Enquêtes en série

J'espère que vous êtes en forme ce matin les Chupa Pigs et surtout que vous avez un peu de temps devant vous car j'ai bien l'intention de vous assomer à grands coups de livres ^^

Il y a quelques jours, alors que je décédais d'ennui à ma table de travail, j'ai été prise d'une folle envie de lister. Lister quoi ? Et bien tous les livres lus ces derniers mois mais non chroniqués ici-même. Une fois la première page blanche entièrement noircie, j'ai pris peur et j'ai ordonné à main de s'arrêter sur-le-champ de griffonner tous ces titres qui semblaient se succéder sans fin. J'ai donc décidé, car cela me semble la seule solution raisonnable, de vous proposer aujourd'hui un article multi-critiques (concept) vous présentant quelques romans appartenant à des séries (pas série qui se regarde hein, bande de sérivoraces, série = plusieurs tomes, huhu ^^). Je ne détaillerai donc pas trop les intrigues afin de ne pas gâcher le plaisir des non-initiés mais je mettrai davantage l'accent sur mes impressions, bonnes ou mauvaises.

C'est parti !

Alors que j'avais adoré La Cité des jarres et La femme en vert, j'avais été déçue par La Voix mais de nouveau conquise par L'Homme du lac. Avec son cinquième roman, Arnaldur Indridason peut définitivement me compter parmi ses fans. J'ai retrouvé avec Hiver Arctique tout le plaisir éprouvé à la lecture de ses deux premiers romans.

On retrouve aux commandes de cette nouvelle enquête la bonne vieille équipe constituée du commissaire Erlendur, toujours aussi grognon, et de ses deux acolytes. Loin d'être lassée de cette petite routine, je trouve toujours aussi plaisant d'en découvrir toujours un peu plus sur ces personnages qui sont la véritable moëlle de ces enquêtes en terres islandaises.

Dans ce nouveau tome, les voici confrontés au meurtre d'un garçon d'une dizaine d'années, fils d'un Islandais et d'une Thaïlandaise, vivant avec sa mère (ses parents sont divorcés) et son grand frère, Thaïlandais pure souche et fier de l'être, né d'une première union. Ce meurtre plonge donc Erlendur et son équipe dans un profond désarroi. Tout d'abord, le meurtre d'un enfant est forcément plus délicat à gérer et à encaisser, mais lorsque la famille ne semble pas vouloir, ni pouvoir, coopérer, tout se complique. Alors que cette nouvelle affaire amène l'auteur à aborder ses thèmes de prédilection -en rapport avec la société islandaise- et à mettre le doigt sur des problèmes de taille : l'immigration et le racisme, il nous surprend en adoptant un nouveau rythme, moins "lent" mais pas moins prenant, au contraire. Il nous offre alors une intrigue qui commence très fort et connaît son lot de rebondissements avant de nous laisser sur un dénouement aussi simple que destabilisant.

Souvenez-vous, il y a quelques mois, je découvrais le premier tome de la saga policière suédoise signée Camilla Läckberg, La Princesse des glaces. J'avais tellement entendu parler de ses livres mais surtout de son héroïne, Erica Falck, que je m'attendais à vivre un très chouette moment de lecture. Finalement, j'avais été très déçue, d'une part par l'intrigue, simpliste et bien trop fastoche, d'autre part par le personnage principal, la fameuse Erica, sans grande envergure.

Mais comme je ne suis pas du genre à me laisser abattre pour si peu et que je suis plutôt obstinée et curieuse, j'ai emprunté les deux tomes suivants disponibles à la bibliothèque et... je les ai tous deux dévorés en quelques jours, sans pouvoir m'arrêter, trop heureuse d'avoir enfin obtenu mon grand moment de lecture-qui-fait-peur !

Car oui, les amis, les deux enquêtes que nous proposent Le Prédicateur et Le Tailleur de pierre sont aussi efficaces que glauques, addictives et angoissantes.

