Les films du mois de mai, partie II
En plus des deux Audrey Hepburn vus au Mac Mahon, j'ai trouvé le moyen de me faire cinq autres films. Que voulez-vous, il faut bien faire passer l'angoisse des jours fériés ! Comme prévu, je n'ai pas vu Je l'aimais, mais je serais curieuse de connaitre votre avis. Par contre, j'ai enfin vu en DVD un film que je n'avez pas eu le temps de voir au ciné l'an passé mais que tout le monde avait adoré, Le premier jour du reste de ta vie, et je rejoins donc le Club des adorateurs ! J'ai trouvé cette chronique familiale très plaisante car elle alterne les moments de joie simple et les moments plus difficiles de la vie, le temps qui passe, la maladie, les disputes... Je suis très heureuse de l'avoir enfin découvert.
Passons aux critiques de la semaine.
Un mariage de rêve (Easy Virtue pour faire plaisir aux anglophiles !), de Stephan Elliott
C'est quoi ? John Whittaker, un jeune anglais de bonne famille, amène sa nouvelle épouse, Larita, au manoir familial pour faire les présentations. Ce sont alors deux mondes qui se rencontrent et qui s'affrontent. Larita est belle, blonde platine, porte des vêtements luxueux, gagne sa vie sur des rallye, cache un lourd passé et surtout elle est américaine ! Alors, si le père de John ne semble pas insensible aux charmes de sa nouvelle belle-fille, sa mère la prend tout de suite en grippe, ce qui donnera lieu à de très intenses joutes verbales et autres quiproquos.
Et alors ? Quel petit bonheur ce film ! Il a ensoleillé mon samedi pluvieux alors que je n'en attendais pas grand chose la première fois que j'ai vu l'affiche. Je m'étais dit : "encore un pseudo-film en costumes qui ne tiendra pas la route..." Vous voyez, même les meilleurs peuvent se tromper ^^ Tout m'a plu, de la scène d'ouverture, style diapo, avec la sublime voix de Larita qui nous susurre "I'm mad about the boy", à la scène finale, empreinte de liberté. J'ai eu une très bonne surprise avec Jessica Biel qui se révèle très bonne actrice et parfaite dans le rôle de Larita. Je lui ai trouvé beaucoup de classe et son visage est très expressif, assez particulier, plein de caractère. Mais le personnage principal de cette histoire est pour moi le père de John, interprété par Colin Firth. Je ne l'ai jamais vu jouer de cette manière, discrète et forte à la fois. Il faut dire que son rôle lui va à ravir : ancien combattant, il semble coincé dans cet immense manoir, aux côtés d'une femme extrêmement rigide, hypocrite, prête à tout pour sauver les apparences, on sent qu'il cache derrière sa barbe mal taillée et son regard grave un secret, tout comme sa belle-fille, avec qui il partage une passion pour la moto et la cigarette et une aversion pour la chasse. On comprend tout à fait qu'il voie en elle son unique échappatoire.
Mais ce qui donne tout son intérêt au film, c'est qu'il fait la part belle aux personnages secondaires, avec en tête, les deux soeurs de John, qui sont, il faut bien le dire, complètement timbrées, chacune dans leur genre. Il y a aussi le voisin, dont la petite soeur est éprise, mais qui ne semble avoir d'yeux que pour Larita, comme tous les hommes qui croisent sa route. Et surtout, le personnel du manoir, principalement Furber (Kris Marshall, que j'avais déjà adoré dans Joyeuses Funérailles) qui est désopilant.
Je pourrais également vous parler de l'incroyable B.O. qui rythme ce petit bijou, avec la reprise de Sex Bomb façon années 30, vous parler de la scène du tango, qui m'a collé des frissons alors qu'elle n'est pas transcendante mais tellement révélatrice de ce qui unit les deux danseurs, il y a aussi des tas de choses à dire sur les vêtements de Larita, très légers mais avec beaucoup de tenue, qu'on devine confortables mais tellement classes, je suis sûre qu'on a toutes eu envie d'adopter son style masculin-féminin sur le champ !
