Les films du mois de mai, partie V

22 v'là les flics films vus ce mois-ci et un record pulverisé au royaume de Vilainie ! Hihaaaaaaaaaaa ! Chacun ses p'tites victoires personnelles. Avant d'attaquer le mois de juin en force -avec sept films au programme pour cette première semaine- voici les dernières critiques du mois de mai.

Looking for Eric, de Ken Loach

C'est quoi ? Eric Bishop est postier dans la sinistre ville de Manchester (ne gueulez pas, on ne peut pas dire que Manchester soit super rock'n'roll comme bourgade). Dépassé par l'éducation de ses deux beaux-fils, désespéré de ne penser qu'à sa première épouse qu'il aime encore malgré les années qui passent, il ne sait plus à quel saint se voit jusqu'à... Jusqu'à ce que son idole, Eric Cantona, se matérialise devant ses yeux et décide d'endosser le rôle de coach. Le sportif va donc aider Eric à reprendre sa vie en mains en lui prouvant que les règles du foot peuvent s'appliquer au quotidien.

Et alors ? Ken Loach ne nous a pas habitués à être drôle et je dois dire que c'est assez destabilisant mais relativement plaisant. Toutefois, le réalisateur reste fidèle à lui-même et aborde, à travers une inattendue complicité masculine, les thèmes qui lui sont chers en donnant la parole à des working class heroes qui ont pour seul divertissement le foot. Ce nouveau film est donc marqué par les habituelles préoccupations du réalisateur qui le rend plus léger grâce à la présence de Cantona en ange gardien, posé et philosophe. Celui-ci nous montre encore une fois qu'il est aussi doué devant une caméra que sur un terrain de foot. Ken Loach lui rend hommage en lui offrant un personnage finalement très proche de la réalité puisque son texte est un florilège de ses fameux proverbes, censés redonner à Eric le postier confiance en lui. Cette impression est renforcée par les quelques images d'archive qui nous remontrent les plus belles actions de Canto et ses célèbres interview qui s'intègrent parfaitement à l'histoire. L'autre Eric est interprété par un acteur que j'ai trouvé formidable, impressionnant de justesse Steve Evets (alors là, pitié, dites moi qu'il s'agit d'un pseudo, sinon les parents de ce monsieur ont vraiment beaucoup beaucoup d'humour). Néanmoins, malgré tous ces bons ingrédients, j'ai trouvé la recette de Ken Loach un peu foireuse. Si l'idée de départ -Eric le footeux comme coach d'Eric le looser- est excellente, il faut bien dire qu'elle est, au final, très peu exploitée. A partir du moment où Canto décide de reprendre Bishop en mains, je pensais qu'on allait voir une sorte d'évolution avec un enchaînements d'images (genre l'entraînement de Rocky, vous voyez) qui nous aurait permis de constater le chemin parcouru par Eric la loose. Sauf que non. A part les trois minutes où on voit les deux Eric courir, on n'a rien qui nous montre leur véritable complicité, solidarité. Tout passe par le blabla de Canto qui, bien que très amusant au début, devient lassant vers le milieu du film, qui est très longuet. On a l'impression que, tellement fier et content de son idée de départ, Ken Loach ne s'est pas donné la peine de pousser plus loin le bouchon, si bien que son scénario s'essouffle. Heureusement, le dernier quart d'heure vient relever le niveau et nous permet de ressortir de la salle avec une bonne image du film. Un film vraiment sympa mais qui aurait pu être encore mieux.

Quelque chose à te dire, de Cécile Telerman

C'est quoi ? Dans la famille Celliers c'est ambiance "je t'aime moi non plus". Alors que le père peine à s'habituer à sa nouvelle condition de retraité, il doit supporter sa femme, véritable mégère pète-sec, qui passe son temps à critiquer tout et tout le monde. Du côté de la fratrie c'est pas mal non plus, entre le fils aîné, incapable de gérer sa société au bord de la faillite, mais trop fier pour demander de l'aide à son père qui n'attend que ça, la jeune soeur, amoureuse d'un homme marié qui ne quittera jamais sa femme, et l'autre soeur, une artiste peintre, qui sniffe avec autant de facilité qu'elle avorte. Quand celle-ci s'amourache d'un flic à la recherche de l'enfant illégitime de son père, les secrets de famille vont voler en éclats.

