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Vilaine Fifi
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5 février 2012

Love. Hate. Action. Violence. Death. In one word... Emotion.

"Les lectures c'est extraordinaire. Finalement, je crois que ce qu'il y a de plus extraordinaire à filmer, ce sont les gens qui lisent. Pourquoi aucun cinéaste ne le fait-il ? Filmer quelqu'un en train de lire, ce serait déjà beaucoup plus intéressant que la majorité des films qui se font. Pourquoi le cinéma ne serait-ce pas simplement filmer des gens en train de lire de beaux livres ?".    

Jean-Luc GODARD, 1967.


Des lignes qui m'accompagnent depuis quelques semaines, fragment de pensée godardienne qui résume si bien ce qui me séduit dans l'univers du cinéaste, vaste sphère en mouvement que je suis loin d'avoir explorée : c'est à peine si j'en ai franchi le seuil. Et je m'en réjouis, tout comme je me réjouis de n'avoir pas encore vu Benjamin Biolay sur scène, de n'avoir pas lu toutes les oeuvres de Joyce Carol Oates (dont je ne connais même pas tous les titres), de n'avoir pas encore serré la main de David Lynch. Les films de Godard auront été ma plus belle découverte de l'année, la plus sentimentale et la plus enrichissante ; quel supplice serait d'en apercevoir déjà la fin alors que chaque rencontre avec ses personnages est une nouvelle réjouissance.

J'ai choisi cette vidéo, une de celles publiées par Blow Up le site cinéma d'Arte, hommage tendre, drôle et intelligent à Pierrot le fou, film tendre, drôle et intelligent, mais pas seulement.

L'art, la littérature, la poésie sont au coeur de cette oeuvre qui se nourrit d'autres, leur rend hommage, les sublime tout en y puisant force et émotion. 

Pierrot le fou, le plus romantique des poèmes en images composé sous les auspices d'Arthur Rimbaud à qui Godard emprunte quelques vers. Une citation finale, un travelling latéral, la lumière diffuse du soleil qui réchauffera le coeur des amants pour l'éternité. Un poème en couleurs auquel il est difficile de ne pas associer le sonnet Voyelles. Ces couleurs primaires, essentielles, chères à Godard, repères pour son spectateur qui retrouve, dès le générique, ses marques, un monde familier où il sait qu'il se sentira bien.

Un film tableau. Nicolas de Staël, Marianne Renoir. Vélasquez. Et Ferdinand qui lit dans son bain mais sans chapeau, c'est qu'il n'a pas dû voir Some Came Running.

La musique aussi, les chansons de Serge Rezvani, Fraise-Vanille, que l'on peut fredonner toute la journée.

Les mots, lus et écrits par Ferdinand, une clope glissée derrière l'oreille et un crayon noir coincé entre deux doigts, ou est-ce l'inverse ? Pierrot, mon plus beau héros romantique et chevaleresque.

Une autre vidéo publiée par la même équipe illustre bien mieux que je ne pourrais jamais le faire la richesse des films de Godard, odes à la littérature, qui répondent à ses propres souhaits. C'est une vidéo dont je ne me lasse pas, qui dit et montre ce qu'il faut voir et savoir ; elle se trouve ici, sur un site jaune soleil, bleu vacances, rouge passion. Pourquoi aucun cinéaste ne le fait-il, filmer des gens en train de lire ? Parce qu'aucun cinéaste ne pourrait le faire comme vous, Monsieur Godard.

