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Vilaine Fifi
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13 mai 2009

William Blake, au Petit Palais

william_blake_mus_eEncore une expo que je n'aurais peut-être pas vue sans le très bon dossier du magazine L'Oeil (grâce auquel je ne suis déjà pas passée à côté de Controverses.) Cela aurait été un beau gâchis puisque j'ai vu là une des meilleures expos de l'année, j'en suis sûre.

J'ai tout d'abord découvert un artiste que je connaissais finalement assez peu. Je connaissais bien sûr quelques oeuvres de Blake -ayant pas mal côtoyé le milieu gothique, c'est typiquement le genre d'artistes qu'affectionnaient mes compagnons de route- mais je n'ai jamais cherché à en savoir plus. Or, Blake n'est pas seulement un artiste, c'est tout un univers à découvrir, une oeuvre fourmillante et surtout passionnante.

William Blake ne peut qu'être qualifié d'"artiste" tant il s'est essayé à différents supports. Mais il est probablement plus connu pour sa poésie et ses oeuvres enluminées, Songs of Innocence et Songs of experience. D'ailleurs, son poème The Tyger est très populaire en Angleterre, son pays d'origine -qui semble vouloir le garder jalousement !- où tous les petits écoliers l'apprennent (probablement comme nous apprenons Liberté de Paul Eluard).

the_tyger

C'est pourtant avec le dessin que William Blake débuta sa carrière artistique. Né à Londres en 1757, il commence dès ses dix ans des études de dessin puis travaille pour le graveur James Basire, pour qui il dessine des tombeaux de l'Abbaye de Westminster et autres édifices, qui accentueront probablement son goût des thèmes religieux et mélancoliques ainsi que son engouement pour la poésie de Milton et de Dante. C'est, en toute logique, par ces années d'apprentissage que commence l'exposition, nous permettant ainsi de nous familiariser avec l'univers de Blake en nous en expliquant brièvement mais précisément sa genèse.

On constate au fil du parcours que -presque- toutes ses oeuvres, poétiques ou graphiques, sont empreintes d'un certain mysticisme. Il faut alors rappeler que Blake est un artiste visionnaire, dans le sens où il a véritablement des visions, depuis l'enfance, que ses amis l'encouragent à exploiter. Son inspiration hallucinée donnera donc naissance à des oeuvres très symboliques, qu'on a véritablement envie de décoder, même si cela me semble impossible, tant l'univers de Blake est obscur, au sens propre comme au figuré.

Si Blake a foi en ses visions, il s'oppose fermement à la raison, qu'il représente dans certaines de ses oeuvres par le compas, outil servant à délimiter le monde, empêchant l'homme de voir au-delà. Comme ici, dans l'une de ses plus belles oeuvres, que j'ai trouvée extrêmement intimidante, malgré son petit format, par la beauté des couleurs utilisées qui semblent presque prendre feu

a_prophecy

L'Europe, Prophétie, L'Ancêtre des jours (1794)

Blake confirme son désir de croire en la suprématie de l'imagination à travers cette oeuvre de 1795 où il nous donne à voir le scientifique Newton, un compas entre les mains

newton_blake

Si Blake est un artiste inspiré, il est également un homme curieux, qui cherche à faire évoluer son oeuvre. Aussi, il expérimente plusieurs techniques, dont une nouvelle méthode d'eau-forte en relief appelée "impression enluminée", qui, selon lui, lui aurait été dictée en rêve par son frère décédé. L'artiste se servira alors de cette technique dès 1788, pour imprimer ses livres, qui seront malheureusement un échec éditorial.

Aussi Blake laisse de côté ses livres enluminés et décide de poursuivre ses expérimentations en créant douze grandes estampes colorées selon une nouvelle technique de son invention, proche du monotype, qu'il nomme "fresque portative". Il réalise également des oeuvres inspirées de la Divine Comédie de Dante et de la Bible, absolument fascinantes, pour peu qu'on s'intéresse à la religion mais également superbes d'un point de vue purement esthétique.

C'est, d'après moi, la partie la plus intéressante de l'exposition, qui nous permet de voir des oeuvres de grande taille, époustouflantes et très inspirantes comme cette Hécate

HecateWilliamBlake

Cette exposition, organisée en collaboration avec le Musée de la vie romantique, est une chance unique de voir réunies autant d'oeuvres de Blake puisque c'est la première fois qu'une retrospective consacrée à cet artiste est proposée en France. Par ailleurs, elle permet de découvrir un artiste passionnant et passionné, un génie inspiré, dans la veine d'Arthur Rimbaud.

J'ai trouvé le parcours de l'exposition très clair, il nous donne suffisamment d'informations pour cerner (tant que faire se peut) l'oeuvre de cet artiste au talent dément. J'ai beaucoup apprécié la biographie distribuée à l'entrée, rappelant les grandes dates importantes du parcours de Blake, mais je regrette qu'une véritable biographie, plus détaillée, ne nous accueille pas en début de parcours. J'ai également trouvé judicieuse la dernière étape de l'exposition qui nous montre certaines oeuvres modernes inspirées par Blake et tenant sur divers supports : un extrait du film Dead Man de Jim Jarmush, mettant en scène un personnage (Johnny Depp) nommé William Blake, une oeuvre de Cortot, un album de Pattie Smith qui a repris certains poèmes de Blake ainsi qu'une oeuvre de Francis Bacon After the life mask of William Blake

bacon_blake

Bien qu'un peu bâclée, un peu cheap, j'ai trouvé l'idée d'une telle ouverture assez intéressante, c'est une belle manière de refermer l'exposition en montrant qu'un artiste esseulé durant sa vie (Blake fut soutenu par un seul mécène) inspire encore aujourd'hui d'autres artistes, venant de milieux artistiques différents.

C'est où ? Au Petit Palais, M° Champs-Elysées-Clémenceau

C'est quand ? Jusqu'au 28 juin 2009, du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 20h

C'est combien ? 8/ 6/ 4 euros (4 euros pour les moins de 26 ans... faut pas s'en priver !)

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Commentaires
E
Pour 4 euros, il ne faut vraiment pas hésiter, et très franchement, même les 8 euros du plein tarif sont mérités quand on voit que certaines expos se permettent d'afficher des prix hallucinants comparé à ce qu'elles nous donnent à voir...<br /> Si tu connais déjà un peu l'oeuvre de Blake, tu vas encore plus apprécier de voir ses oeuvres "en vrai". Certaines sont vraiment superbes.
B
J'ai un peu étudié Blake en prépa, ma prof d'anglais en était folle (était un peu folle tout court, aussi, d'ailleurs !) et j'avoue que cette expo m'a intriguée dès que j'ai vu ses affiches un peu partout dans Paris... Pour 4€, je ne m'en priverai pas !
Vilaine Fifi
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