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Vilaine Fifi
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10 novembre 2010

Les films du mois de novembre, partie II

Bonjour, bonjour mes saltimbamques !

Alors que j'avais prévu une bonne grosse semaine de ciné, le temps tout pourri de ces derniers jours m'a encouragée à rester à la maison à dévorer des livres plutôt qu'à mettre le nez dehors. Je suis un peu déçue de ne pas avoir pu voir Le Dernier voyage de Tanya car c'est typiquement le genre de film qui risque de sauter de la programmation dès cette semaine mais j'ai tout de même pu voir quatre très bons films qui ne m'ont pas fait regretter d'avoir affronté la pluie, la neige, la tempête et les tornades (oui, bon, j'en rajoute toujours un peu ;)).

buriedBuried, de Rodrigo Cortés

C'est quoi ? Enlevé en Irak et enfermé dans un cercueil, Paul dispose de 90 minutes pour convaincre qui il peut de verser une rançon à ses ravisseurs, grâce au téléphone portable mis à sa disposition.

Et alors ? En dépit de quelques incohérences (j'avoue que j'ai trouvé très très fort que le téléphone de Paul capte à six pieds sous terre alors que je peine à envoyer un simple sms depuis ma chambre en plein coeur de Paris...), Buried m'a fait passer un excellent moment. Un seul acteur, un cercueil pour seul décor, une mise en scène plus que limitée et pourtant, l'action et le suspense sont là. Totalement anxiogène, Buried m'a bluffée par son minimalisme qui n'empêche en aucun cas la tension de monter. En effet, depuis son cercueil, Paul va connaître tous les sentiments possibles, de l'espoir à la peur, en passant par la résignation et l'exaspération, et amener le spectateur à le soutenir dans son cauchemar. Au fil du film, on en apprend davantage sur ce personnage qui se révèle très attachant, un homme simple et aimant, auquel on parvient sans peine à s'identifier, en croisant très fort les doigts pour ne jamais se retrouver dans une situation similaire.

des_fillesDes filles en noir, de Jean-Paul Civeyrac

C'est quoi ? Au cours d'un exposé sur Kleist, Noémie et Priscilla annoncent, par pure crânerie, devant leur classe et professeur, leur intention de mettre fin à leurs jours.

Et alors ? En s'attaquant à un sujet aussi sensible que celui du suicide adolescent, Jean-Paul Civeyrac prenait un grand rique, celui de tomber dans la considération socio-psychologisante de comptoir. Avec délicatesse et intelligence, il parvient à détourner tous les pièges qui auraient pu l'amener sur cette voie et nous offre un film d'une grande justesse, rempli d'émotion et d'une grande beauté esthétique. Les deux amies, Noémie et Priscilla, interprétées par des actrices amateures sublimes, sont comme les deux faces d'une même pièce. Elles partagent la même révolte contre une société qui ne laisse aucune place au rêve et à la liberté, elles sont rongées par une envie dévorante d'absolu et sont déçues par la médiocrité qui les entourent. En somme, et de manière paradoxale, c'est un désir de vivre trop fort et trop intense qui les amène à penser à la mort (on pense alors à Schopenhauer qui écrivait : "le suicide est une très forte affirmation du vouloir-vivre"). Coincées dans une petite ville où la seule distraction envisageable est le café du coin, déjà blasées par des relations amoureuses décevantes, elles ont conscience qu'il faudrait un miracle pour que leur vie prenne un autre chemin que celui de la routine déprimante dans laquelle sont enfermés les adultes qui les entourent. Il est assez destabilisant et bouleversant de constater que l'un des rares moments du film où on les sent animées par une petite flamme est celui où elles se mettent en quête de la mort parfaite, rapide et douce. Néanmoins, si Noémie et Priscilla partagent ce besoin de se donner la mort pour enfin se sentir maîtresses de leur destin, elles demeurent suffisamment différentes l'une de l'autre pour être parfaitement complémentaires. Noémie, le regard toujours baissé, intériorise son mal-être et ne pleure jamais tandis que Priscilla apparaît plus animale, plus nerveuse, réellement marquée par la vie malgré son jeune âge. Ce qui est très intéressant est de constater qu'elles ne sont pas pour autant deux ados totalement abandonnées, deux clichés ambulants qui auraient leur place dans Confessions Intimes. Les deux jeunes filles sont très entourées, Noémie par une mère célibataire concernée, Priscilla par une grande soeur et un beau-frère qui tiennent manifestement beaucoup à elle. Aussi, Des filles en noir est un film qui ne peut que nous toucher sans jamais agacer par des raisonnements trop simplistes, et qui illustre parfaitement la pensée néantiste. Toutefois, je demeure sceptique face à la démarche du réalisateur qui clame sur tous les toits qu'il n'a pas voulu rattacher ses personnages au mouvement gothique. Certes, Noémie et Priscilla n'appartiennent pas à un groupe défini, elles ne trainent pas avec une bande qui définirait clairement leur appartenance à un certain milieu. Cependant, le fait qu'elles adoptent toutes deux les mêmes vêtements noirs -signe distinctif mis en lumière dès le titre-, et qu'elles se tiennent à l'écart des autres lycéens "classiques", fait déjà d'elles un groupe. Je trouve cela assez dommage car même si le message véhiculé par le film est bien plus subtile que ceux dont les reportages M6 veulent nous farcir la tête, il est naïf de penser qu'un rapprochement entre milieu gothique et suicide ne va pas germer dans la tête de la majorité des spectateurs, dont la capacité de réflexion a déjà été bien abimée par un visionnage trop intensif de merdes télévisuelles. Pour finir sur une note plus positive, et vous convaincre définitivement de voir ce film, je dois ajouter que s'il sait être très profond, il est également très beau visuellement, baigné par des teintes crépusculaires qui ajoutent au tragique de l'histoire et nous ramènent inévitablement vers l'univers de Kleist.