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Commentaires
E
C'est tout et c'est déjà pas mal ma chère Emily !<br /> <br /> <br /> <br /> Chez moi aussi, on accumule les achats godardiens en vue de multiples (re)plongées dans son univers et c'est un vrai bonheur.<br /> <br /> J'ai pu voir "Alphaville" au cinéma le mois dernier, un bijou de romantisme et de poésie dans un noir et blanc sublime (non pas bougrement esthétisant mais bigrement esthétique). Et les derniers DVD arrivés sont "Le Petit soldat", "Les carabiniers", Made in USA" et "Détective".<br /> <br /> <br /> <br /> De quoi en reparler prochainement j'espère :)<br /> <br /> <br /> <br /> Je te souhaite un plaisir infini devant "Pierrot le Fou" et ceux qui suivront.<br /> <br /> <br /> <br /> PS : je suis ravie de te revoir par ici. Pour ma part, j'ai suivi silencieusement tes dernières aventures et je jalouse ton aubaine immobilière, sache-le ;)
E
La seule question que je me pose, c'est pourquoi mon gestionnaire de flux a boudé ton blog ces temps-ci? Le bougre ne m'a même pas prévenu des nouvelles publications !<br /> <br /> J'ai lu ce billet qui date un peu avec énormément de plaisir, car, coïncidence, je suis justement en train de me (re)constituer une filmographie de Godard et me (re)plonger dans son univers. "Pierrot le fou" est le prochain sur la liste. <br /> <br /> Oui, c'est tout.
E
J'aime beaucoup ce que tu as écrit à propos des mots et des images ; je trouve l'idée passionnante.<br /> <br /> Il est vrai qu'on ne peut pas dire avec des mots ce que des images permettent de montrer, le cinéma étant un langage, chaque film dérivant d'une grammaticalité qui lui est propre. Même si certains trouvent un intérêt à comparer enchaînement des plans et structure sémantique (Metz vs Mitry, qui a remporté le match ?)<br /> <br /> <br /> <br /> Je te le demande : pourquoi se faire ch*** à enseigner des règles de grammaire alors qu'on pourrait regarder des films ?<br /> <br /> <br /> <br /> Blague à part.<br /> <br /> J'ai, rien que pour toi, en réserve, une réflexion signée Deleuze qui ne manquera pas de t'occuper les méninges quelques temps, je le sais :<br /> <br /> "Le cinéma est un langage mais un langage analogique ou de modulation. La signification filmique est étrangère à la linguistique ou du moins à ses règles. Pas plus que le structuralisme de Hjemslev, la grammaire générative de Chomsky ou la sémantique de Greimas ne sauraient lui prêter leurs lois."<br /> <br /> C'est bien dommage car s'aventurer dans l'élaboration de l'arbre syntaxique de "Drive" serait sans aucun doute plus palpitant que le film même.<br /> <br /> <br /> <br /> JLG a, quant à lui, admirablement filmé les mots, irrémédiablement prononcés ou en train d'être formés. Comment ne pas aimer cet homme ?<br /> <br /> <br /> <br /> Faisons équipe, très cher Camarade X, en route pour la ville, la campagne, la montagne et les lacs -à défaut de mer- tout ça à la fois, allons écouter du rock à Rolle, traîner nos godasses du côté de chez Godard, manger de la tête de veau dans le Canton de Vaud et tout ce que tu voudras.
M
Ton émotion, lisible, est émouvante. Ton approche, personnelle, sensible de JLG est très séduisante, touchante et j’ai envie de répondre à ton paragraphe final que si la vidéo que tu cites (merci entre () « illustre bien mieux que (tu) ne pourrais le faire la richesse des films de Godard », c’est parce que cette vidéo utilise le langage du cinéma, qui a plus à montrer qu’à dire. Or l’ineffable dialecticien Godard dit avec des images ce qu’on montre difficilement avec l’écriture des mots. Encore qu’opposer les deux te semblera assez vain et tu auras raison. Godard ne filme-t-il pas Ferdinand en train d’écrire ? Pour en revenir à ta citation qui ouvre ton billet (filmer la lecture) sans craindre le paradoxe, on voit que Godard se plait à filmer l’écriture.<br /> <br /> Pour faire simple, l’important c’est d’aimer, aimer la mer, la campagne, la ville, le cinéma et montrer tout ça, ici par exemple, sur ce très joli blog. On y va, puisqu’on fait équipe désormais ? Ton camarade X.
Vilaine Fifi
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