Bon, je vais m'arrêter là car on a encore quatre films à décortiquer ! Une dernière chose : n'hésitez pas, foncez le voir !
Toute l'histoire de mes échecs sexuels, de Chris Waitt
C'est quoi ? Alors qu'il vient de se faire plaquer pour la X° fois, Chris Waitt, réalisateur indépendant, décide de comprendre ses échecs sentimentaux en réalisant un documentaire dans lequel il souhaite recueillir les témoignages de ses ex. Malheureusement, aucune ne semble vouloir apporter sa contribution et Chris prend conscience qu'il les a toutes déçues par sa goujaterie et sa peur de l'engagement. Mais très vite, le documentaire sur ses échecs sentimentaux s'attaque à ses problèmes sexuels quand Chris réalise qu'il est victime d'impuissance épisodique depuis trois ans. Trois ans... autrement dit, depuis qu'il a perdu la femme de sa vie en refusant de l'épouser.
Et alors ? Un documentaire très original, drôle et instructif qui devrait être vu par tout le monde en général et par tous les mecs en particulier ! Chris Waitt n'hésite pas à se remettre en question, à gratter là où ça fait mal afin d'apprendre de ses erreurs et de se sortir enfin de l'adolescence. Ce jeune réalisateur aux faux airs de Kurt Cobain se révèle très vite attachant même s'il est complètement largué. On aurait presque envie de l'aider ! Il est surtout courageux de se mettre à nu, dans tous les sens du terme, en évoquant ses pannes sexuelles mais aussi la douleur qui le hante encore d'avoir laissé filer la femme de sa vie. Trois scènes qu'on devine un peu plus scénarisées donnent une dimension comique à ce documentaire : la chanson que Chris chante à sa psy et qui dit à peu près "j'aimerais baiser toutes les filles que je croise mais j'arrive même pas à te baiser toi", la scène dans le donjon sado-maso et bien sûr, le passage où il avale huit comprimés de Viagra ! C'est donc un film très complet malgré son aspect "artisanal", qui m'a beaucoup fait rire, qui m'a émue aussi. Un film très humain bien qu'introspectif et surtout jubilatoire et décalé, très anglais quoi !
El Nino Pez, de Lucia Puenzo
C'est quoi ? Lala et La Gayi sont amoureuses l'une de l'autre, un problème quand on sait qu'un monde les sépare puisque La Gayi est au service de la famille de Lala. Elles décident alors de quitter Buenos Aires pour vivre heureuses dans le village d'origine de La Gayi, près d'un lac où vit une étrange créature, l'enfant-poisson.
Et alors ? J'avais adoré XXY de la réalisatrice Lucia Puenzo, je suis un peu plus mitigée en ce qui concerne El Nino Pez malgré une histoire prenante par sa narration, qui nous tient en haleine et deux jeunes actrices très justes, dont Inès Efron qui m'impressionne toujours autant. J'ai beaucoup aimé la construction du film, complètement éclatée, qui commence par la fin, mélange les événements, qui tente de nous semer mais nous rattrape à temps pour nous remettre sur le bon chemin. Mais je me demande si sans cette construction alambiquée le scénario aurait eu la même force, puisque l'histoire en elle-même n'est pas sensationnelle. Le film manque de rythme, du moins, le rythme est inégal. Certaines scènes sont très intenses mais certains passages trainent en longueur. Par ailleurs, je ne sais pas quoi penser de la part de mysticisme que la réalisatrice a voulu mettre dans cette histoire d'amour souvent cruelle. La légende de l'enfant-poisson qui se voudrait centrale est en fait survolée, au point qu'on se demande si elle n'est pas superflue.
Commis d'office, d'Hannelore Cayre
C'est quoi ? Antoine Lahoud traine son manque d'enthousiasme de commissions d'office en commissions d'office. Ras-le-bol du métier et problèmes d'argent, lui font accepté la proposition d'Henri Marsac, un avocat réputé pour défendre de "gros" clients (à traduire par gros truands). L'argent coule à flot, Antoine goûte enfin au luxe, tout va bien donc, jusqu'à ce que Marsac lui propose un très gros coup : prendre la place d'un de ses clients derrière les barreaux...
