Paris Tease, un dimanche sous le signe du burlesque
J'espère que vous avez tous passé un excellent week-end, le premier du printemps, ça se fête !
De mon côté, j'ai célébré l'arrivée de la nouvelle saison au Biz'Art (anciennement Opus Café), puisque s'y déroulait la première grande soirée burlesque parisienne, Paris-Tease. J'en avais déjà un peu parlé ici mais maintenant, j'ai plein de détails à vous donner !
Tout d'abord, quelques mots sur la salle, histoire de nous mettre dans l'ambiance.
J'avais déjà passé une soirée à l'Opus Café mais il y a de ça une éternité. Je n'avais donc aucun souvenir de cette très belle salle, idéale pour nous plonger une atmosphère burlesque. Entre les poutres apparentes au plafond, les lustres, les lourds rideaux de velours rouge, les fauteuils et canapés judicieusement répartis autour de petites tables -parfaites pour trouver un peu d'intimité- j'ai eu l'impression d'entrer dans un véritable cabaret, ou, pour les fan de Gossip Girl, de pénétrer dans le club de Chuck ! Cette impression était renforcée par la présence de très jolies filles, habillées dans un style années 30 parfaitement maîtrisé, et de beaux jeunes hommes costumés et chapeautés !
Dès mon arrivée, je me suis précipitée à l'étage où se trouvaient les stands des créateurs. Au programme, bijoux, corsets, masques... J'ai pu enfin voir "en vrai", les créations de Caroline de Volute Corsets et je peux vous dire que je ne pense plus qu'à une chose : faire un tour dans sa boutique ! Etaient également présentes les créatrices des marques d'accessoires Dragon de Brume, Lolita Pompadour (jetez un oeil sur le site, il est vraiment très joli) et Cutetricks, ainsi que de la marque de vêtements alternative Pink & Kinky (là, j'avoue que je n'ai pas vraiment été emballée, non pas à cause des vêtements très bien coupés, mais de la matière... Même si je possède quelques pièces en vinyl, c'est loin d'être ma matière préférée lorsqu'elle est portée en total-look). Grâce aux défilés de mode, on a pu se rendre compte un peu plus tard de la qualité de certaines créations. Quand je vous dis que je ne me suis pas remise de mon face à face avec Volute Corsets, je ne plaisante pas ! Et en plus, j'ai appris que la créatrice proposait également des masques ! Euphorique je suis ( et ruinée je vais être !)
La soirée a réellement commencé vers 18h30 (la salle a ouvert avec une demi-heure de retard) avec la présentation de six demoiselles, qui ont posé dix minutes chacune, le temps de se faire dessiner par plusieurs artistes (en herbe ou confirmés). Je ne le savais pas jusqu'à hier mais cette pratique a un nom. Oui oui ! Le concept se nomme Dr. Sketchy et a été mis au point par Molly Crabapple. Le principe est simple : des modèles (mannequins, danseuses, artistes rétro, néo burlesque, fetish, ...) posent pendant cinq, dix, trente minutes pour qui a envie de les dessiner. Pas besoin d'être un professionnel du dessin pour participer, il faut seulement se munir d'un carnet à dessin et de dix euros. Des ateliers Dr. Sketchy se tiennent dans une trentaine de villes depuis 2005, dont Paris bien sûr.
Comme je ne dessine pas, cette heure m'a semblé durer une éternité. Si pour chaque modèle on passe deux minutes à détailler sa tenue, sa pose, son physique, il reste quand même huit minutes à tenir ! Pendant ce temps là, on n'a pas grand chose à faire, si ce n'est refaire le tour des stands ou prendre un verre (mais à cinq euros la pression et dix euros le cocktail -après avoir payé quinze euros d'entrée- je peux vous dire qu'au bout de trois tournées, on se calme !). Pour la prochaine édition du Paris-Tease, les organisateurs devraient songer à une autre activité à proposer aux non-dessinateurs.