Très bien construites (elles suivent toutes deux un schéma similaire), elles alternent entre deux époques : le temps de l'enquête et un temps reculé, nous laissant alors apercevoir et découvrir des personnages que l'on imaginent liés, d'une manière ou d'une autre, aux meurtres que tentent d'élucider Patrik Hedestrom et son équipe, moitié compétente moitié bras cassés.

Mettant au coeur de ces deux nouvelles intrigues les relations familiales, Camilla Lackberg nous invite à  grimper aux arbres généalogiques de lignées de tordus finis (si, si, les personnages sont vraiment attaqués ^^), nous laissant petit à petit découvrir les horribles cadavres que chacun cache dans son placard.

J'ai alors été plus qu'emballée, transportée et surprise par ces deux tomes, bien meilleurs que le premier à mes yeux, et surtout bien plus fouillés et sérieux. La quasi-absence d'Erica y est évidemment pour beaucoup. En effet, l'enquêtrice improvisée du premier roman a raccroché sa panoplie de Sherlock Holmes en toc au profit d'une tenue plus décontract' de desperate housewife. Et oui, Erica et Patrik ont décidé de se reproduire, ce qui donne lieu à quelques passages plutôt rigolos, où l'on prend enfin plaisir à cotoyer Erica, qui jongle entre sa grossesse, la chaleur et les parasites qui s'incrustent chez elle pour les vacances, puis son bébé et sa belle-mère quelque peu envahissante et donneuse de leçons. Ces passages apparaissent alors comme des petits breaks bien mérités au cours d'enquêtes très éprouvantes, pour Patrik et son équipe, mais aussi pour le lecteur qui ne peut les terminer sans un pincement au coeur et une drôle de sensation de malaise face à toute cette haine et cette cruauté.

Je vous ai tellement bassiné avec les deux premiers tomes de cette série signée Gyles Brandreth (chroniqués ici et là) que je suis certaine que vous vous souvenez de mon engouement. Et pour cause, comment résister lorsque c'est Monsieur Oscar Wilde, dandy de première catégorie, qui mène l'enquête, épaulé par son biographe et ami, Robert Sherard (lui-même arrière-petit-fils de Wordsworth) et Sir Arthur Conan Doyle, en personne.

Adepte de la plume délicate et pleine d'ironie de Brandreth (qui aurait, j'en suis certaine, beaucoup plu à Wilde), j'étais assurée de passer un autre excellent moment en lisant ce roman. D'autant plus que, pour ce troisième voyage en compagnie du plus hédoniste des Irlandais, l'auteur nous propose un flash-back nous permettant de découvrir un tout jeune Wilde, nouvellement célèbre et adulé, débarquant à Paris pour se frotter de très près au monde impitoyable du théâtre. J'ai trouvé cette idée de remonter dans le temps très intéressante car, en plus de rompre avec une certaine routine, elle nous permet de connaître un peu mieux Oscar, encore jeune et frais. Par ailleurs, j'étais ravie que l'intrigue se déroule dans les bas-fonds parisiens, à la fin du XIX° siècle et nous invite à faire connaissance avec des personnages hauts en couleur, comme Sarah Bernhardt.

Mais, malheureusement, les points positifs s'arrêtent ici car, en dépit d'un univers tout à la fois baroque, décadent et malsain qui me plaît énormément (étant moi-même baroque, décadente et malsaine ^^), je n'ai pas du tout accroché à l'intrigue, encore moins aux personnages que j'ai trouvé inintéressants et antipathiques. Même Oscar m'a cruellement agacée, c'est dire ! Prétentieux, plus narcissique que jamais, il apparaît souvent odieux et frôle l'insupportable.