princesseLa Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier

C'est quoi ? Amours, passions et tourments, au temps des guerres de religion, des mariages arrangés et des belles robes de princesse (^^).

Et alors ? Très attendu, La Princesse de Montpensier ne m'a pas déçue. Les décors sont somptueux, la nature omniprésente, les châteaux s'élevent dans les cieux, majestueux et imposants, les costumes sont à tomber, le casting est idéal, ... On en prend plein les yeux, heureux de pouvoir profiter de cette sublime invention qu'est le cinéma. Par ailleurs, le personnage de Marie de Mézières, confié fort justement à la belle Mélanie Thierry, est une femme dont on suit l'évolution avec passion. Amoureuse depuis son plus jeune âge du Duc de Guise, elle se résigne à épouser le Prince de Montpensier pour l'intérêt de sa famille. Comme la plupart des jeunes femmes riches de son temps, elle est donc obéissante mais en aucun cas résignée. Bien au contraire, avec l'apparition de Comte de Chabannes, précepteur chargé de parfaire son éducation, on la découvre curieuse de tout, désireuse d'apprendre et d'être autre chose qu'une jolie jeune femme bien née. Coquette sans pour autant faire étalage de sa grande beauté, elle tient son rôle d'épouse et de fille avec loyauté sans fermer son coeur à double-tour. Sa passion pour Guise l'anime encore et toujours, et en fait une femme incroyablement touchante, qui nous enchante à chacun de ses sourires. Un très beau film, superbement réalisé, qui souffre néanmoins de quelques longueurs. A voir sur grand écran pour profiter au mieux des magnifiques vues qu'il nous offre.

fair_gameFair Game, de Doug Liman

C'est quoi ? L'histoire vraie de Valerie Plame, agent de la CIA, et son époux, l'ex-ambassadeur Joseph Wilson, impliqués dans une enquête sur l'existence éventuelle d'armes de destruction massive en Irak.

