Ma life et David LaChapelle à la Monnaie de Paris
3615 ma Life pour vous dire que je suis à deux doigts de me rendre coupable d'un meurtre canin. Ouais, je vais encore vous gonfler avec le chien des voisins mais vraiment, j'en PEUX PLUUUUUUUUUUS ! Alors vous allez peut-être penser : "p*****, elle nous ressort la même histoire depuis des mois, on n'est pas dans Sans Aucun Doute", et vous n'auriez pas tort. Mais ce chien m'exaspère. J'ai dormi cinq heures à cause de lui, et là, il est parti pour aboyer toute la journée. Depuis un an et demi que ça dure, y a des semaines où il m'épuise vraiment, physiquement et nerveusement. Impossible de lire, de réflechir avec cette saloperie qui s'excite jusqu'à 18h. Pourtant Mère m'a donné des bouchons d'oreilles, qu'on utilise quand on fait du tir (me demandez pas d'où elle les sort), censés réduire le bruit ambiant de plusieurs dizaines de décibels, et bien, je me réveille tous les matins en sursaut malgré ça.
Vous allez me dire maintenant : "ba pourquoi tu fais rien ?" Tout simplement parce qu'il n'y a rien à faire ! Ses maîtres ne veulent rien savoir quant au Syndic... On doit attendre un mois pour que l'ascenseur soit réparé (je vis au rez-de-chaussée, Amen) alors faut pas compter sur eux pour régler ce genre de querelles. Comme quoi, on peut vivre dans un immeuble de bourges et être entouré de gens très mal élevés.
Plus intéressant maintenant, l'expo David LaChapelle que j'ai vue il y a deux semaines. Il était temps que je rédige mon billet étant donné qu'elle se termine dans une grosse dizaine de jours.
Si cette retrospective est une grande chance de découvrir le travail du photographe américain, puisqu'elle est "la plus vaste jamais organisée en France" dixit le dossier de presse, elle en laissera sans doute plus d'un sur sa faim.
Disons plutôt qu'il s'agit d'une rétrospective-échantillon.
A défaut de nous faire véritablement connaître l'artiste, elle nous permet de découvrir son travail à travers plusieurs angles et à travers un grand nombre de ses séries. C'est donc une vision d'ensemble de son oeuvre qu'on nous propose plus qu'une vision approfondie du travail du photographe.
Pour ma part, j'ai pris énormement de plaisir à voir de mes propres yeux ses immenses photographies. J'ai eu la chance d'avoir l'expo -presque- pour moi toute seule puisque nous étions à peine une dizaine de visiteurs. J'ai pu rester suffisamment longtemps devant les oeuvres pour les détailler, prendre le recul nécessaire pour les apprécier.
On découvre lors de cette rétrospective, les grands thèmes de LaChapelle : la religion, la société de consommation, le star-system,...
En tant que fan, j'attendais avec impatience de me retrouver devant la photo de Courtney Love en Pieta moderne et kitsch. J'étais à la fois contente et déçue que cette photo ouvre l'expo... je suis un peu maso, j'aurais préféré devoir attendre encore plus ! Mais j'en ai pris plein les yeux avec cette oeuvre qui nous plonge d'emblée dans l'univers du photographe et nous révèle quelques-unes de ses obsessions. On constate également qu'il attache beaucoup d'importance à la mise en scène car cette photo fourmille de détails, et la vidéo back-stage nous permet de voir tout le travail accompli en amont pour en arriver à ce résultat. C'est très impressionnant.
Les oeuvres de LaChapelle sont aussi, selon moi, pleines d'humour. Un humour un peu trash, décalé, qui ne plait à tout le monde mais qui a le mérite d'être original.
Je pense notamment à sa série Recollections in America, pour laquelle le photographe a utilisé de banales photos des années 70, dans lesquelles il a inséré objets et personnages. On ne fait pas attention aux détails ajoutés dès le début puisque notre attention est portée sur les visages, les expressions, mais au bout de quelques photos, on s'aperçoit que quelque chose cloche !
Dans un autre genre, j'ai été particulièrement sensible à sa série Awakened, mettant en scène des corps immergés. Installées dans une pièce circulaire, ces photos encerclent le visiteur, qui se reflète dans les cadres, se sentant ainsi impliqué dans la mise en scène, presque sous l'eau lui aussi. Bonne idée de scénographie
L'univers de LaChapelle est également un univers très ironique. Aussi, lorsqu'il fait poser les stars, il met volontairement en avant leurs défauts, non pas physiques mais psychologiques et grossit leurs travers. Aussi, avec cette photo de Faye Dunaway, il dénonce l'addiction des stars au public qu'elles semblent, paradoxalement, vouloir toujours fuir
Certaines photos de Paris Hilton, qui incarne la débauche du star-system et la société de consommation à elle seule, sont également pleine de cynisme, puisque le photographe fait ressortir tout son côté "poupée Barbie-objet sexuel", comme dans cette photo joliment intitulée Hi Bitch, Bye Bitch, où Paris Hilton, toute de rose vêtue, se fait embarquer
C'est là un tout petit échantillon de l'échantillon que nous propose la Monnaie de Paris !
Il faut surtout retenir que derrière une apparence superficielle, l'oeuvre de LaChapelle est réflechie et pousse à réflechir. L'artiste, bien que travaillant dans un univers fait de strass et de paillettes, offre une vision très lucide et très crue de notre société. Notre monde est montré comme apocalyptique, à plusieurs niveaux, aussi bien de manière concrète, comme ses photos faisant allusions aux catastrophes naturelles, qu'abstraite
D'un point de vue esthétique, LaChapelle propose des photographies extrêmement modernes (il réalise même des montages en trois dimensions) mais très influencées par l'oeuvre de Michel-Ange, dont il s'inspire notamment pour sa série Deluge
A mi-chemin entre la peinture baroque et le Pop-Art (il a d'ailleurs travaillé avec Andy Warhol), l'oeuvre de LaChapelle séduit donc par son esthétique très particulière et son originalité dérangeante.
Concernant l'exposition elle-même, qui m'a globalement satisfaite, je regrette ses cartels disposés de manière incohérente et surtout le fait qu'ils mentionnent des oeuvres qui ne sont pas visibles dans l'expo, sans explicitement le préciser.
C'est où ? A la Monnaie de Paris, 11 Quai Conti, Paris 6°, M° Pont-Neuf, Saint-Michel ou Odéon
C'est quand ? Jusqu'au 31 mai 2009, tous les jours de 10h30 à 19h30, 22h le lundi et le vendredi
C'est combien ? 8 euros pour le tarif réduit (jeune jusqu'à 22 ans seulement !) 10 euros pour le tarif plein