Les films du mois de janvier, partie V
Encore une excellente semaine avec quatre films qui m'ont permis de faire le plein d'émotions. 2010 commence vraiment super bien !
Bright Star, de Jane Campion
C'est quoi ? L'histoire d'amour qui unit le jeune poète anglais John Keats à son espiègle voisine Fanny Brawn au début du XIX° siècle.
Et alors ? Alors que le film est sorti en début de mois, j'ai eu l'occasion de le voir seulement lundi et une chose est sûre, je ne le regrette absolument pas. Cela faisait bien longtemps qu'un film ne m'avait pas autant transportée. A mes yeux, Bright Star flirte avec la perfection à tous les niveaux. Tout d'abord esthétiquement, le film est un véritable bijou. La réalisatrice a su faire de la nature un personnage à part entière, qu'elle a filmé avec grâce et finesse. Dès la première scène, j'ai été sous le charme. Une simple aiguille en mouvement, un tissu immaculé, le bercement d'une douce lumière, et Jane Campion m'a fait quitter la terre. Bright Star est donc un film qui glisse au fil des saisons, que l'on voit évoluer scène après scène, et qui semblent avoir une grande influence sur les personnages (ne serait-ce que sur la santé fragile du jeune Keats). Des fleurs, des arbres, des paysages bucoliques qui nous plongent dans une atmosphère onirique, qui nous enveloppe et nous fait traverser le film comme sur un nuage.
A cela, on peut ajouter des personnages incroyablement attachants, portés par des acteurs investis et sincères. Si j'ai été touchée par le poète, tout en fragilité, j'ai été heureuse de faire la connaissance de Fanny Brawn, une jeune personne franche et sincère, à l'intelligence vive, dont j'ai adoré le caractère entier. On constate que sa rencontre avec Keats est déterminante, qu'elle changera à tout jamais sa vie. Leur amour à la fois passionné mais également tout en retenu est présenté d'une somptueuse manière qui m'a vraiment bouleversée. Leurs mains se frôlent, leurs baisers ne sont pas enflammés, mais on sent à travers ces gestes délicats le feu de la passion. J'ai vraiment adoré découvrir cette histoire d'amour pur présentée d'une façon si délicate et pourtant loin d'être mièvre.
Il faudrait également que je vous parle des costumes, absolument somptueux, de la passion de Fanny pour la couture et le stylisme, à l'instar de Marie-Antoinette ou de Georgina Spencer, de la famille de Fanny, sa maman si compréhensive et si bonne, ses frères et soeurs, discrètement impliqués dans la vie sentimentale de leur aînée, du personnage de Brown, aussi fort que détestable, des vers de Keats, semés tout au long du film pour parfaire le tableau, du raffinement présent dans chaque scène, de la finesse des dialogues,...
Un véritable coup de foudre pour une oeuvre qui aurait mérité un article à elle seule.
Sumô, de Sharon Maymon et Erez Tadmor
C'est quoi ? Quatre potes bien en chair, fatigués d'être au régime en permanence et de devoir supporter les remarques désobligeantes de leurs proches, décident de former un club du Sumô lorsque l'un d'eux se fait embaucher dans un restaurant japonais.
Et alors ? Ce film qui est présenté comme la comédie israëlienne de l'année est tout simplement mon gros coup de coeur de la semaine ! Sumô ( A matter of size en vo) est un feel-good movie comme on les aime, qui a su se plier aux règles du genre tout en gardant sa propre identité, toute son authenticité. Si le film aborde avant tout la question de l'estime de soi en mettant en scène des personnes obèses qui subissent les diktats imposés par notre société, il le fait en toute subtilité. On est ici bien loin des comédies américaines hyper lourdingues du genre L'amour extra-large. Par ailleurs, si le challenge que souhaite relever les quatre amis n'est pas sans rappeler Full Monty, Sumô le présente d'une manière plus approfondie. En effet, on découvre au fil du film que les quatre compères ont bien d'autres problèmes que leur poids : adultère, homosexualité, mère envahissante,... Enfin, ce film m'a vraiment touchée lorsque, sans perdre de son énergie, il se fait comédie romantique. En effet, le personnage principal (celui qui est à l'origine du club de sumô) découvre l'amour avec une jeune femme ronde, ayant essuyé plusieurs déceptions amoureuses. Alors qu'aucun des deux ne répond aux critères de beauté habituellement véhiculés par les comédies romantiques (bien que l'actrice soit très jolie à mes yeux), on se sent vraiment solidaire de leur histoire d'amour un peu cahotique, on sourit lorsqu'ils s'embrassent, on croise les doigts pour qu'ils se rabibochent, bref, c'est avant tout l'amour qui nous fait rêver, peu importe le physique des acteurs. Pour toutes ses choses, et bien d'autres encore (bien qu'israëlien Sumô n'aborde jamais ni la religion, ni la guerre, et ça fait un bien fou !), je ne peux que vous le conseiller. A noter, la présence de Togo Igawa, décidément trop classe !
Mother, de Joon-Ho Bong
C'est quoi ? Alors que son fils, un jeune homme mentalement fragile, est envoyé en prison pour meurtre, une mère va tout mettre en oeuvre pour prouver son innoncence, guidée par son instinct maternel.
Et alors ? Mother est un film sobre et profond, lumineux et dérangeant, drôle et poignant ; une oeuvre incroyablement travaillée, où chaque scène a sa place, servie par un scénario original et haletant et portée par des acteurs époustouflants. Si après ça je ne vous ai pas convaincus, je ne sais pas quoi faire ! Plus sérieusement, Mother est un film comme on aimerait en voir plus souvent, dont on ressort sans avoir le sentiment que le réalisateur s'est fichu de nous. Ici, tout semble parfaitement réflechi et maîtrisé. L'histoire, qui oscille entre drame familial et polar, ne nous laisse aucun répit et le fait que l'enquête soit menée par une mère dévouée rend la situation d'autant plus bouleversante. J'ai été très touchée par cette femme qui semble en permanence sur le fil, entretenant avec son fils une relation que l'on devine ambiguë, souvent au coeur des scènes les plus marquantes. Pour ce qui est de l'enquête, on ne remarque aucune fausse note, aucune incohérence, mais un dénouement poignant, à l'image des personnages. Un film magnifique, à voir absolument.
Le Refuge, de François Ozon
C'est quoi ? Alors que son ami vient de décéder d'une overdose, Mousse, accro à l'héroïne, découvre qu'elle est enceinte. Bien décidée à garder l'enfant, elle trouve refuge dans une belle maison du Sud de la France où le frère homosexuel de son ami, la rejoint.
Et alors ? François Ozon est, pour moi, le réalisateur français le plus inventif et le plus intéressant à suivre. Après le bizarroïde Ricky, il se lance de nouveau dans un film sur la famille et la maternité mais d'une manière bien plus terre à terre. Le Refuge, qui aborde donc des thèmes plutôt plombants, se révèle délicat, lumineux et porteur d'espoir. Avec une histoire toute simple -qui connaît néanmoins ses quelques rebondissements essentiels- le réalisateur parvient à nous offrir de magnifiques moments et une oeuvre intelligente qui ne se contente pas de faire de la prévention anti-drogue... Un très bon film, porté par des acteurs de grand talent.
Comme vous pouvez le constater, je n'ai pas eu le temps de voir In the air, bouh !!!! Je devais le voir hier soir mais un petit imprévu en a voulu autrement. Mais pas de panique, je compte bien me rattraper cet après-midi ! Au programme de ma semaine également Sherlock Holmes, Brothers, Une exécution ordinaire, Disgrace et Anvil.