Et alors ? On ne peut pas s'intéresser et se sentir concerné par tout ce qui nous entoure et je dois vous avouer, quitte à vous faire hurler, que tout ce qui touche de près ou de loin à la guerre en Irak (à la géo-polique en général d'ailleurs) ne me passionne pas outre mesure. Sans son duo d'acteurs, Sean Penn et Naomi Watts dont je suis les carrières avec admiration, Fair Game n'est donc pas un film vers lequel je me serai précipitée. Et j'aurais eu tort car, en plus de m'être rincé l'oeil devant le très très TRES séduisant Sean, j'ai eu le plaisir de voir un film très prenant et fort intéressant (même à mes yeux d'inculte, c'est dire). Il est en effet passionnant de découvrir la mécanique infernale dans laquelle est pris le couple et d'assister à leur combat commun qu'ils mènent chacun à leur façon. Je n'ai pas vu les presque deux heures passer et je suis ressortie de la salle moins ignorante qu'en y pénétrant. Tout bénéf' donc ;)

Nouvelle semaine, nouveau programme avec un film que j'attends de pieds fermes, Potiche ! Youhou Catherine Deneuve ! Youhou François Ozon, j'arriiiiiive !!

Se trouvent également sur ma courte liste Welcome To the Rileys, qui fleure bon le film indé de qualité, Saw 3D que je ne peux absolument pas manquer en tant que grande fan de la saga (et oui, chacun ses p'tits défauts ^^) et Le Braqueur.

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Commentaires
M
Merci pour ton avis sur "Potiche"... c'est un peu ce que je craignais.. enfin j'irai peut-être le voir tout de même (si j'avais pas la carte UBC j'irais pas).<br /> <br /> Vu aujourd'hui "La princesse de Montpensier" : j'ai adoré !!! je suis sous le charme de tout et de tous... si je peux me permettre, mon choix personnel (rapport à ton dialogue avec Ori) me pousse vers Chabannes, Lambert Wilson est des plus séduisants et son jeu m'a profondément touchée, et j'ai toujours eu un faible pour les amoureux sans retour souffrant en silence... donc on ne se battra pas ! Anjou arrive tout de même en second (j'ai repéré R. Personnaz depuis les "Invités de mon père", et j'ai un oeil sur lui depuis.... il pourrait faire une belle carrière).
E
Merci ma Magali :))))<br /> Comme toujours, c'est le genre de petite phrase toute gentille qui me fait super plaisir !<br /> Punaise ! Tu as un sacré vidéo-club pour qu'il propose des films comme "La Danse", je t'envie (le mien -qui n'était pas trop mal- vient de fermer... snif).<br /> J'ai vu hier soir un petit reportage sur l'Opéra de Paris et il m'a donné très envie de revoir ce film justement. Et voilà que tu m'en reparle aujourd'hui. C'est un signe !<br /> Je suis certaine que tu vas apprécier, c'est un documentaire très complet (mais un peu élitiste d'après mes souvenirs).<br /> Gros bisous ma belle :)
E
Au final, la BA de "Potiche" est bien plus euphorisante que le film qui se traine vraiment en longueur (d'après moi).<br /> Oh oui ! Tu dois voir "Buried" et "La Princesse de Montpensier" !<br /> Gros bisous ma Popo :))
E
Je viens de voir "Potiche" et j'en ressors un peu déçue. L'ambiance de l'époque (costumes et décors à l'appui) est géniale et son côté kitschouille est vraiment appréciable, le ton du film est très sympathique ainsi que le personnage de Madame Pujol qui prend en main l'entreprise familiale tout en rappelant à sa fille que la pilule et l'avortement existent (forcément, ça m'a interpellée ^^), mais il manque -à mes yeux- un petit quelque chose et j'ai fini par cruellement m'ennuyer...<br /> Te voilà prévenue ma douce ! Je t'encourage néanmoins à le voir, Ozon-philie oblige, mais ne fais pas comme moi : ne n'en attends pas trop pour être certaine d'être comblée ;)<br /> Etant donné la météo, "Des filles en noir" fera un parfait film ton sur ton^!<br /> Plein de très gros bisous ma Livy adorée :))
E
Je constate au fil des semaines et critiques, qu'elles soient filmesques ou livresques, que nous partageons une admiration certaine pour les bad boys ma petite Ori !!<br /> Comme tu peux t'en douter, j'ai carrément craqué pour le Duc d'Anjou aussi ! Mais comme je me réserve déjà Sean Penn, je te laisse le Duc et je me rabats sur Guise. Vois comme je suis amicale ;)
Vilaine Fifi
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