Après cette heure un peu mollassone, l'ambiance est vite remontée grâce aux défilés de mode puis aux interventions des danseuses de la troupe tribale Af'Avel qui, pour l'occasion, étaient vêtues façon Moulin-Rouge. Elles nous ont proposé deux chorégraphies (sur la B.O. de Chicago puis de Moulin-Rouge, justement)ainsi que plusieurs démonstrations. Je vais encore faire ma chieuse mais là encore, je n'ai pas été convaincue. Est-ce la faute de mes trop nombreuses années de danse qui m'empêchent d'apprécier tout spectacle dansé où les termes "rigueur" et "synchronisation" ne semblent pas avoir leur place ? Bon, je ne suis pas qu'une vilaine fille, j'ai donc quand même noté l'inventivité et l'originalité de cette troupe de filles que j'aimerais revoir dans un autre contexte.
Nous avons ensuite pu entendre quelques titres jazzy, interprétés par la chanteuse Rachel Gardner Smith. Alors là, même si la musique proposée n'était pas tellement mon genre, j'ai adoré le personnage de Rachel, diva aussi belle qu'arrogante. Et sa voix ! Super originale !
Puis, est enfin arrivé le moment que j'attendais tant : les show des différentes effeuilleuses et artistes burlesques, venues de France mais aussi d'Angleterre.
J'ai d'abord été interpellée par une chose : les perfomeuses ne sont pas des mannequins. Toutes étaient très différentes les unes des autres, certaines légèrement rondes, d'autres carrément bien en chair et quelques-unes hyper bien roulées. Ce constat m'a rappelé les soirées goth où j'allais chaque semaine avant et où on pouvait croiser des filles vraiment très rondes vêtues de jupes courtes, moulantes, de robes en résille, enfin bref, habillées de manière pas forcément très flatteuse mais originale et surtout sans aucun complexes. Bien sûr, j'imagine qu'en boîte de nuit plus traditionnelle, les filles rondes ne sont pas refoulées à l'entrée, mais ça m'étonnerait qu'elles soient très nombreuses à grimper sur les podiums pour tortiller du cul le long des barres de pole-dance. Or, dans toutes les manifestations (soirées, festival,... ) alternatives où je suis allée, j'ai remarquer que les rondes avaient leur place, et une place de choix.
Aussi, avec la première effeuilleuse, une anglaise, Cecilia Rouge, on a tout de suite pu noter que quelques rondeurs n'étaient pas un obstacle au show burlesque, bien au contraire ! L'artiste nous a proposé deux show, bien menés, mais je l'ai trouvée peu souriante et... comment dire... un peu raide, empotée.
Parmi les autres artistes, il y avait également Violetta Opium, qui m'a laissée de marbre, et surtout trois artistes que j'ai trouvées très joueuses, généreuses, souriantes, dans un pur esprit pin-up. Oui, parce que dans ma tête à moi, une artiste burlesque n'est pas là pour faire sa star, pour minauder et battre de cils sans arrêt. A l'instar de Bettie Page, la reine des pin-up, une performeuse est là pour faire plaisir à son public. Regardez des photos ou des vidéos de Bettie et vous verrez qu'elle était toujours très souriante, même lors de séances photo plus osées
J'ai donc adoré les show des anglaises Diva Hollywood et Kitten von Mew (qui est arrivée sur scène dans un costume de chat délirant) et de la française -et organisatrice du Paris-Tease, Miss Anne Thropy
Diva Hollywood
Kitten von Mew
Miss Anne Thropy (quand je vous dis qu'elle est souriante !)
J'ai trouvé les show de ces demoiselles réussis, évidemment, mais, au risque de me répéter, j'ai été surtout séduite par leur générosité et leur inventivité. Elles ne se sont pas contentées de se pavaner en tenue légère, il y avait une mise en scène et une véritable envie de communiquer avec le public.
Toutes les artistes burlesques ne sont pas aussi souriantes et généreuses que celles que je viens d'évoquer, et bizaremment celles qui m'ont semblé les plus distantes sont les deux artistes roulées comme des Rolls Royce.
