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Vilaine Fifi
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2 avril 2009

Baby Doll, au théâtre de l'atelier

baby_dollDès que j'ai su que Mélanie Thierry était à l'affiche d'une nouvelle pièce de théâtre, j'ai tout de suite souhaité la découvrir. J'avais tellement adoré cette comédienne dans Le vieux juif blonde en 2006, je ne voulais pas la manquer dans son nouveau rôle.

Il faut croire que Mélanie Thierry choisi bien mieux ses pièces que ses films ! En effet, Baby Doll est une pièce admirable, qu'on a envie de revoir à peine sorti du théâtre.

L'histoire est pourtant simple. Baby Doll a été marié à Archi Lee, un exploitant de coton ruiné, par son père mourant, qui a eu la bonté de poser une condition : le mariage ne sera consommé que lorsque Baby Doll fêtera ses 20 ans. Alors qu'elle s'apprête à souffler ses vingt bougies, pour le plus grand bonheur de son mari, Baby Doll fait la connaissance de Silva Vaccaro, un étranger dangereusement sexy, concurrent d'Archi Lee, qui le soupçonne d'être à l'origine de l'incendie qui a détruit son égreneuse à coton. Silva va alors se servir de Baby Doll pour nuire à son rival.

Il sera donc question de vengeance, de sexe, de manipulation, mais aussi de machisme, de racisme et surtout de la solitude.

Si les thèmes abordés sont plutôt classiques, j'ai découvert un texte extraordinaire. Je ne connais pas du tout l'oeuvre de Tennessee Williams (j'ai seulement vu Un Tramway nommé désir, d'Elia Kazan) et j'avoue que j'ai été séduite dès les premières répliques. Le texte est très fort, incroyablement bien écrit et surtout dôle, plein d'ironie.

Il est par ailleurs superbement mis en valeur par une mise en scène intelligente, un décor très réussi (se dresse devant nous une maison de poupée déglinguée plus vraie que nature), une ambiance, une atmosphère parfaitement reproduite -on se croit réellement dans le Sud des Etats-Unis, on en sent la chaleur, la moiteur- qui nous intrigue, nous inquiète et nous fascine. On sent en effet la tension monter entre les personnages : la rivalité entre Archi Lee et Vaccaro ne fait qu'augmenter tandis que la tension sexuelle entre Baby Doll et ce dernier atteint des sommets.

Impossible de vous parler de cette pièce sans évoquer le talent des comédiens qui la portent. Malheureusement, étant placée sur le côté, je n'ai pas pu voir Théo Légitimus en action, je ne peux donc rien dire sur son jeu. Par contre, j'ai été bluffée par les quatre autres acteurs. Monique Chaumette, qui joue la tante Rose de Baby Doll, m'a beaucoup émue, son rôle de petite vieille mignonne est vraiment craquant et surtout beaucoup plus important qu'on peut le penser au départ. Quant aux deux hommes de l'affaire, Xavier Gallais (Vaccaro) et Chick Ortega (Archi Lee), ils nous offrent deux personnages puissants, forts, très différents l'un de l'autre (Archi Lee est aussi rude que Vaccaro est mielleux) mais finalement très semblables car prêts à tout pour arriver à leur fin.

Et que dire de Mélanie Thierry ? Elle est une parfaite Baby Doll ! Ce rôle de femme-enfant, d'apparence ingénue mais qu'il ne faut surtout pas prendre pour une buse, lui colle tellement à la peau que je suis incapable d'imaginer une autre actrice dans ce rôle. Elle est fraîche, belle, généreuse, lumineuse, et, le plus important, très douée. Elle dit son texte avec énergie, le vit, le ressent, nous fait beaucoup rire et nous attendri en même temps.

Je vous conseille donc à tous d'aller voir cette Baby Doll de vos propres yeux, vous ne serez pas déçus !

Pour ma part, cette petite sortie a juste été gâchée par l'organisation du théâtre. Oui, j'ai encore un petit coup de gueule à passer ! Le théâtre, fort joli au demeurant, est composé de trois parties : l'orchestre, la corbeille, le balcon. Samedi, la corbeille était au trois-quart vide, tandis que nous nous entassions au balcon. Je trouve ça vraiment dommage que dans ce cas de figure, le personnel ne puisse pas nous autoriser à descendre prendre de meilleures places. Bon, moi je m'en fiche, j'étais pas si mal perchée là-haut, mais j'ai été un peu écoeurée d'entendre la placeuse dire à une dame : "vous avez payé pour cette catégorie, vous y restez !" Ma mère m'a sorti sa théorie là-dessus : "si le théâtre permet aux gens qui ont payé 7 euros de prendre une place qui en coûte 40, plus personne ne prendra les places à 40 et croisera les doigts pour être surclassé." Bon, c'est pas faux. Mais quand même ! Lorsqu'on aime vraiment le théâtre, est ce qu'on fait ses choix de manière aussi calculée ?

C'est où ? Au théâtre de l'Atelier, M° Anvers

C'est quand ? Jusqu'à fin juin 2009, du mardi au samedi à 21h, le samedi à 17h30 et le dimanche à 16h

C'est combien ? Entre 7 et 39 euros sur le site du théâtre

Info +++ : La pièce dure environ 1h40

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Commentaires
B
Ahh les chiennes !! <br /> Ceci dit, c'est vrai que la pièce est excellente... Je garde un souvenir génial des pièces de Tennessee Williams, en plus j'avais un prof passionné, donc ça aide ;)
E
Non mais attends ! C'était la guerre ! Les ouvreuses gardaient les portes comme de vrais cerbères (je ne dis pas ça contre elles, elles ont des consignes).<br /> Une spectatrice a tenté sa chance alors que la pièce été déjà bien entamée (elle a dû penser que la voie serait libre) et on l'a vue remonter en pestant cinq minutes plus tard !<br /> Enfin, c'est pas bien grave ! La pièce était tellement géniale qu'il en aurait fallu beaucoup plus pour gâcher mon plaisir.<br /> Tu as de la chance d'avoir étudié le répertoire de Williams au lycée, ça devait vraiment être très plaisant. En tout cas, j'ai fait une très belle découverte !
B
Très contente que tu aies aimé cette pièce ! En revanche, s'il y avait tant de places dispo que ça, moi j'aurais bougé pour prendre une meilleure place au tout début de la pièce. D'ailleurs, ça m'arrive régulièrement de le faire... ouvreuse contente ou pas !
Vilaine Fifi
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