Rien ne vaut la douceur du foyer.
Il peut néanmoins être difficile de revenir chez soi après une si longue absence.
D'autant que je suis bien incapable de justifier celle-ci. Deux billets ont animé ce blog au cours du dernier week-end de mai puis plus rien, sans préméditation, sans grande concertation entre moi et moi-même, les publications ont cessé ; j'ai été prise par une chose, puis une autre, les semaines se sont succédé, j'oubliais cet espace puis y repensais avec l'envie d'y revenir sans réellement savoir comment. Impression de ne plus être la bienvenue chez Vilaine Fifi (qui c'est celle-là d'abord ?), d'avoir déjà tout dit, de ne plus du tout être celle qui noircissait de quotidiennes pages, sans jamais manquer un rendez-vous. Désir d'inventer un nouvel univers, de me créer une nouvelle identité avec beaucoup de moi dedans et juste ce qu'il faut de fantaisie pour oser à nouveau laisser mes doigts s'agiter au-dessus du clavier. Parfois -souvent serait un mensonge- bloguer m'a manqué : une découverte réjouissante, une heureuse surprise, un constat étonnant appelaient le partage qui accompagne le besoin de mettre des mots sur des émotions. Parfois -souvent conviendrait mieux- me revenaient en mémoire les nombreuses heures consacrées à la rédaction de billets qui prenaient forme avant même que j'allume l'ordinateur : oui, il y eut un temps où je ne pouvais rien voir, lire, regarder, écouter sans que quantité de phrases ne se disputent mon attention espérant être suffisamment pertinentes pour être ici consignées. Quelle drôle de façon de vivre les choses qui rappelle ces touristes qui visitent des contrées inconnues cachés derrière leur appareil-photo au lieu de profiter pleinement du spectacle qui s'offre à leurs yeux. L'essentiel se dérobe, même aux regards les plus avertis, aux antennes les plus fiables, et s'évapore à tout jamais. Ces phrases qui se sont battues pour se faire entendre reflètent alors une bien pauvre et mensongère réalité.
Ces derniers mois, j'ai retrouvé le plaisir de vivre et de savourer mes émotions sans les condamner à devenir autre chose que de l'abstrait et de l'intime.
Pourquoi ce billet aujourd'hui, me direz-vous. Ai-je décidé de redonner vie à ce lieu d'expression et d'échanges créé il y a maintenant plus de quatre ans ? Suis-je venue, une dernière fois, jouer à la magicienne, dénaturer mes sentiments pour les donner à lire ? Ni l'un, ni l'autre, vous répondrais-je, c'est simplement une question de période, de "timing" comme disent les branchés.
(Mon petit sapin à grelots et Monsieur Pain d'épices ^^)
En effet, nous entrons doucement dans la savoureuse et enveloppante période qui précède Noël, ces quelques semaines où tout semble en suspens, où il suffit de penser au lendemain pour qu'un joli projet éloigne un chagrin, d'ouvrir une nouvelle fenêtre de notre calendrier de l'Avent pour croquer dans un doux choco. Cette année, plus que jamais, j'ai attendu la mi-novembre comme une récompense, une délivrance, et ce qui m'a permis de maintenir un cap honorable au cours de laborieuses semaines d'études, ce sont les caressantes images d'un hiver douillet. Bougies parfumées, thés et tisanes épicées, clémentines juteuses, la recette du bonheur ne change pas : il suffit de saupoudrer le quotidien de cannelle pour l'enchanter. Entre deux improbables notions de grammaire affluaient les idées destinées à faire sourire tout bientôt ceux qui comptent le plus pour moi, j'envisageais des papiers colorés et harmonieux pour garder à l'abri des regards indiscrets mes trouvailles, je voyais scintiller les rubans bouclés, pensais aux cartes de voeux à envoyer, imaginais le plus parfait des programmes pour les vacances et les festivités.
Sans doute est-ce pour cela que j'ai envie de revenir traînailler par ici, en chaussons et en tenue d'intérieur, cachemirée, lovée près du chauffage, une théière pleine de Rouge Sahara qui se vide bien trop vite. Ressusciter notre guirlande lumineuse, sourire devant ces petites boules idiotes, rouges-jaunes-orange-, observer du coin de l'oeil la flamme d'une bougie à la pomme, idéale compagne d'un petit sapin à grelots (ridiculement attendrissant, lui aussi). Autant de petits rituels, mais il y en a bien d'autres, que j'ai envie d'évoquer ici et qui me donnent l'envie d'une nouvelle aventure bloguesque. Il y a fort à parier que celle-ci aura la durée de vie d'un bonhomme de neige, qu'aussitôt les sapins jaunis délaissés sur les trottoirs, je reprendrai mes cahiers d'écolière et les publications se raréfieront jusqu'à totale disparation.
Mais pour l'heure, j'ai envie de douceur, de légèreté et de patienter ici, douillettement installée en votre compagnie, jusqu'à la nouvelle année. Attendez-vous à des billets souvent futiles à l'image de mes besoins du moment. Certains trouveront peut-être ces écrits un peu naïfs et ne comprendront pas les raisons pour lesquelles la période de Noël devrait rimer avec "superficiel", ils verront là-dedans une banale excuse, une porte ouverte aux bons sentiments et à la paresse intellectuelle. Mais ce phénomène qui nous entraîne vers une douce tranquillité en décembre n'a rien de plus mystérieux que cette force qui nous pousse à nous saouler de tristes mélodies lorsqu'on a le coeur brisé.
C'est juste une question d'émotions et de mots.
Je ne vous dis pas à demain car je ne sais pas quand j'aurai la possibilité d'écrire à nouveau, mais à très bientôt assurément.