Surtout une en fait, qui du coup m'a grandement déçue alors que j'attendais depuis longtemps de la voir "en vrai", Scarlett Diamond. Cette jeune parisienne est souvent présentée comme la prochaine Dita von Teese. Et pour cause, elle est brune, belle, gracieuse, bonne actrice, ... , bref, elle a tout pour elle et tout pour réussir. MAIS ce que Scarlett ne semble pas avoir c'est un brin d'humilité. Elle m'a semblé hautaine et surtout très prétentieuse. Il n'y a qu'à voir son show : le plus court, le moins travaillé et pourtant le plus acclamé ! Alors forcément, ça fait enfler la tête ! Et alors que presque toutes les artistes nous ont offert deux représentations, elle s'est contentée de nous faire l'honneur de sa présence deux minutes : un show express et banal au possible. Enfin, si sur ses photos Scarlett Diamond est absolument sublime (et elle l'est également en chair et en os), ce qui frappe surtout lorsqu'on la voit sur scène c'est son mini-format qui l'a ferait passer pour une gamine de douze ans. Non, je ne fais pas ma vilaine jalouse, pour preuve, ces paroles tenues par un mâle de ma connaissance "si je bandais pour ça, j'aurais l'impression d'être un pédo". C'est vrai que ça manque de classe mais le message est clair ! Il faut dire que la Scarlett, elle flotte un peu dans sa belle robe noire. Elle flotte tellement qu'on se demande si elle ne l'a pas piquée à sa maman pour jouer à la dame. Une chose est sûre, je ne guetterai pas les dates de ses prochains effeuillages
Si j'ai été déçue par cette artiste, j'ai eu un vrai coup de coeur pour celle dont je vais vous parler maintenant et que j'ai gardée pour la fin. Tout comme Scarlett Diamond, elle m'a semblé moins joueuse que d'autres artistes telles que Kitten von Mew, néanmoins, elle nous a proposé deux démonstrations de ses talents absolument époustouflantes.
Vicky Butterfly, une londonienne de vingt-cinq ans, nous est tout d'abord apparue vêtue d'un somptueux costume de paon dont les plumes noires et vertes allaient à ravir avec ses cheveux roux. Eventails de plumes, gants, bas, Vicky Butterfly a su enlever ses multiples couches de vêtements avec une grâce incroyable. Contrairement à Scarlett Diamond qui a ôté sa robe en deux temps trois mouvements, Vicky Butterfly a su captiver son public en se défaisant de son costume par étape. Doucement mais sûrement, elle nous a conquis
Pour son second passage, Vicky Butterfly s'est transformée en cygne pour nous offrir un show en trois parties. Tout d'abord, l'artiste nous hypnotise avec une danse sensuelle, aidée de son long déshabillé aux manches couvertes de plumes. Ensuite, l'effeuillage, lent et gracieux tout comme le premier : Vicky prend son temps et nous laisse admirer chaque partie de son incroyable costume. Enfin, elle nous propose un magnifique ballet, avec deux grands éventails de plumes blanches qu'elle manie avec talent et qui nous permettent, par intermittence, d'apercevoir sa belle plastique. Très sincèrement, à elle seule, elle valait bien le déplacement ! Son show m'a plus que ravie, j'étais comme une petite fille devant cette jeune femme aérienne et enchanteresse qui présente un véritable spectacle, complet, travaillé et surtout qui ne se contente pas de se pavaner en string. Un moment de pure extase
S'il faut absolument donner une descendante à Dita, pour moi, il n'y a pas de doute, c'est Vicky Butterfly.
Cette première soirée, menée par un animateur vraiment participatif qui a su meubler en donnant de sa personne, m'a, dans l'ensemble beaucoup plu, et j'espère que ce genre d'événement se reproduira plus souvent. J'ai découvert de véritables artistes, des filles talentueuses mais surtout passionnées par un art qui demande bien plus qu'une plastique irreprochable.
Ce que j'ai également retenu est plutôt d'ordre technique : mesdemoiselles et mesdames, pour vos prochains strip-tease home-made, pensez à mettre des bidules dans vos longs gants. Qu'est-ce que j'entends pas "bidules" ? Et bien, si vous êtes à l'hôtel et que vous n'avez pas à vous soucier du ménage, glissez-y des confettis ou bien mieux, des paillettes. Par contre, si vous êtes à la maison, optez pour des plumes colorées. L'effet de surprise est garanti !