L'impossible photographie : les prisons parisiennes, 1851-2010, au musée Carnavalet
Dès que Blissouille a parlé de cette exposition sur son blogounet, j'ai eu envie de la découvrir. Cela fait donc plusieurs semaines maintenant que je suis allée me culturer dans l'enceinte du superbe musée Carnavalet mais ce n'est que maintenant que je trouve le temps de vous en parler. Mais rassurez-vous, l'exposition reste ouverte jusqu'au 4 juillet, ce qui vous laisse largement le temps de la programmer dans vos agendas ;)
L'impossible photographie nous propose de découvrir l'univers carcéral parisien d'hier et d'aujourd'hui à travers une sélection inédite de 340 photographies, complétées par des objets, films, documents sonores, mais aussi conférences et tables rondes organisées par le musée.
L'exposition se parcourt à travers plusieurs thèmes -les prisons pour hommes, les prisons pour femmes-, nous permet de (re)découvrir des prisons parisiennes oubliées (la Petite et la Grande Roquette, Le Cherche-Midi, Sainte-Pélagie,...) et surtout s'appuie sur des tirages très anciens, fortement émouvants et instructifs mais aussi sur trois reportages très récents, réalisés en 2008 et 2009, effectués à la prison de la Santé. Ces reportages en plus d'être inédits sont exceptionnels puisqu'ils nous permettent de pénétrer dans la toute dernière prison de la capitale. En effet, si au XIX° siècle on dénombre à Paris dix-neuf prisons, il n'en reste plus qu'une seule aujourd'hui (à laquelle on se doit d'ajouter deux dépôts et un centre de rétention administrative). Quand on sait qu'une partie de la Santé est bouclée, cela donne une idée du quotidien que doivent supporter les détenus.
Si l'exposition a un caractère exceptionnel puisqu'elle nous invite à découvrir l'impossible, ce qu'on n'a pas le droit de voir habituellement, elle nous permet avant tout d'en apprendre davantage sur l'histoire des prisons parisiennes et les conditions de détention. Même si on connaît cette réalité, c'est toujours émouvant et choquant d'apprendre que des petits gamins pouvaient être envoyés dans des centres de redressement sur simple demande du père. Les photographies anciennes nous montrant les dortoirs exigus et les lieux de "promenade" aussi vastes qu'un dé à coudre sont également édifiantes.
En effet, l'ensemble de l'exposition, qui s'achève sur une partie consacrée à la peine de mort, nous amène forcément à nous poser maintes questions sur les conditions de vie des prisonniers et le bien fondé de tout cela. J'entends par "tout cela" faire d'un être humain une bête en cage, pour qui il sera forcément difficile de se réinsérer dans la vie "normale".
Enfin, pour tous les amoureux de Paris, cette exposition est bien évidemment très enrichissante ! Elle a été pour moi l'occasion de noter toutes les adresses où se trouvaient jadis les prisons parisiennes, en vue d'une grande balade à thème.
C'est où ? Au musée Carnavalet, 23, rue de Sévigné, M° Saint-Paul
C'est quand ? Tous les jours de 10h à 18h, sauf le lundi
C'est combien ? 7/5/3,50 euros