Et alors ? La bande-annonce m'avait semblé très engageante et j'étais surtout séduite par le fait que le film mettait en scène un avocat, ça nous change des flics. La première partie du film est alors tout à fait fidèle à l'atmosphère annoncée par la bande-annonce, malheureusement, la seconde partie semble appartenir à un autre film, tellement elle est décalée. On passe d'un film à suspense, d'un film rythmé à une sorte de boutade, qui enchaîne les scènes grotesques, comme la scène du McDo, où Lahoud entouré de deux grands gaillards peu sympathiques joue avec le jouet de son Happy Meal... J'avoue que je n'ai pas bien compris ce changement de ton. Du coup, on ne se sent pas du tout impliqué dans l'histoire étant donné que les comédiens eux-mêmes semblent s'y promener nonchalemment. Même le casting est inégal : Roschdy Zem est très convainquant, Jean-Philippe Ecoffey est très crédible en avocat véreux même si son personnage est caricatural au possible, et Sophie Guillemin est tout simplement insupportable, chacune de ses apparitions est une torture, sa voix et son air de gourde un cauchemar. J'espère ne pas la recroiser sur grand écran de si tôt. Si vous n'avez pas encore vu ce film, si vous vous tâtez, très sincèrement, passez votre chemin, à voir en DVD.
L'enfant-cheval, de Samira Makhmalbaf
C'est quoi ? Dans un village d'Afghanistan, un riche garçonnet ayant perdu ses jambes "embauche" un jeune handicapé-mental pour le porter sur son dos. Peu à peu, celui qui se fait appeler "Maître" va transormer son "esclave" en cheval, tout en l'humiliant un peu plus chaque jour.
Et alors ? Tout simplement le film le plus atroce que j'aie jamais vu. Pas "atroce" par ce qu'il montre, mais par la manière dont il le montre. Cette relation maître-esclave censée symboliser ce qui se passe en Afghanistan aujourd'hui, est éprouvante, vraiment très difficile à supporter, si bien que je me suis sentie au bord du malaise à certains moments. Pourtant, j'ai le coeur bien accroché, mais cet enfant qui soumet, exploite un pauvre bougre, est immonde. Il y avait une telle haine sur son visage, un tel mépris, que j'avais envie de le tuer, littéralement. Et je pense que c'est ça qui m'a tant chamboulée. On est habitué à voir des films qui mettent en scène d'immondes salauds, mais ce sont des hommes, des adultes. Même si on a envie de les voir crever, même si on se frotte les mains quand ils sont dans une impasse, on trouve ça normal. Mais éprouver ce sentiment, cette envie de faire du mal face à un enfant, je peux vous dire que c'est vraiment destabilisant. D'un côté, je suis rassurée, aucune tueuse d'enfant ne sommeille en moi, même si je ne les porte pas dans mon coeur ! J'ai également été troublée par la résignation de "l'enfant-cheval", résignation que je comprends très bien, mais qui m'a révoltée. Ce film est donc sans complaisance aucune, sans pitié pour les personnages ni pour les spectateurs. Une oeuvre très forte, qui remue, à voir en se préparant à un choc visuel et psychologique.
Voilà pour cette deuxième semaine de mai plutôt satisfaisante. Par contre, la semaine à venir s'annonce beaucoup moins réjouissante avec seulement deux films notés sur ma liste : Millenium évidemment et Anges et Démons, qui ne m'attire pas plus que ça vu la catastrophe qu'était le film Da Vinci Code... mais comme j'ai bien aimé le bouquin, je vais me laisser tenter ! Je suis donc bien heureuse de ne pas avoir vu Good Morning England la semaine dernière, ça sera ma petite pépite du wek-end !
Et vous, des projets ciné ? !
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