Le Montespan, de Jean Teulé
Tout le monde connaît ce nom de "Montespan", mais plus précisément, nous connaissons Madame de Montespan, la favorite de Louis XIV (qui se l'est fait souffler par Madame de Maintenon, la gouvernante de ses enfants... la salope !) Et il faut dire qu'on ne pense jamais que ces bonnes dames "les favorites" étaient vraisembablement, avant d'être les maîtresses des rois, les femmes de pauvres bougres cocufiés.
Jean Teulé, touche-à-tout de son état, s'est alors donné comme mission de nous faire mieux connaître l'un de ces maris abandonnés, le Marquis de Montespan.
Nous voilà donc embarqués dans un récit historique, qui allie toutes les qualités d'un excellent roman, à la présicion d'une biographie.
On découvre un personnage vraiment haut en couleurs en la personne du Montespan, mais on lit surtout une superbe histoire d'amour. En effet, le mariage de Françoise de Rochechouart de Mortemart et de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, n'est pas une union de raison, d'argent, mais bel et bien le résultat d'un véritable coup de foudre. Françoise, future marquise de Montespan, est une femme délicieuse, divine aux yeux du jeune Louis-Henri qui est en admiration devant elle et prêt à tout pour la rendre heureuse.
Heureux, ils le sont tous les deux, dans leur modeste demeure, pas vraiment luxueuse mais ô combien chaleureuse. Un vrai nid d'amour pour ces tourtereaux qui passent le plus clair de leur temps à s'envoyer en l'air, devant leur bonne, outrée par leur comportement. Mais le marquis de Montespan sent bien que sa belle ne pourra pas éternellement vivre d'amour et d'eau fraîche, il souhaite alors se faire remarquer par Louis XIV pour ses faits de guerre, malheureusement, chacune de ses tentatives se solde par un échec et endette le couple qui se trouve au bord de la faillite.
C'est alors qu'on propose à Françoise, qui a demandé à se faire appeler Athénaïs, de devenir une des "dames" de la Reine, celle-ci préférant avoir à ses côtés des femmes mariées, pensant ainsi tenir le Roi éloigné de leurs jupons. Mais comme nous le savons tous, Louis XIV va succomber au charme de la nouvelle recrue qui se montre aussi drôle et loquace qu'elle est belle et bien faite.
Jean Teulé s'intéresse alors à la réaction du marquis de Montespan, qui méritait bien un livre le mettant à l'honneur ! Pas un jour ne passera sans qu'il n'essaye de reconquérir sa femme. C'est à la fois beau et tellement pathétique qu'on éprouve beaucoup de peine pour lui, tandis que sa femme s'en contre-fiche.
Ce récit est également l'occasion de (re)découvrir les moeurs d'une époque où l'hygiène ne semblait pas être d'une importance capitale ! On est bien loin de La Princesse de Clèves où tout le monde est beau et sent les fleurs des champs, loin aussi du Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Ici, les gens utilisent du beurre pour combler les crevasses de leurs chicots pourris, soignent leurs caries avec du miel et on sait que le Roi lui-même ne passait pas souvent par la salle de bains.
Teulé multiplie les anecdotes, tellement savoureuses et croustillantes qu'elles semblent sortir tout droit de son imagination d'écrivain, or, tout ce qu'il écrit est avéré, ce qui rend son livre encore plus captivant. C'est donc un ouvrage que je vous recommande chaudement. Ceux qui ne sont pas férus d'Histoire se délecteront des péripéties du marquis et les autres en prendront plein les mirettes !
J'ai trouvé le personnage du Montespan tellement atypique, passionnant et complexe que je l'ai tout de suite imaginé au coeur d'un long-métrage. Et bien, au fil de mes pérégrinations sur AlloCiné, j'ai découvert qu'un film, réalisé par Antoine De Caunes, était en cours de tournage, avec Daniel Auteuil dans le rôle principal ! J'ai hâte !