile, elle saute et virevolte, elle est une fée. Camille pieds nus. Camille en ombres chinoises puis qui s'essaye, avec brio, au moonwalk. Camille qui rit et qui blague et mes yeux brillent et mon coeur se serre devant cette artiste qui aura été mon premier cadeau de Noël.
Impossible, après avoir passé des mois à fantasmer en écoutant "Feel it Break", de manquer le passage d'Austra à La Maroquinerie. Une salle, comme on dit, à taille humaine (ouai, bon, tout est relatif), une ambiance telle que je l'avais imaginée et espérée pour le concert le plus sexuel de l'année. Seule ombre au tableau, les Canadiens l'ont joué éjaculateurs précoces en nous plantant en plein trip, au bout d'une minuscule heure, douche comprise, et après des préliminaires beaucoup trop longs (deux premières parties, était-ce vraiment utile ?). Frustrante, cette sortie de scène un peu trop rapide est également le meilleur des pretextes pour investir aussi sec dans des billets pour leur prochain concert ^^
J'ai gardé les meilleurs pour la fin avec les Killsounets que j'ai eu le plaisir de voir à l'oeuvre au Zénith d'Amiens (partageant l'affiche avec Metronomy et The Do, deux groupes qui m'ont enthousiasmée). La dégaine craspec d'Alison qui ne cesse de s'agiter, le dandysme de Jamie, calme et mystérieux, la particularité de leur son qui accroche et qui tache, comment ne pas succomber ? Sur scène, ils sont tel que le laissent présager leurs albums, un véritable duo, les deux faces d'un même vieux vinyle qu'on adore depuis si longtemps qu'on se saurait même plus en énumérer les raisons. C'est donc en pleine action qu'il faut les voir, une simple photo ne peut suffire.
OUPS !