Et alors ? Est-ce qu'on reproduit forcément le schéma de ses parents ? Pourquoi reproduit-on les bonnes choses mais aussi les mauvaises ? Ce sont ces éternelles questions pseudo-psychologisantes qu'a souhaité explorer la réalisatrice qui nous livre un film hyper convenu, un scénario auquel on ne croit pas une seconde, qui nous offre des révélations et des rebondissements gros comme des patates cosmiques. C'est tellement énorme que ça en devient tordant. Pour vous dire à quel point les ficelles sont grosses, le nom de famille du flic (Olivier Marchal) est Parentis. Autant mettre des grosses flèches qui clignotent et nous appeler "cons" directement. Et je ne vous parle même pas de la scène finale et des dernières paroles prononcées par Charlotte Rampling qui m'ont fait rire en levant les yeux au ciel. Reste malgré tout une bonne dose d'humour notamment grâce aux personnages interprétés par Mathilde Seigner (que j'aime décidément beaucoup) et Charlotte Rampling qui campe une mère de famille mille fois plus peau de vache que Kristin Scott-Thomas dans Un mariage de rêve. A côté de la mère Celliers, c'est Joséphine ange-gardien ! Une comédie française qui nous change un peu des dernières grosses bouses qu'on a pu voir mais qui a peut-être trop de prétentions pour être réussie.

The other man, de Richard Eyre

C'est quoi ? Un homme trouve des e-mail compromettants dans l'ordinateur de sa femme, une styliste de chaussures, partie en voyage à Milan. Fou de jalousie, il poursuit ses recherches et découvre dans ce même ordinateur un fichier bloqué intitulé LOVE. Il décide alors de partir à Milan, à la recherche de l'autre homme et de réponses à ses questions.

Et alors ? La semaine dernière, je vous disais que je n'étais pas spécialement partante pour voir ce film, je me le gardais sous le coude au cas où. Puis je me suis dis que ça faisait un bail qu'on avait pas vu le bel Antonio Banderas sur grand écran, et ça, voyez-vous, c'est super motivant ! Et puis, plus sérieusement, j'avais adoré Chronique d'un scandale du réalisateur. Adapté d'une nouvelle de Bernhard Schlink, ce film aborde des thèmes que je n'auraient pas soupçonnés, ce qui en fait une excellente surprise. Si on pense regarder un simple film sur l'adultère comme on en voit tant, la presque-fin nous réserve une pirouette cacahuète très destabilisante, inattendue qui donne au film une portée nouvelle, le rend très poignant et les personnages encore plus attachants. Un petit film dont on n'attend pas grand chose mais qui se révèle bien plus profond que d'autres soit-disant grands films. A noter un casting vraiment parfait, avec un duel de choc Banderas/ Neeson, qui s'affrontent dans la vie comme aux échecs. Laura Linney est absolument sublime et Romola Garai une jeune actrice que j'aimerais voir plus souvent. P.S. : Ne lisez surtout pas les critiques sur AlloCiné, des idiots risqueraient de tout vous dévoiler.

Clap final pour ce très riche mois de mai. Mais le mois de juin commence tellement fort que je suis presque contente de le voir enfin arriver. Au programme dès aujourd'hui, The Women, pour sa belle brochette d'actrices, La maison Nucingen, carrément descendu par les critiques mais qui m'intrigue, Ne te retourne pas, pour la réalisatrice dont j'avais beaucoup aimé le premier film mais certainement pas pour les deux actrices, l'incontournable Antichrist, depuis le temps que je l'attends, Departures pour le Japon et bien évidemment Mariage à l'islandaise, parce que je peux me donner bonne conscience en me disant que je "fais de la recherche" ! N'oubliez pas également la sortie vendredi de Home, de Yann Arthus-Bertrand, qui sera également diffusé sur France 2.

Et vous, z'avez prévu quoi ?

Comments

[Emma]

Ah ba j'espère bien, je compte sur toi moi ;)
"Coraline"... j'ai déjà envie de le revoir ! Surtout en 3D, j'espère que tu as pu le voir ainsi, c'est vraiment magnifique.

[Livy]

Pfiou, même pas. J'ai été pas mal bousculée ces derniers jours donc pas trop de cinéma (avec toutefois une exception pour Coraline ^^)
Mais je ne compte pas faillir à ma tache encore longtemps et on pourra en parler très bientôt ;)

[Emma]

Alors ????? Tu as vu "Antichrist" ? Je suis super impatiente d'avoir ton avis car je n'ai pas pu en parler avec qui que ce soit encore. A croire qu'il fout la trouille à tout le monde et que personne ne l'a vu !
De mon côté, j'ai été absolument renversée, dans le très bon sens du terme !

[Livy]

Parmi les films que tu cites, celui que je souhaites aller voir le plus est "Antichrist". Il a le don de m'intriguer beaucoup et j'aime assez les films qui sortent de l'ordinaire (sans oublier que globalement, j'apprécie plutôt bien le jeu de Charlotte Gainsbourg ^^)
Bref, si ça se trouve, je détesterai, qui sait? Mais je t'en reparlerai ;)

[Emma]

C'est sûr qu'il faut avoir l'estomac bien accroché pour affronter "Antichrist" ! J'ai lu certaines choses qui refroidissent un peu, c'est vrai. Je te raconterai ;)
A mon avis "The Women" est super cliché, tu as bien raison ! Le seul intérêt est de voir toutes ces actrices réunies et de comparer le remake et l'original.
Bises.