Un petit couac au milieu d'une série dont j'attends, malgré tout, le quatrième tome de pieds fermes ! (ba oui, Oscar, même si t'es un peu connardos, je t'aime :))))

Comme tout le monde, il m'arrive d'être déçue par un roman policier : les personnages ne me plaisent pas, l'intrigue est trop banale, les réponses aux questions trop évidentes. En revanche, après mûre réflexion, je ne pense pas avoir été un jour déçue par la littérature de jeunesse, toujours fine, intelligente, avec une pointe d'humour.

Le Cueilleur de fraises inaugure donc une nouvelle ère : celle du roman de jeunesse décevant et ennuyeux.

Dans ce premier tome d'une série que je ne poursuivrais probablement pas, tout nous est dévoilé dès la quatrième de couverture, sans parler du titre, plus qu'explicite.

On nous annonce une intrigue en trois temps : la mort de Caro, amie de Jette/ l'annonce publique du désir de vengeance de Jette/ la relation entre Jette et le probable tueur de Caro. Et, en effet, l'histoire se déroule en trois temps, suivant exactement le schéma annoncé, nous offrant alors aucune surprise. Bien sûr, même si l'intrigue policière tombe carrément à l'eau, il reste tout le côté psychologique qui peut être apprécié. L'auteure prend son temps pour présenter les personnages, leur caractère, leurs sentiments, leur face cachée. On peut alors s'attacher à eux. Ou pas ! Pour ma part, je les ai trouvés creux au possible, caricaturaux et superficiels. Par ailleurs, je n'ai pas particulièrement aimé la narration polyphonique dont l'auteure fait un piètre usage : le changement perpétuel de narrateur est vain en plus d'être désagréable, ne laissant pas la parole suffisamment longtemps à chacun d'eux, retardant sans arrêt la progression de l'histoire. Pour mieux nous cacher ses faiblesses sans doute.

Voilà pour aujourd'hui mes Pigs de bibliothèque ! Mais vu le tas de livres dont je dois encore vous parler, attendez-vous à un article hautement littératurien très bientôt ;)

Comments

[Emma]

Après une journée de folie, je suis un peu crevette pour répondre à vos messages un par un mais je voulais vous dire que j'ai été super contente de les trouver ce soir !
J'avais peur que tous ces livres d'un seul coup vous gonflent un peu alors je suis vraiment très contente d'avoir des retours aussi positifs ! Merci les poupées :)))
Je vous donnerai plein d'autres idées livreques au plus vite, promis ;)
De gros bisous mes Pigounettes ;)

[flo]

Un petit tour sur ton blog et je repars avec pleins de nouvelles references livresques !!

[Ori]

Oh moi j'ai beaucoup aimé Le cueilleur de fraises.
Par contre, fan tout comme toi d'Erlendur, je suis en train de lire Hypothermie!

[Poleen]

Oh que j'aime tes articles livresques ! ^^ Tu ne te moques pas de nous !
Bien conquise par "La Cité des Jarres", je suis certaine qu'Indriason va vite compter une fan de plus avec moi !
Les Camilla Läckberg m'attendent sagement dans ma bibliothèque, mais tes avis plutôt positifs me donnent envie de m'y plonger immédiatement !
Pour "Oscar Wilde", je pense que je t'en emprunterai un plus tard, pour un nouveau Challenge qui sait ? Car la description que tu en fais ne peut que donner envie de découvrir !!
Finalement, moi qui lit peu de littérature jeunesse (sauf celle conseillée par toi et Féelodie), je passe mon tour sur "Le Cueilleur de Fraises" alors !
Gros bisous ma puce ! Prépare-nous vite un autre article lecture !!

[Magali]

Merci pour ce billet lecture, il tombe à pic car hier j'ai découvert "Voices" à la bibliothèque. Je ne l'ai pas pris parce que j'ai encore plein d'autres livres à lire à la maison, mais du coup j'ai bien noté de commencer par les autres romans de Arnaldur Indridason ;o) J'aimerais aussi lire la série de Camilla Läckberg, donc c'est bien de savoir que le premier tome n'est pas le meilleur! Bonne journée, bisous Emma!